mardi 30 novembre 2021

D'un fléau à l'autre


AFP, agence France presse :Samedi 8 janvier 2022, 10h locale, Sao Paulo.  Une dépêche de notre correspondant local :  Mathieu D’Arras


L'équipe de virologues de l'institut Butantan à Sao Paulo, vient de rendre public le séquençage d'un nouveau variant majeur du SRAS Cov 2, après bien des hésitations, l'OMS a décidé le nommer par la lettre  grecque suivant le malheureux omicron qui n'aura tenu bien longtemps, c'est à dire le Pi ! 

Institut Butantan


Voici donc aujourd'hui Pie 22 (sans référence quelconque à des autorités religieuses romaines ....) .

Il a été individualisé suite à une enquête menée depuis décembre par l'institut au sein de la grande communauté bolivienne d'un quartier de Sao Paulo : impossible savoir si ce mutant est d'origine bolivienne ou brésilienne. 

Les boliviens de Sao Paulo


Peu importe après tout puisque l'expérience de la déroute du variant delta face à l'omicron sans augmentation significative du nombre de personne réellement mortes à cause de cette lignée du nouveau coronavirus, a montré à la communauté scientifique que la balle était désormais dans le camp des micro organismes qui rétablissaient fort bien un équilibre gravement perturbé depuis 2019. Nous souhaitons donc une courte vie à Pie 22 ! 


En réalité, ce qui fait l’actualité aujourd’hui à Sao Paulo, c’est une affaire qui dépasse de très loin un épisode de pandémie virale devenant aujourd'hui simplement endémique, c'est une prise de conscience massive par les habitants de Sao Paulo de la catastrophe qui les menace, à court terme, du fait de la déforestation de l'Amazonie à un rythme inégalé depuis plus de cinquante ans. 

Précédé par les fameux "gardiens de la terre", serrée, coude à coude tout le long de la grande Avenida Paulista, au centre de la ville, une foule immense, innombrable, estimée à plusieurs centaine de milliers de personnes de tous âges, à défilé lentement, tandis que résonnait, au rythme d'une samba ralentie à l'extrême, l'hymne à la joie de Ludvig van Beethoven ! 

Un hymne d'espoir et de fraternité mondiale pour rappeler aux hommes que la récente pandémie virale n'a été qu'un signal d'alarme !


L'hymne que je n'ai retrouvé qu'en espagnol, pas facile de fouiller dans le futur...



Mathieu D'Arras

mardi 29 juin 2021

Le serment du mont des bruyères



Aaron n’est plus très jeune , mais physiquement et mentalement en excellente forme, il a encore , avec un peu de chance , de bonnes années d’activité devant lui , il est né il y 120 ans, il est en bonne santé, il passe maintenant le plus clair de son temps au siège central de Panoptès, dans la ville d'Oasis, capitale des cités de Titan, il a une longue  et riche expérience de son job, il s'efforce maintenant de la partager avec ses compagnons. 

Ce soir ( C'est une façon de parler, on n'est pas ici sur terre, mais sur Titan, la très faible clarté du lointain soleil offre des journées de 8 jours terrestres, et des nuits équivalentes.....les humains façonnés par des rythmes terriens ont tout de même ici  modifiés considérablement" leurs rythmes circadiens pour arriver à des cycles de 24h de sommeil ou repos pour 24h d'activité , on va donc dire qu'Argus est présentement en fin de cycle d'activité...) , il fait jour dehors, une pale clarté orange éclaire , au travers de vastes étendues vitrées sa chambre, 

Nous sommes le 20 juillet 2133, Aaron Dumoulin s'éveille, frais et dispos, rend grâce pour ce cadeau sans prix , et ses ablutions faites, son repas du matin absorbé, s'équipe sans hâte pour sa sortie de dérouillage, plus doux et progressive depuis le passage du seuil de 120 années terrestres.....

On était à l'époque des huit jours terrestres ininterrompus de faible clarté solaire sur Titan, petite lune de saturne sur laquelle étaient implantées depuis une vingtaine d’années quelques gros centres de recherche  il allait pouvoir se faire une petite balade dans les environs , il installe lentement son équipement préféré, il allait devenir un oiseau ....



Oh, il lui fallait bien, compte tenu d'une température extérieure bien en dessous de - 100 degré et d'une bonne pression atmosphérique mais un air constitué d'azote et de méthane, revêtir une combinaison étanche chauffante mais souple, enfiler sa cagoule également étanche, sa petite réserve d'air sur le dos….un Wing Suit , une aile vêtement qui lui permettra, de voler sans gros effort! 

