mercredi 28 février 2024

Les amis de Saumur




À plusieurs reprises, dans leur correspondance, Célestine ou Raymond, citent les noms de Monsieur et Madame Baranger :
« De vrais amis, ceux là … Ils sont très gentils, ce sont de vrais amis,… , des étrangers comme eux qui viennent spontanément nous offrir de nous aider, ce sont de vrais amis… Baranger m’a offert de m’envoyer de la lecture… »
En fait Baranger et Gourby ont fait le régiment ensemble à Angers, ils ont sympathisé et sont restés amis. A cette époque il semble que l’ami Baranger travaillait chez Amiot ( veuve Amiot, champagnes..un gros négociant en vins)

J’ai retrouvé trois feuilles précieusement conservées par grand mère. Vous comprendrez pourquoi en les lisant: 
un courrier du 27 mai 2025 de Madame Baranger adressé à Célestine, un courrier du même jour de Monsieur Baranger adressé à Raymond et un courrier du 31 décembre 1926, adressé à Célestine qui vivait alors à Basse Indre , venant de Madame Baranger.


Saumur, 27 mai 1925,
Mon cher Raymond
Nous avions bien reçu ta lettre et appris avec peine la période des épreuves que vous venez de traverser et les sacrifices que vous avez encore à faire. Aujourd’hui j’ai tenu à te serrer la main à ton passage à Saumur et je regrette que nous ayons eu si peu de temps à passer ensemble. Je t’ai promis de t’écrire souvent et de commencer dès demain. Mais après t’avoir quitté je me suis aperçu que j’avais oublié de te demander ta nouvelle adresse et comme il faut que ma lettre passe par Couëron. Je viens dès ce soir bavarder avec toi.
Oui c’est vrai nous avons été longtemps sans correspondre, et si vous êtes excusable, par suite des inquiétudes et ennuies de toute sorte que vous avez eu, je m’excuse pour ma part d’un peu de négligence. Je dis un peu car avec toutes les réunions catholiques organisées depuis le début de l’année, les séances de patronage et la période électorale qui est venu, se greffer là-dessus, tu verras mon cher ami, qu’il me restait peu de temps libre. Sois persuadé que nous ne vous oublions pas et que très souvent nous parlions de vous pour constater que depuis longtemps, nous n’avions pas correspondu.
Tout cela, j’aurais voulu te le dire aujourd’hui, et bien autre chose encore, mais l’heure du départ avait sonné !
Tu pars pour quatre mois m’as-tu dit, de suite j’ai compris combien avait dû être dur pour toi cette séparation de ta famille et de tes affaires. Je me rappelle pour ma part, mes départs d’autrefois, et ce n’était alors que pour huit ou quinze jours, trois semaines au plus. La séparation avait toujours été toujours pénible. J’ai aéré aussi avec le courage de te résigner à ton sort, tant mieux, car de cette façon, tu seras plus sûre d’arriver à la guérison complète : un bon moral et ton effet le point principal.
Nous avons un cousin qui s’est trouvé dans la même situation, que toi et qui, après un séjour dans un sanatorium, et quelques petites précautions se portenaujourd’hui à merveille. C’est donc dire que tu nous reviendras de là-bas complètement retapé et que nous fêterons tous ensemble ton retour dans notre région.
La charge de Madame gourby est certes pénible ; sans nul doute, elle se tirera d’affaire grâce aux dispositions que tu as prise avant ton départ. D’un autre côté, les conseils ne lui manqueront certainement pas de la part de tes amis de Couëron. Quoi qu’il en soit, nous sommes à votre entière disposition pour tout ce que vous pourriez désirer pour vous aider et n’ai pas peur de frapper à la porte. Entre vieux camarades, on ne se refuse rien. Une question plus délicate que j’aborde, franchement, certain que vous ne vous en froisserez pas, c’est que, si avec tous ces ennuis et frais divers, vous aviez besoin à moment donné de quelques fonds, ne vous gênez pas avec nous, là encore, nous ferons tout ce qui nous sera possible, vous n’en doutez pas!
Mon cher ami, je te quitte en te souhaitant un bon courage et une prompte guérison. soigne-toi énergiquement, ce que tu manqueras, pas de faire avec ton vive désir de revenir bientôt auprès de ta femme et de tes deux petites filles.
Je te serre bien cordialement la main.
P Baranger.

