lundi 6 mai 2013

Brésil, Belo Monte, un combat pour l'honneur.

ttp://www.rfi.fr/ameriques/20130504-bresil-chantier-barrage-belo-monte-occupe-indiens-presse-expulsee
Le 4 mai Radio France internationale annonce l'expulsion « manu militari » de tous les journalistes présents sur la zone de construction du l'usine hydroélectrique de Belo Monte, à 900 km au sud-est de Bélem au Brésil. Un nouvel incident vient d'éclater avec les Indiens d'Amazonie qui depuis des années se battent sur leur survie, On peut craindre le pire en l'absence de témoin. Ce face-à-face des massues et des flèches contre une puissance industrielle et financière colossale ma interpelé, il y avait là une grandeur épique, c'est un peu, à une autre échelle évidemment, l'histoire du film Avatar. Leur seule force était la puissance de l'image et du témoignage, l'expulsion des journalistes les laisse désarmés, c'est pour cela que j'ai décidé de collecter et traduire au jour le jour des articles sur leur ultime combat.


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Jeudi 2 mai 2013, 12H14 :
Des Indiens envahissent le chantier de construction du barrage hydroélectrique de Belo Monte dans l'État de para au Brésil.
Ils sont environ 150, hommes, femmes et enfants,  provenant de plusieurs Ethnies : des Xikrin, des Xipaia, des Munduruku, des Araras . Arrivé à bord de quatre bus, armés de flèches et de Bordunas (sorte de massue, arme de guerre traditionnelle), Ils ont investi le chantier dans la matinée de ce jeudi. Une partie des manifestants a pénétré dans l'enceinte du chantier alors que le reste demeurait à l'entrée pour empêcher la circulation des personnes. Selon le porte-parole du consortium constructeur de Belo Monte ( CCMM) , On ne sait pas encore si les indiens ont provoqué des dommages. Pour l'instant il ne semble pas que cette occupation ai perturbée les activités habituelles étant donné qu'elle s'est produite un jour de paiement des travailleurs ; il y avait peu d'activité sur le chantier et la majorité du personnel était concentré dans les zones administratives. Si l'on en croit la société Norte Energia, responsable de l'entreprise, ces indiens sont venus de la région du Rio Tapajos. On ne connaîtrait pas pour l'instant le détail précis de leurs revendications.
La mission du conseil indigène ( CIMI) organe de défense des droits des amérindiens a diffusé une lettre ouverte dont voici quelques extraits :
« Vous ( Les constructeurs du barrage) pointez des armes sur nos têtes. Vous installez chez nous des camions chargés de soldats, vous faites disparaître le poisson, vous volez les ossements de nos ancêtres ont enterré sur la terre »
L'usine hydroélectrique de Belo Monte est en construction sur le Rio Xingu, au sud-ouest de l'état du Para. les écologistes et le ministère public fédéral se sont opposés, au moins au début, à cet entreprise, pensant qu'elle pourrait avoir des conséquences irréversibles sur l'écosystème de la région et bien évidemment des conséquences graves pour les communautés traditionnelles qui vivent dans cette zone
Vendredi 3 mai , 22H 07
6000 ouvriers ont dû cesser le travail. Ce vendredi, la police militaire a remis un document à la police fédérale lui donnant l'ordre d'expulser les Indiens du chantier, c'est le face à face....
Les indiens du Rio Xingu, Tapajos et Teles Pires, dont les réserves seront partiellement inondées lors de la mise en eau du barrage, demandent la suspension des travaux. Ils exigent que soient mieux réglementé la consultation prévue des peuples indigènes. Ils exigent également que les troupes militaires installées sur leurs terres se retirent. Ils déclarent que cette occupation durera le temps qu'il faut pour que le gouvernement fédéral accepte leurs revendications.
Cette centrale hydroélectrique devrait avoir de gros retentissement sur la vie de plus de 25 000 personnes vivant en zone inondable lors de la mise en eau. Le ministère public fédéral a demandé il y a un an à l'institut de technologie de l'université fédérale du Para une étude à ce sujet. Celle-ci a démontré que outre l'impact environnemental 25000 personnes soit 9000 familles de plus que prévu seraient concernés. Cette augmentation du montant des indemnisations va faire monter le coût de l'investissement prévu. Pout le ministère public fédéral, Belo Monte est actuellement la construction la plus chère en cours de réalisation au Brésil : 30 milliards de Rais soit presque 12 milliards d'euros.

Pour en savoir plus: 

Lundi 6 mai 2013 11H21

Le vendredi mai, , Avelino Ganzer, représentant le secrétariat national de la présidence de la république, était déjà sur le site pour dialoguer avec les responsables indigènes. les caciques on refusé de négocier, disant qu'ils voulaient présenter leurs revendications uniquement à des personnes possédant un pouvoir de décision. Ils exigent de pouvoir parler directement au ministre de la chambre civile : Gilberto Carvalho.