Sur Titan, la pression atmosphérique est une fois et demie plus élevée que sur terre, la température extrêmement froide donnant un air plus dense et la gravité un peu plus plus faible que sur la lune, pas de problème pour jouer à l'homme oiseau, flotter entre ciel et terre immergé dans un monde où la couleur des sons magnifiait le paysage! le costume pour ces ballades quotidienne permettait à la fois de marcher ou de voler , on pouvait même y injecter à volonté un peu d'hydrogène pour n'avoir qu'à battre doucement des ailes, et s'immerger la où menait le paysage musical, se laisser dériver dans une symphonie fantastique….dans les harmonies les plus folles qu’émettait l’atmosphère de Titan. 


Aaron, un vétéran de la communication spatiale, ingénieur chevronné, poussant toujours plus loins les technologies les plus avancées, se sentait encore parfaitement  bien dans sa tête et dans son corps….pourtant, il venait d'avoir 120 ans aujourd'hui, il savait bien que ses années fertiles étaient désormais comptées, il n’avait jamais oublié le serment du Mont des Bruyères en juillet 2020, lors du passage de la comète Néowise!

Lui, sa soeur Esther et sa cousine Ondine avaient alors enterrés dans la forêt un coffret métallique contenant des messages à lire lors du retour de la comète


.l'enfouissement du message le 20 juillet 2021 ( cliquez sur ce lien) 


Les derniers calculs prédisaient ce retour dans 5900 ans, il lui fallait absolument, avant de mourir, mettre au point une sonde capable de se réveiller dans 5900 ans et d’émettre à travers le système solaire, un signal qui sera reçu par un de ses descendants, un des descendants d’Esther, et un des descendants d’Ondine, et uniquement par ces trois là !

Le défit était, même pour lui, colossal, il allait maintenant consacrer toute l’énergie qu’il lui restait, travailler avec acharnement jusqu’à sa mort pour qu’un jour, en un point précis de la terre, venant du Nord, de l’Est et de l’Ouest, se retrouvent, plus de 6000 ans après , ces trois enfants, comme en juillet 2020 !




lundi 28 juin 2021

Un pays à part







Un pays où se mêle œuvre de la nature et labeur de ses hommes, 

Un  pays noir et vert tout parsemé de fleurs,

Un pays où la terre est de sueur et de sang,

Où le moindre buisson cache des vies perdues,

Où le souffle du vent est l'haleine des hommes

Qui bâtirent ces collines à force de travail! 









Mathieu d'Arras, dimanche 27 juin 2021, sur les terrils jumeaux d'Haillicourt ! 

180 mètres au dessus du sol et en dessous, les galeries oubliées qui sont descendues jusqu'à plus de 700 mètres de profondeur, fruits de la terre et du travail des hommes......



dimanche 16 mai 2021

La bicyclette rouge


"La bicyclette rouge"





Quelque part entre Couéron et Nantes, la chaîne du vélo pousse sa ritournelle, Mimi, la fille de Célestine peine sur l'asphalte lessivé par les pluies d'automne . Bientôt la Chabossière, et après Saint-Herblain, et après Nantes, la clinique, allez encore un effort, la belle rouge, la Peugeot payée par son beau-père, une pour elle et une pour sa fille, Thérèse, la petite soeur d'Henri. 
Elles s'entendent bien toutes les deux, mais Mimi  préfère la compagnie de sa grande copine de pensionnat à l'école technique de Talensac à Nantes, Yvette Auffrais, c'est avec elle qu'elle fait de grandes escapades à vélo entre Couéron, Nantes et Nozay. Mimi est un peu gênée par la vitalité débordante de sa demie sœur qui n'a pas froid aux yeux et se maquille tout le temps.