Chère madame,
C’est avec peine que j’ai lu votre lettre nous faisant part de tout vos ennuis et inquiétudes. Le bon Dieu vous éprouve mais ayez confiance en sa bonté. Il vous donnera le courage nécessaire pour traverser ce dûr moment. J.avais l’intention d’aller à la gare avec mon mari et Pierrot pour voir, Monsieur Gourby , mais le temps était si mauvais que j’ai dû à grand regret renoncer à ce projet. Mon mari y est donc allé seul. Malheureusement, le train avait du retard et n’est resté en gare que quelques instants, c’est donc un bien court moment que nos maris ont pu passer ensemble. Mon mari était cependant content d’avoir pu assurer son ami de toute sa vieille et fidèle amitié.
C’est pour vous deux un dur sacrifice d’être séparé pendant plusieurs mois, certes, mais puisque la santé de votre mari en dépend, il vous faut bien y être résigné.
Ainsi que mon mari l’écrit à Monsieur Gourby, nous avons un cousin qui s’est trouvé dans la même situation à la suite d’une grippe infectieuse et d’un empoisonnement par un acide violent, il avait semble-t-il une lésion assez importante, après repos, complet et des soins énergiques . Pendant plusieurs mois, il a été guéri, et maintenant tout en prenant des précautions, il se porte bien, il a quatre enfants et dirige un gros commerce de bois,, charbon, fourrage et est ingénieur électricien à la tête d’une équipe de 10 à 12 ouvriers. Vous voyez que vous pouvez avoir bon espoir. Je suis persuadé que ce séjour dans ce sanatorium fera beaucoup de bien à votre cher malade.
lorsque vous irez le voir, prévenez-nous de votre passage à Saumur et je ferai tout mon possible pour vous voir en gare.
Je comprends votre inquiétude également pour votre petite Raymonde mais cependant c’est peut-être moins grave que vous le pensez car une enfant est facile à soigner, soignée à temps et énergiquement, nul doute que votre petite fille marchera. Normalement on dit en effet beaucoup de bien du sana de Penbron et j’ai connu une fillette qui atteinte de coxalgie en est revenue complètement guérie et marche maintenant comme vous et moi.
Monsieur Gourby dit que vous allez continuer à faire marcher le commerce, j’espère pour vous que de ce côté tout ira aussi bien que possible.
En tout cas, si pour un ennui ou une difficulté quelconque vous avez besoin de nous, n’hésitez pas à nous écrire, vous savez que vous pouvez compter sur notre amitié.
Ici, nous nous portons bien, notre pierrot est un fort bébé, à six mois, il pèse plus de 16 livres et demi, il pousse comme un champignon et a fait quelques rages de dents (il en a une depuis quelques jours, ses colères ne sont pas très fréquentes).
Mon mari a oublié de demander l’adresse de Monsieur Gourby , il vous envoie sa lettre en vous priant de la lui envoyer.
Bon courage, chère madame, ne vous découragez pas. Le bon Dieu vous aidera, je prierai pour vous. Pierrot envoie ses bons baisers à vos deux petites filles.
Je vous envoie mon meilleur souvenir.
MH Baranger



Saumur le 31/12/26
Chère madame,
Je ne veux pas tarder à vous offrir au nom de ma petite famille, nos meilleurs et bien sincères vœux pour 1927. Nous vous souhaitons le courage qui vous est nécessaire pour mener à bien la tâche lourde, pour vous seul, pauvre amie, d’élever vos deux petites filles, puis la réussite dans votre commerce, une bonne santé dont vous avez tant besoin. Il y a quelques jours que nous n’avons eu de vos nouvelles. Au moment de votre dernière lettre, vous nous disiez être souffrante. J’espère que vous ne l’avez pas été trop gravement et que vous n’avez pas été obligée de vous arrêter, ce que vous craigniez.
Et vos petites filles comment se portent-t-elles ? Aussi, bien que possible, je pense, Raymonde doit être déjà toute grande. Comme elles doivent être pour vous, une grande et bien douce compagnie, ces deux petites, surtout en ces jours de fête qui sont des jours de réunion de famille, et oú, la pensée de votre cher disparu doit se faire encore plus vivante à votre esprit ?