 Le chômage technique pour 6000 travailleurs se prolonge.
La Norte Energia ainsi que le consortium constructeur (CCBM) ont de nouveau demandé ce lundi 6 mai une ordonnance de référé permettant l'intervention des forces de l'ordre pour reprendre possession des lieux. Le juge fédéral : Sergio Batista Guedes, s'est opposé à cette demande, souhaitant la participation de la Fondation nationale pour les Indiens:
( FUNAI) au processus de libération pacifique de la zone occupée ainsi que la présence d'un procureur fédéral spécialisé des affaires indigènes.



mardi 7 mai 13H41
la présidence fédérale condamne l'occupation de Belo Monte, les indiens disent qu'ils ne partiront pas. Le ton monte !
Le gouvernement accuse les Indiens de violence, rappelant la prise en otage de neuf fonctionnaires en 2013. Il signale qu'il y a eu des tentatives de dialogue au travers de réunions publiques dans les villages, mais quelles ont été boycotté par eux. Il accuse les communautés traditionnelles de la région d'être complice de destruction de la nature en échange de somme d'argent distribué par les garimpeiros illégaux.
Le gouvernement fédéral est disposé à dialoguer uniquement avec des responsables légitimes et… après la fin de l'occupation illégitime du chantier. Les Indiens condamnent fermement cette attitude. Dans une lettre ouverte diffusée sur Internet ils déclarent que le gouvernement a perdu tout bon sens ,qu'il ne sait plus comment gérer sa population...Ils dénoncent la militarisation de la région, l'interdiction de la présence des journalistes dans la zone occupée et l' intimidation des manifestants : « C'est le gouvernement qui ne veut pas appliquer la loi et manipule la réalité pour disqualifier notre lutte en inventant des histoires destinés à la presse ».
mardi 7 mai 23H57
Une partie des Indiens évacue le site de Belo Monte
Norte Energia fait savoir qu'après une réunion à laquelle participait la FUNAI, 35 indiens parmi lesquels des hommes, femmes et des enfants ont évacué le chantier qu'ils occupaient depuis le 2 mai. Pour ce qui concerne ceux qui demeurent encore sur le site (Munduruku) elle fait savoir que leurs revendications sont hors des compétences de l'entreprise, elle rappelle qu'elle est en contact permanent les organes gouvernementaux pour une libération rapide et sans conflit de la zone et un retour immédiat des travailleurs sur le chantier.
Mercredi 8 mai 21H16
On en est à sept jours d'occupation !
Au cours d'une rencontre regroupant Norte Energia, des représentant du gouvernement fédéral et des indiens, le ministère public fédéral demande l'autorisation de la présence de journalistes et d'avocats sur le site. Le ministère fédéral demande également à la justice fédérale que soit autorisé l'entrée de produits alimentaires ainsi qu'un libre accès des professionnels de santé du département de santé publique indigène (DSEI).
Le gouvernement veut maintenir le dialogue et augmenter leur participation au débat portant sur ce projet. Les Indiens envisagent de discuter le contenu de cette proposition lors d'une assemblée jeudi 9 mai 

http://www.rfi.fr/ameriques/20130506-bresil-indiens-lutte-terres-barrage-belo-monte-mururuku

Jeudi 9 mai 2013 11H54                                

LES INDIENS DOIVENT QUITTER LE SITE DE BELO MONTE AUJOURD'HUI JEUDI. 
La police militaire va exécuter la décision du tribunal régional de la première région prise dans la nuit de mercredi à jeudi. Les policiers qui sont sur place attendent l'arrivée du procureur du ministère public fédéral: Thais Santi, qui fera part aux indiens de cet ordre d'évacuation immédiate. Une équipe de la police fédérale d'Altamira est sur place, mais également 68 hommes des forces spéciales de sécurité et une équipe de 40 commandos des missions spéciales ( PMPA) , pas de journalistes, pas d'avocats........

Et voilà, c'est terminé, c'était un baroud d'honneur qui ne manquait pas de panache, l'issue était connue d'avance, mais quand même, il fallait le faire, bravo les indiens,

 je voulais savoir combien de temps ils allaient tenir avec leurs arcs et leurs flèches, une semaine c'est  très beau, le problème c'est qu'on en parlera pratiquement pas car les indiens, pour les 200 millions de brésiliens ne sont pas un enjeu national,  c'est la presse internationale qui aurait eu un grand pouvoir…..Bon j'ai fait ce que je pouvais!
                                                                     Henri Dumoulin