Elle a 18 ans, mais sa mère l'appelle toujours Mimi, normalement c'est Marie, et bientôt, dans 4 ans, elle sera ma mère! Depuis le début de l'occupation allemande, elle et sa demie sœur, Thérèse partagent leur jeunesse entre une activité domestique ( une semaine au magasin puis en poussant seulement la porte derrière la caisse qui trônait à droite en entrant dans le magasin, une semaine à la maison ( ménage, cuisine; prise en charge des petits : Monique, Yves, Jean et René, le dernier, et des loisirs  limités par le contexte politique, et le couvre-feu, bibliothèque, cinéma, et surtout théâtre, la scène, le chant, les amis, la vie qu'on invente au jour le jour ( toute petite il arrivait que sa mère, jeune veuve accaparée par sa petite épicerie, la dépose  chez une amie à 100m, sur la place dé l'église St Symphorien, à l'auberge du cheval blanc, et maman m'a raconté qu'on la mettait quelque fois sur une table pour la faire chanter! ) 


Mimi se hâte vers Nantes pour informer sa mère, temporairement dans une clinique pour une intervention chirurgicale, du retour  tant espéré d'Henri, le fils de son deuxième mari, après un périple à très haut risque de deux ans en Algérie puis dans les prisons espagnoles où le typhus faisait des ravages, une source permanente d'inquiétude et d'angoisse pour sa famille.

Il y a en effet de quoi pousser sur les pédales, au mi-temps de cette belle journée de novembre 42, elle avait hâte de rentrer, de voir apparaître sur le seuil de la maison du 8 rue Henri Gautier à Couëron , un jeune homme souriant, au teint mat, coiffé d'une sorte de tube rouge avec un pompon, une grande cape sur les épaules.




15 novembre 1942, un homme est assis dans un compartiment du PLM, le train Paris Lyon Marseille qui depuis 1937, fait cette étape en neuf heures (5h14 sur Paris - Lyon) avec des pointes à 140 km/h. Il porte l'uniforme des chasseurs d'Afrique, la haute Chéchia sur la tête, la cape sur les épaules, le convoi est en train de quitter Lyon, la nuit tombe, c'est un tout jeune homme, il vient d'avoir 21 ans mais il a déjà bien roulé sa bosse depuis deux ans, rien de ce qu'il avait imaginé ne s'est réalisé comme il l'aurait voulu, il est déçu, il n'a pas réussi à passer en Angleterre, à rejoindre le Général de Gaule, il a trainé dans un bataillon de chasseurs d'Affrique à Oran, a déserté avec deux amis dans l'espoir de passer au Maroc, l'ambassade anglaise, Londres, un seul des trois a réussi, et lui s'est retrouvé pendant des mois dans des  prisons infectes dans l'enclave espagnole de Mélilla puis en Espagne, il s'est fait expulsé, remettre à la justice militaire à Montpellier, celle ci a été clémente vu les circonstances, l'a renvoyé à son point de départ, à Marseille....il s'appelle Henri Dumoulin, il rentre à la maison, il est démoralisé, déboussolé, c’est mon père ! 



En cliquant sur le lien ci dessous vous en apprendrez plus sur lui ....



j'ai eu 20 ans en 1941



À ses pieds, une valise de carton bouillie, solidement renforcée par des lanières de cuir. À l’intérieur peu de choses, de la nourriture, un fromage de gruyère en entier, des jambons.... contrebande, marché noir? Même pas, réquisition autorisée en catastrophe, ultime cadeau du colonel commandant le régiment avant dissolution de celui-ci et ouverture des bâtiments de la caserne aux troupes allemandes ! 



En effet, dans les suites immédiates du débarquement allié en Afrique du Nord l'armée allemande a franchi la ligne de démarcation et pris possession du territoire de l'État français sous l'autorité jusque-là du gouvernement de Vichy.



Dans quelques heures, à l'aube, il sortira de la gare de Lyon retrouvera Paris quitté il y a juste deux ans prélude à une longue aventure qu'il a fort bien raconté dans son ouvrage paru en 1949 « trois garçons désertèrent" 

Pour l'instant il a faim, il n'a pas un sou mais dans sa valise, en jambon et fromage, de quoi troquer, en ce temps de restrictions,  un bon petit repas et même ce soir un hôtel!  


Henri, est de retour !


En peu de temps la nouvelle du retour  a traversé le bourg depuis la bijouterie de Mr Imbert, l'ami, le confident de son père, en face de l'église, jusqu'à la boutique du cordonnier Desmas et l'atelier du garagiste Mounic, rue henri Gautier, en face du magasin de vêtement à l'enseigne :" A Jeanne d'Arc" racheté vingt ans avant aux demoiselles Lebreton par mon grand père Henri Dumoulin avec, en prime le mariage avec leur chère nièce :" Rose Lebreton", la grand mère que je n'ai jamais connue, l'âme sensible qui voulait faire de mon père un violoniste, erreur il composera avec la plume, pas avec l'archet! 