Pauvre monsieur Gourby ! Nous pensons souvent à vous et à lui, je vous assure, et je n’oublierai jamais les quelques bons moments que nous avons passés ensemble. Lorsque nous étions allés vous voir à Couëron, et lorsque vous êtes venus à Saumur. Mon mari, qui avait pu l’apprécier au régiment l’aimait beaucoup, et du premier coup ma sympathie lui avait été acquise. Aussi, chère madame, soyez assurée que nous vous continuons cette bonne amitié, et que nous sommes prêts à vous rendre les services dont vous pourriez avoir besoin. Notre petite vie est toujours bien calme, mon mari à la maison Amiot, et moi dans notre petit logement puisque nous n’avons encore rien trouvé de plus grand à notre convenance. Notre Pierrot est un petit diablotin qui a déjà deux ans passés. Il n’est pas méchant, mais turbulent possible. En ce moment il s’amuse énormément avec les jouets nouveaux que le petit Jésus lui a apporté. Il jouit d’une parfaite santé et pousse à merveille.

A Saumur il y a actuellement comme un peu partout, je crois une épidémie de grippe, ce n’est pas étonnant d’ailleurs, avec la mauvaise saison que nous avons eu à subir jusqu’à ce jour, Elle nous a épargné et j’espère bien que nous nous en passerons. J’étais assez souffrante du foie cet été. Je suis un régime assez strict et en ce moment je me porte bien. Mon mari lui est toujours solide et vaillant.

Je vous renouvelle, chère madame, nos meilleurs vœux pour vous et vos deux petites filles que Pierrot embrasse bien tendrement.
Mon mari se joint à moi, et nous vous envoyons chère madame, l’assurance de nos meilleurs sentiments
MH Baranger
Avec nos meilleurs vœux pour vous, vos deux petites filles et votre famille
P Baranger

mardi 27 février 2024

Retour sur le projet original de soins

 

Sanatorium de Buzenval



19 mai 1925

Monsieur,
J’ai reçu votre lettre et le certificat. J’ai à votre disposition le lundi 25* courant une chambre au deuxième étage, sans cabinet de toilette, façade sud, de 33 Fr. par jour au tarif d’été.
Soyez assez aimable de me dire par courrier si vous acceptez, car j’ai de nombreuses demandes. En cas d’affirmative, faites-moi tenir un mandat de 200 Fr., comme arrhes à valoir sur la première quinzaine.
Le malade doit apporter vêtements, usagés, linge de corps, serviettes de toilette, une garniture de chaise longue et une ou deux couvertures ( les grands magasins * peuvent livrer ces objets de Cure). Un crachoir de poche, en métal de préférence. Thermomètre médical, deux sacs à linge en forte toile (on peut en trouver au sanatorium). Chaussons et caoutchoucs ou sabots.
À vous lire,
Veuillez croire, Monsieur, à mes sentiments dévoués.
Docteur Poussard


* Le 28 mai, une semaine après, Raymond sera au sanatorium, dès réception de ce courrier la décision a été prise, il faut croire que l'inquiétude face à cette maladie redoutable était très grande ! Deux mois et demi plus tard il rentrera toujours fiévreux et très amaigri à Couëron ! 





* La référence aux " grands magasins" montre bien l'origine parisienne de la clientèle de ce sanatorium, je note également les heures de consultation et le numéro de tel barrées de ce médecin propriétaire du sanatorium. Mon grand-père a vite remarqué qu'il ne le voyait pas aussi souvent qu'il l'aurait souhaité, c'est le fils du médecin propriétaire qui faisait les visites aux malades... 
Ce qui est le plus remarquable, c'est le specimen de menu d'hiver qui promet une alimentation revigorante ! 


lundi 26 février 2024

1929, de Basse indre à Couëron, le retour !

 


Paris 9 janvier 1929.

Chères cousines.

Des vœux exprimés sur une simple carte de visite.....je viens à nouveau aujourd’hui les renouveler plus longuement. Ils sont tous aussi sincère et en plus nous souhaitons de tout cœur un prompt et complet rétablissement pour cette pauvre petite mimi, encore une fois condamné à garder la chambre. Pas moyen que cette maudite bronchite disparaisse et tous les ans app, appareil époque, elle se montre pour dire que cet enfant a encore besoin de beaucoup de soins. Mais il ne faut pas désespérer car avec l’âge les forces viendront et ces dernières arriveront bien à vaincre cette petite maladie chronique.

À l’heure actuelle, nous aimerions croire qu’il y a beaucoup de mieux. Et toi, Célestine, toujours solide au poste avec un commerce qui marche bien, tant mieux et nous souhaitons qu’il en sera ainsi de longues années. Pour nous, rien de nouveau, Marie est un peu rétablie, à presque abandonné le régime. Nous avons eu ces jours dernier, une période de grand froid mais depuis quelques jours la température s’est adoucie. D’après les journaux, il n’en est pas de même dans la région nantaise: Attention à la grippe

Encore tous nos meilleurs vœux pour 1929 et tous deux nous vous embrassons bien fort. 

Joseph et Marie 


Marie ajoute ensuite .

Bonne santé à toutes deux, surtout ne vous ennuyez pas trop depuis le départ de votre sœur *. Heureusement que vous avez votre petite mimi. Je vous embrasse bien, toutes deux, marie.


  • courrier de Joseph Gourby, le cousin de Raymond Gourby , employé des postes à Paris (  Raymond, orphelin de père et mère à 4 ans , a été élevé par son oncle , le père de Joseph, qui s’appelait aussi Joseph Gourby )


  • Marie, la sœur de Celestine, s’est mariée à cette époque avec un enseignant professeur de latin grec, que nous connaissons bien: Jean Minier, elle est devenue la  tante Marie de notre enfance, il aura plus tard  un premier poste de proviseur à  Cholet, puis terminera sa carrière au « collège moderne » à Nantes où j’irai passer mon bac, et où Ondine se trouve actuellement ( collège Victor Hugo)

Paris, le

  • Paris le 20 mars 1929

Chère cousine


 Il y a longtemps que je voulais vous écrire votre carte de bonnes fêtes reçue ce matin me fit penser que je vous avais oubliées.

Aussi dès ce soir je prends mon courage, car à vrai dire, il y a bien un peu de flemme de ma part pour pour écrire.

Enfin, nous voulons vous croire toutes les deux en parfaite santé, voilà les beaux jours, Mimi sera sans doute maintenant plus tranquille que cet hiver, elle a bien eu encore une petite attaque de bronchite, mais pas trop grave… et avec de bons soins constants, elle arrivera bien à se remettre complètement. Comment va le commerce ? Es-tu enfin arrivé à te débarrasser de celui de Basse-Indre ? *

Pour nous, rien de nouveau dans notre vie. Marie est en ce moment passablement fatigué par l’estomac, elle a été obligée de voir le docteur, et depuis une huitaine, elle a déjà une petite amélioration, espérant que cela continuera, pour nous permettre à Pâques d’aller respirer un peu l’air de la mer, et pour nous permettre d’attendre plus facilement les grandes vacances.

Vous remercie de vos souhaits, de bonnes fêtes et tous deux. Nous vous embrassons de loin. 

Joseph, Marie 20 m

ars 1929


  • le commerce de Basse Indre est une petite épicerie que Célestine ( notre grand-mère) avait dû reprendre début 1926, devenue veuve à 25 ans avec deux petites filles, l’entreprise liquidée, pour gagner sa vie. Elle s’y était installée avec sa sœur Marie! En ce lieu, l’année suivant, Raymonde va mourir, et Marie sa sœur rencontrer son futur mari ! Incapable de continuer à y vivre après la mort de sa fille, elle retournera à Couéron, profitant de l’opportunité d’une petite épicerie dans la grande rue de Couéron, un peu plus bas que le magasin de vêtement «  À Jeanne d’arc » où travaillait Henri et Rose Dumoulin et leurs deux enfants Henri et Thérèse. 


Chères cousines


 Il y a longtemps que je voulais vous écrire votre carte de bonnes fêtes reçue ce matin me fit penser que je vous avais oubliées.

Aussi dès ce soir je prends mon courage, car à vrai dire, il y a bien un peu de flemme de ma part pour pour écrire.

Enfin, nous voulons vous croire toutes les deux en parfaite santé, voilà les beaux jours, Mimi sera sans doute maintenant plus tranquille que cet hiver, elle a bien eu encore une petite attaque de bronchite, mais pas trop grave… et avec de bons soins constants, elle arrivera bien à se remettre complètement. Comment va le commerce ? Es-tu enfin arrivé à te débarrasser de celui de Basse-Indre ? *

Pour nous, rien de nouveau dans notre vie. Marie est en ce moment passablement fatigué par l’estomac, elle a été obligée de voir le docteur, et depuis une huitaine, elle a déjà une petite amélioration, espérant que cela continuera, pour nous permettre à Pâques d’aller respirer un peu l’air de la mer, et pour nous permettre d’attendre plus facilement les grandes vacances.