Vous imaginez  la scène des retrouvailles avec son père, sa sœur cadette de 4 ans : Thérèse, la fille de sa belle mère: Marie et ses demi frères: Monique, yves, jean et le petit René! Une longue soirée de discussion tard dans la nuit, le tête à tête avec son père, dans la véranda nouvellement construite, avec comme témoin la grande horloge comtoise ! 



Au bout de quelques semaines, mon père, habitué désormais à une vie autonome, éprouve le besoin de s'installer à Nantes, reprenant goût aux études, il se réinscrit début 1943, à l'école de  médecine qu'il avait déjà fréquenté quelque mois trois ans auparavant, mon grand père lui loue une petite chambre dans le quartier du Procès non loin de la Chézine. Il reprend un moment une vie insouciante d'étudiant, traînant un peu partout avec, entre autres un certain Laurent Jestin, un ancien du Loquidy, fils de commerçants de la rue du Pilori. À propos de leurs escapades ensemble papa ne m'a parlé que des intrusions au Jardin des Plantes pour rentrer dans les bassins et attraper à la main de grosses tanches qu'ils glissaient discrètement sous leurs vêtements ...laurent Jestin sera présent à son mariage en 1945!  ( le grand au milieu au dernier rang) .






Il ne retrouvera pas, à sa grande tristesse, un autre camarade du Collège St Joseph du Loquidy à Nantes, un des treize élèves de la classe terminale de mathématique et philosophie, un certain Jean Pierre Glou qui était partant comme lui pour tenter le ralliement à la France libre 


Jean Pierre Glou, bachelier avant 17 ans, entré  à l’École polytechnique de l’Ouest dans la section des Travaux
publics. Il avait en effet, comme mon père et bien d'autres jeunes, passé la ligne de démarcation pour rejoindre le midi de la France, voulant gagner Dakar, la France libre, son père l'avait persuadé de rentrer, il était entré dans un groupe de résistance, Il aidait à l’évasion des prisonniers de guerre de Châteaubriant et de Savenay et à la fabrique de fausses cartes d’identité. Le 12 mai 1941, il est arrêté à Nantes pour « trafic de lettres ». Lors de son interpellation, il était porteur d’une lettre adressée en zone libre.
Incarcéré à la prison Lafayette de Nantes, il est jugé par le tribunal militaire allemand de Nantes qui, faute de preuves, le condamne à six semaines de prison. Néanmoins, Jean-Pierre Glou est désigné comme otage par les autorités allemandes, qui le maintiennent  en détention et le fusillent comme tel le mercredi 22 octobre 1941 à 17h au champ de tir du Bêle, à Nantes, en représailles à la mort à Nantes du lieutenant-colonel Karl Hotz.

Voici sa poignante dernière lettre écrite quelques heures avant sa mise à mort, le 22 octobre 1941




Mon cher petit Papa, Ma chère Jeannette, 

Quand cette dernière lettre te parviendra, ton fils chéri aura rejoint sa mère, ses dernières pensées seront pour toi et pour Jeannette et les deux petites, qui grandiront, je l’espère, en ignorant les affres de la guerre. 

Je te demande pardon pour toutes les fautes que j’ai pu commettre envers toi et ma pauvre grand’mère. Tu lui annonceras bien doucement que son petit-fils, qui l’a beaucoup aimée, pense à elle à ses derniers instants. 

Je lègue tout ce qui peut m’appartenir à toi, je sais que tu sauras en faire le meilleur usage que quiconque.
Avant de passer, je demande pardon à Dieu de toutes mes fautes et lui offre ma vie pour que tu sois heureux avec Jeannette longtemps encore, ainsi qu'avec Jannie et Jacqueline, pour que plus tard elles soient des jeunes filles, puis des femmes modèles.
Cette épreuve sera dure pour vous tous, et pour toi, qui m’aimait tant. 

Je te demanderai une dernière chose, celle de faire dire des messes, pour le repos de mon âme et pour que Dieu me pardonne toutes mes fautes, pour que, bientôt, je puisse goûter aux joies éternelles dans son Paradis. 

Je prierai pour toi, mon petit père, et je m’acquitterai ainsi de la grande dette de reconnaissance que je te dois pour l’éducation et les soins que tu m’as prodigués depuis toujours. 

Je prie Dieu pour qu’il donne à grand’rnère, qui m’a élevé de toute son âme, le courage de supporter cette dernière épreuve et je lui demande de reporter sur les deux petites l’affection qu’elle avait pour moi. Je voudrais que tu dises mon dernier bonjour à tous mes camarades d’école et de sport. 