Vous remercie de vos souhaits, de bonnes fêtes et tous deux. Nous vous embrassons de loin. 

Joseph, Marie

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*Le commerce de Basse Indre est une petite épicerie que Célestine ( notre grand-mère) avait dû reprendre début 1926, devenue veuve à 25 ans avec deux petites filles, l’entreprise liquidée, pour gagner sa vie. Elle s’y était installée avec sa sœur Marie! En ce lieu, l’année suivant, Raymonde va mourir, et Marie sa sœur rencontrer son futur mari ! Incapable de continuer à y vivre après la mort de sa fille, elle retournera à Couéron, profitant de l’opportunité d’une petite épicerie dans la grande rue de Couéron, un peu plus bas que le magasin de vêtement «  À Jeanne d’arc » où travaillait Henri et Rose Dumoulin et leurs deux enfants 

Condoléances

 La Sinière, le 4 décembre 1925



La Sinière, le 4 décembre 1925

Ma chère petite Célestine
Comme il m’est dur d’être séparé de toi en ces tristes jours, comme je voudrais bien te serrer bien fort sur ma poitrine, bien te faire comprendre que je veux une part de ton chagrin. Ma petite Célestine avec toi quand même, d’ici, j’ai prié, j’ai pleuré, je t’ai suivi par la pensée à l’église et au cimetière, j’en ai eu la consolation de constater que ton cher petit Raymond a quitté la terre juste à l’heure où j’ai, pour lui,récité de tout mon cœur, la prière des agonisants.
Et maintenant ma petite Célestine, courage, courage, ton cher Raymond te voit toujours, et tu continues à faire comme tu l’as toujours fait, de ton mieux, pour lui faire plaisir, au je le sais, ta tâche est lourde, tu auras peut-être aussi des jours où tu sentiras davantage que d’autres, le poids de la séparation de ton bien-aimé , en ces jours , ma petite Célestine, tu prieras le bon Dieu de te donner la grâce, et tu voudras bien, malgré que je suis bien peu, ne pas m’oublier, et ne pas craindre de tout me confier, ton chagrin, de cela, je t’en supplie, je serai bien plus heureuse, lorsque tu me le communiquera, que si j’apprenais que tu voulais m’éviter de la peine. Sois certaine que je suis bien peiné de ce qui t’arrive. Oh, ma petite Célestine n’augmente plus cette peine par une séparation complète. Quand tu le pourras, écris-moi quelques mots, dis-moi que tu acceptes toutes les peines que le bon Dieu t’envoie. Dis-moi que tu te soignes bien que tu n’oublies pas que tes chers petites filles te crient bien fort : maman, maman, nous avons besoin de toi, ma chère petite Célestine. Ne les prive pas de ton sourire, c’est le monde vain qui défend d’être gaie quelques mois seulement après la mort, nous en vrais chrétiens, nous savons que Dieu fait tout pour le salut de nos âmes. C’est lui qui commande à la vie et à la mort et, plus fort de notre foi, nous n’oublions jamais nos morts, et au milieu de nos plus grands chagrin, nous pouvons sourire, et répandre autour de nous un peu de cette entrain qui adoucie les trop dur travaux qu’il faut faire pour gagner sa vie.
Ma chère petite Célestine, je te quitte ce soir. Je confierais ma lettre demain à Bageot, je sais que dimanche on va déplâtrer Raymonde. Allons, deux mois seront encore vite passé, surtout que ce ne sera pas les plus beaux mois de l’année, après ma petite Célestine tu viendras me…..( voir …page manquante…)

Raymond est mort une semaine avant cette lettre .
Je pense qu’il s’agit là d’un courrier de sa tante Bretécher ( une tante du père de Célestine et de la  Marie qui deviendra Minier: pierre Legendre, le menuisier qui jouait de l'harmonium en chantant à plein poumon à  l'église de Couëron) 
qui habitait à la Sinière près de Couéron, étaient elles en froid à ce moment ? Il semble bien d’après la tonalité de cette lettre.