C’est l’âme en paix avec Dieu que je quitte cette terre, j’offre ma vie pour tous, pour notre famille, pour la France, pour qu’elle redevienne florissante et calme comme aux beaux jours.
Gros baisers à toute la famille, tonton Georges, Auguste, leurs femmes et leurs enfants.
Je te demanderai mon petit père d’aller voir la petite Ginette, tu lui diras mon affection. Je forme des vœux pour qu’elle soit heureuse toute sa vie.
Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait quelque tort. Vive la France
Que la volonté de Dieu soit faite
Votre fils qui vous aime.


 Très vite, les terribles bombardements de Nantes du 16 et 23 septembre 1943 feront basculer de nouveau son destin alors que s'esquissait  une relation amoureuse avec la jeune Mimi qu'il avait quitté adolescente pour retrouver en charmante jeune femme! 

Maman vient d'avouer bien longtemps après, à 96 ans, qu'à cette époque, elle avait menti plusieurs fois à sa mère, prétextant des courses à Nantes pour sauter sur son vélo et rejoindre Henri à Nantes....

Pourtant, au bout de quelques mois, Marie fit comprendre un jour à son "fiancé de cœur" que, puisque entre eux c'était une affaire sérieuse, elle devait en informer sa mère!  C'est comme cela que mon histoire a commencé....


Le quotidien ne leur a laissé le temps jouer les tourtereaux bien longtemps, une jeune femme de 20 ans , Annic JALLAIS, soeur de deux amis d'enfance ( ils habitaient dans les hauts de Couéron près de la petite menuiserie du grand père Lebreton et leur père s'occupait du cimetière ) disparaîtra sous les décombres place du commerce, on ne retrouvera que des débris de ses vêtements ....Annic était une amie d'enfance de Maman, qui perdra également ce même jour deux autres amies: Suzanne Cavet, 26 ans fille d'un ingénieur de l'usine Pontgibaud, et une autre connue à la JOC dont elle a oublié le nom, mais, elle se souvient de son enterrement! Le 16 septembre, jour tragique Maman  était partie sur sa bicyclette rouge, pour quelques jours chez une amie du pensionnat de Talensac, à Nozay !






Tout laisse à penser en effet que cette catastrophe a été pour Papa , l'occasion d'une prise de conscience de la nécessité de passer de la résignation à l'action comme le suggère l'hymne des partisans:" Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.....Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne....montez de la mine, descendez des collines, camarades!


L'occasion de cette action naîtra bien vite dans le faubourg est de Couéron, dans la cité du Bossis naval, la cité des polonais. Construite après 1918 pour répondre à un besoin d'ouvriers pour les forges de Basse Indre ou l'usine Pontgibaud, en lien avec l'arrivée d'une main d'œuvre polonaise.

Des soldats de l' armée allemande  d'origine polonaise ( incorporé à la suite de l'invasion de la Pologne en 1939 dans la suite du pacte germano soviétique) en casernement à Nantes, prirent conscience de la présence de compatriotes, réussirent à entrer en contacts et pour certains désertèrent, se cachant en particuliers avec l'aide de la famille de Jean Niescierewicz, un ouvrier des forges de Basse Indre et syndicaliste CGT.



Cet homme avait un fils, un ami d'enfance de mon père ( Papa m'a souvent parlé de Niesté, comme il l'appelait en abrégé ) .


L'histoire s'est brutalement emballée un jour avec l'arrivée en grand secret, avec l'accord de mon grand père, à la maison du 8 henri Gautier, d'un soldat de la Wehrmacht, un grand gaillard blond qui parlait le polonais, et que l'on se hâta après avoir confinés les enfants dans une chambre, d'enfermer dans la petite chambre du premier étage , à gauche en haut de l'escalier ( celle de René par la suite, et par la suite la mienne l'année de mes 8 ans ). 

La mission  était de le garder quelques jours, le temps de lui organiser une cachette sûre dans les 2000 hectares des marais de Couéron ( aujourd'hui marais Audubon) de faire disparaître son uniforme ( il sera brûlé dans la buanderie, comme ensuite la tenue d'un pilote anglais  ) , de lui faire faire à Nantes, un costume à sa grande taille, tout se passera bien, d'autres déserteurs seront pris en charge à la cité du Bossis.

Un réseau de résistance était né dans lequel on retrouvait pour les plus jeunes, les frères Jallais, le fils Niesté et mon père, d'autres les rejoindront dans les îles du marais de Couéron ! 


A ce stade de ma tentative de "reconstruction historique", j'ai essayé, pour tenter de mieux comprendre le déroulement des événements, de rapprocher des récits et des faits récoltés à diverses sources: livre d'or de la résistance, articles d'éditions spéciales de Ouest France, déclarations d'Eddy Warmington, un des aviateurs anglais récupérés et qui a pu rencontrer Papa cinquante ans après, en 1994,  et bien entendu petits détails, souvenirs ressuscité, un nom, un prénom réapparaissant soudain dans la mémoire de maman au fil de nos bavardages en essuyant la vaisselle....! 


Une affaire à suivre en cours de montage, à très bientôt !!!!


Pour rappel, voici l'histoire du père d'henri, mon grande père Henri Dumoulin né en 1894:


20 en 1914 saison 1


saison 2


saison 3







mercredi 7 avril 2021

L'aube des Gueules noires





Il y a quelques temps déjà, j'ai extrait du fouillis incroyable qui régnait, après plus de cinquante années d'accumulation de " ce qui pouvait toujours être utile, un jour...", dans le grenier de la maison de mon beau père, Francis Fortumeau, en route vers ses 101 ans, une vieille caisse en bois incrustée de poussière. j'y ai trouvé quantité de ces "livres de prix" à couverture rouge, de ceux que l'on remettait aux élèves méritant en fin d'année scolaire. Et, en effet, le 20 juillet 1930, un petite garçon qui n'a pas encore dix ans, Francis Fortumeau, deuxième classe, première division, deuxième section,  se voit remettre, à l'école St Joseph de Rezé, un prix pour ses bons résultats en orthographe, analyse grammaticale et géographie!


Des récits rassemblés sous le titre pompeux " Les chevaliers de l'hostie" ! J'ai commencé à lire et j'y est trouvé des témoignages émouvant d'une tranche de notre histoire commune. L'action se passe en 1886, surtout en Wallonie, dans la grande saignée du bassin houiller qui commence à l'ouest au delà de Bruays en Artois à Estrée Cauchy, pour se terminer dans la Ruhr allemande !

1886 Grèves en Belgique




En 1842, quarante quatre ans avant ces événements tragiques,  Victor Hugo avait traversé cette région où naissait une nouvelle société, où se réalisait la grande mutation, la révolution industrielle ! 

"Cependant le soir vient, le vent tombe, les prés, les buissons et les arbres se taisent, on n’entend plus que le bruit de l’eau. L’intérieur des maisons s’éclaire vaguement ; les objets s’effacent comme dans une fumée ; les voyageurs bâillent à qui mieux mieux dans la voiture en disant : Nous serons à Liège dans une heure. C’est dans ce moment-là que le paysage prend tout à coup un aspect extraordinaire. Là-bas, dans les futaies, au pied des collines brunes et velues de l’occident, deux rondes prunelles de feu éclatent et resplendissent comme des yeux de tigre. Ici, au bord de la route, voici un effrayant chandelier de quatre-vingts pieds de haut qui flambe dans le paysage et qui jette sur les rochers, les forêts et les ravins, des réverbérations sinistres. Plus loin, à l’entrée de cette vallée enfouie dans l’ombre, il y a une gueule pleine de braise qui s’ouvre et se ferme brusquement et d’où sort par instants avec d’affreux hoquets une langue de flamme.

Ce sont les usines qui s’allument ! 

Quand on a passé le lieu appelé la Petite-Flemalle, la chose devient inexprimable et vraiment magnifique. Toute la vallée semble trouée de cratères en éruption. Quelques-uns dégorgent derrière les taillis des tourbillons de vapeur écarlate étoilée d’étincelles ; d’autres dessinent lugubrement sur un fond rouge la noire silhouette des villages ; ailleurs les flammes apparaissent à travers les crevasses d’un groupe d’édifices. On croirait qu’une armée ennemie vient de traverser le pays, et que vingt bourgs mis à sac vous offrent à la fois dans cette nuit ténébreuse tous les aspects et toutes les phases de l’incendie, ceux-là embrasés, ceux-ci fumants, les autres flamboyants.

Ce spectacle de guerre est donné par la paix ; cette copie effroyable de la dévastation est faite par l’industrie. Vous avez tout simplement là sous les yeux les hauts fourneaux de M. Cockerill. »

 

Victor Hugo , impression de voyage en 1842 aux alentour de liège en Wallonie 

On trouve dans ces récits la même atmosphère poignante, oppressante, qui avait saisi Victor Hugo lors de son voyage de 1842: 







 

 

 
 







jeudi 14 janvier 2021

Le Grand Jeu






Introduction: il y a un an à peu près , dans la première moitié du mois de janvier 2020,  je déposais sur mon blog  : » le grand jeu » un chapitre d’un saga intitulée Chronique de Titan puis""" Le diadème"!


Le grand jeu première version



Aujourd’hui, j’ai envie de faire une sorte de « mise à jour » de cette fiction, de changer un peu les règles du jeu pour les adapter à un contexte planétaire qui a quelque peu évolué depuis un an, nous en avons bien conscience ! 

Bon, je vous laisse avec les enfants, ils ont des choses à vous raconter:




Le grand jeu version 2021 , le Fond Cosmique 


Non Argus et Kronos n'était pas des dieux, terme à utiliser pour les humains avec beaucoup de précaution.... c'était des Empyriens, des gérants de l'amas local de galaxies, pas de simples exécutants, mais d'un niveau de compétence relativement limité, au-dessus d'eux existait la vaste confrérie des Gardiens du Temple aux ambitions et responsabilités quasiment illimitées! Ceux là régnaient sur le " Fond Cosmique " fort bien décrit au XXI siècle : 



-"Argus , tu dors ? "

-" Non!"

-"j'arrive pas à m'endormir, raconte encore une fois 

ton aventure avec les terriens! »

-"Tu m'embêtes avec cette histoire, j'ai pas envie, je 

me suis fait gronder à cause de ça, j'ai été puni, tout un 

cycle de rajeunissement ! "



A cette époque, les deux amis étaient depuis longtemps sortis de l'âge adulte et déjà dans une enfance bien avancée, un âge où l'endormissement pose quelques fois problème....

Non, les Empyriens ne sont pas immortels, ces " dieux" ne meurent pas, mais ils rajeunissent tout au long de leur cycle!

Ils naissent en majesté parfaite, comme un cristal, en puissance et en gloire dès le premier "inspir", puis , au fil du temps, une éternité pour les humains, une quotidienneté pour eux, rajeunissent , concentrent leur force vitale , leur énergie, et progressent chacun à sa manière, avec plus ou moins de bonheur, vers la jeunesse, l'enfance, la naissance .....


Bon, c'était juste pour vous expliquer la situation , 

mais la grande question maintenant, c'est :" Pourquoi le petit Argus a-t-il été puni?" Si vous avez lu le chapitre précédent, vous avez une petite idée de la cause de sa punition 


En fait Ils commençaient  tous les deux à devenir un peu trop jeunes , et même s'ils connaissaient encore les grandes règles du jeu cosmique, ils étaient de moins en moins conscients des conséquences d'une infraction! 


Argus et Chronos avait eu le culot monstre de faire un pari, pas n'importe lequel : celui de comparer les réactions de deux systèmes bio écologiques , parvenus à un stade équivalent d’évolution, face à un même défit sanitaire ultra élémentaire : un « petit nouveau » un virus qui sort de l’ordinaire, qui se différencienettement des autres, et qui provoque un déséquilibre massif dans le biotope viral local! 



Ils s'étaient choisis à une échelle microscopique pour eux 

deux systèmes stellaires  très proches, celui du Soleil et celui de Proxima du Centaure à 39 900 milliards de km, soit 4,22 années lumière, à l’échelle cosmique de ces « enfants » c’était quasiment de la nanotechnologie

Ils avaient bien sûr le pourvoir de synchroniser, de manipuler le déroulement du temps pour que tout se passe comme si les deux « émergences biologiques » expérimentaient cette crise au même moment, au même stade d’évolution de ces « vivants » même si, dans la réalité ce n’était pas possible compte tenu des distorsions considérables de » l’espace temps »


Une fois lancé le "chronomètre" , ils manipulèrent à distance leur propre énergie pour , par simple intrication quantique, créer sur place, en certains sites planétaires choisis par eux dans leurs deux systèmes stellaires, les " moules énergétiques" provoquant des mutations significatives dans le génome d’une famille virale fort commune et répandue sur toute la surface des deux planètes en jeu : celle du système solaire, et celle du système de Proxima du Centaure: «  Les Coronavirus »


Au terme de l'épreuve voici les résultats:


A: Terre: Je n’ai pas besoin de vous décrire quelle fut la réaction, face à ce défit, du « Partenaire » terrien ! Si vous lisez ces lignes, c’est que vous faites parti de l’équipage, que vous êtes lancé dans l’aventure commune de cette émergence biologique locale du système de l'étoile Soleil!

Pour résumer, on a eu l’incrédulité, la stupéfaction, l’affolement, la dispersion, les confinements ( en réalité enfermements massifs), d’extraordinaires et incroyables  « geste barrières » , la course folle après un virus qui vivait en fait par eux, avec eux, en eux, et  

dont le génome se modifiait, bien évidemment, sans cesse puisque c’est son principe de survie le plus élémentaire! 


Des procédures collectives extraordinairement contraignantes ( tester, isoler, protéger ) touchant simultanément des millions de personnes, des vaccinations massives préparées à la hâte à une échelle planétaire..... 

On a vu les meilleurs outils technologiques mal utilisés, éparpillés, gaspillés pour tenter, sans aucune chance d’y arriver, d’avoir un génome bien fixe de ce petit garnement qui se moquait bien d’eux ! 


C’est finalement, selon les règles de fonctionnement les plus simples, les plus basique de cet écosystème biologique, le biotope viral et microbien local qui a rétabli un équilibre et que les choses sont revenus à la  normale ! 

Le résultat n'a pas été bien satisfaisant, on doit même l'avouer, fort médiocre, des foules masquées, résignées, sans réaction face aux diktats mensuels des autorités sanitaires suprêmes, un désordre social et économique colossal complètement inutile et qui aurait pu être évité si l'approche du problème avait été différente  ! 



B: En effet, par contraste, la réaction du « monde jumeau » du système de Proxima est fort  intéressante à analyser !

Dans ce monde , en effet, les premières réactions furent, au début, proches de celle des terriens, l’affolement, la dispersion, la limitation des interactions sociales, etc, etc......avec des résultats tout aussi décevants. La différence  la plus remarquable dans leur stratégie d'approche de ce problème fut, au bout de quelques mois, de s'intéresser beaucoup plus aux interactions entre ce virus et les équivalents humains de ce système stellaire, qu'au virus lui même ! 

Après avoir rapidement constaté l'inutilité de séquençages innombrables et répétitifs du génome d'un virus qui se jouait d'eux sans cesse, ils se contentèrent  de faire des études systématiques du génome des personnes gravement atteintes, celles qui développaient  une interaction pathologique majeure avec ce virus! Ils analysèrent systématique leurs plus infimes particularités physiologiques, mirent en place, au niveau planétaire, des bases de données, des études comparatives! 


Il ne cherchèrent  pas non plus à épuiser toutes leurs ressources en tentant de repérer inutilement dans toute la population la trace infime du passage passé ou présent de ce virus ! ( tests PCR répétitifs) 


Non, ils voulaient simplement comprendre pourquoi certaines personnes, en petit nombre, faisait une maladie sérieuse , entrait en conflit grave avec ce virus, alors que , pour l'immense majorité, tout se passait bien! 


Ils avaient bien raison, car, en unissant leurs efforts, ils trouvèrent, en quelques mois, des corrélations évidentes en rapport avec un grand nombre de marqueurs , entre autres, mais pas seulement, les structures chromosomiques * . Ils développèrent ensuite très rapidement un test permettant de les identifier, ils n'y eu plus besoin de protéger, de vacciner la population, mais seulement d'agir de façon adéquate sur un nombre infiniment plus réduit de personnes. Le changement d'échelle étant  considérable, ils gagnèrent haut la main  le pari ! 



*Certains humains sont porteurs à des degrés divers d'une anomalie, d'une tare génétique, responsable d'un dysfonctionnement dans la fabrication de l'interféron, cette anomalie est située sur l'un des bras du chromosome X , et bien, ce sont ceux là qui sont les premières victimes des virus les plus agressifs, ce sont d'abord et avant tout des hommes car les femmes ont deux chromosomes X ( normalement l'un des deux est toujours inactivé , sauf pour les séquences ADN visant la synthèse , entre autre des interférons ....) et , de plus, bénéficient d'une protection supplémentaire hormonale, la nature veillant à protéger celles qui perpétuent l'espèce:  les œstrogènes, de puissants stimulants de la production des interférons! 

Ce sont donc les hommes porteurs de cette anomalie spécifique de leur chromosome X qu'il faudrait, une fois dans leur vie, repérer et protéger des infections virales graves ! 

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/covid-19-les-femmes-sont-plus-resistantes-que-les-hommes_4237467.html



Au rythme lent de son histoire

Argus finit par s’endormir

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;

Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;

Un croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre….









Mathieu d’Arras