jeudi 22 février 2024

Épilogue, la décision du retour

 Buzenval le 5 août 1925

Bien chère petite femme


J’ai reçu ta lettre hier matin, je ne sais trop comment te répondre à ce sujet. Il est certain que depuis je suis ici, la température n’a pas baissé ; il aurait fallu je crois me mettre au lit dès en arrivant, et y rester jusqu’à temps qu’elle baisse.
Ma première impression, en rentrant, dans ce sanatorium, a été qu’on ne s’occupait pas assez des malades. J’étais parti après l’idée qu’au moins nous serions surveillés de près, j’ai été déçu. Chaque quinzaine qui passait m’apportait une diminution de poids. Il a fallu que j’en arrive à mon deuxième kilo pour que tout le monde commence à s’en inquiéter sans pour cela faire quoi que ce soit pour faire baisser cette température qui était la cause première de tout.
Je t’ai dit dans ma dernière lettre que dimanche que j’avais eu davantage de température, j’avais eu 39°2. J’avais attribué cela à la cure que j’avais faite dehors au lieu de la faire dans mon lit. Lundi je me suis couché comme d’habitude, après déjeuner, et le soir, j’avais encore 39°. Je n’ai pas osé donner ce chiffre à l’infirmière, car je me disais que si ça ne durait pas longtemps, le médecin n’avait pas besoin de le savoir pour me mettre au lit pour ton arrivée. Pourtant je m’étais résigné si j’en avais eu autant hier soir, à rester au lit, et dire la vérité.
Au sujet de ton voyage, je ne tiens pas à ce que tu viennes dès dimanche, car si c’est une poussée que je fais en ce moment, tu ne sauras pas si je serai capable de supporter le voyage. Il vaut mieux que tu viennes le 14 comme c’était convenu, et là nous verrons ce que nous aurons à faire.
Si je me décide à partir, nous aurons juste les huit jours, pour avertir de mon départ, puisque la quinzaine finit le 22. Je t’avoue que j’aimerais autant partir à cette date, et cela serait pour notre bourse une économie de 1300 Fr..
Pour Monsieur Desclaux, je ne serai pas d’avis que tu ailles le trouver, car s’il est mal tourné, il est plus que probable qu’il prendra ça du mauvais côté et n’acceptera pas tes explications. Il dira que nous manquons de patience, et que nous nous faisons des idées.
Je lui écrirai plutôt d’ici, sans lui dire mon intention de partir. Une fois à Couëron, je n’irai le trouver qu’à la fin de septembre et, hqui sait peut-être aurons-nous réussi à faire baisser la température.
Dis-moi quand même l’arrivée de ton train à Saint-Cloud, et je te préviendrai à temps si je peux aller te chercher. Surtout ne t’affole pas autrement, il y a des moments où il y a de quoi désespérer, mais mais courage quand même.
Je vais te citer un cas qui me revient à l’idée : Dans la chambre que j’occupe, était avant moi, une dame qui faisait comme moi beaucoup de température, elle a demandé sans cesse au docteur de pouvoir rester à la chambre, il n’a jamais voulu et cette dame est partie au bout d’un mois. enfin, nous parlerons de tout cela de vive voix bientôt.
Allons, au revoir et bon courage. Ton mari qui t’aimes plus que jamais. Raymond.

dimanche 18 février 2024

La panique

 Couéron , le 4 août 1925



Bien cher petit mari

.Je viens de recevoir ta lettre à l’instant, je voulais l’attendre avant de te réécrire de nouveau. De la façon dont tu as reçu ta lettre la semaine dernière, je vois que quand je les envoie au courrier de cinq heures, cela les avance, je crains donc que tu n’ai celle-ci que jeudi.
Tu me demandes un mandat carte car tu payes dès le huit, je ne croyais pas que c’était si vite. D’après ce que je t’ai dit sur ma dernière lettre, comment vas-tu faire ?
Vas-tu te décider à rester ou vas-tu revenir. Je croyais qu’en allant te voir dimanche 9, j’aurais arrivé avant que tu payes ta quinzaine, on aurait pu parler de cela, et si on s’était décidé à ce que tu reviennes, tu les aurais averti à cette quinzaine ci! 🐇🐇
Tu vas faire comme tu vas vouloir mon petit lapin ! Il faut que je t’avoue que je suis vraiment chagrin de te voir avec une température pareille si loin de moi. il me semble que tu garderais le lit pendant quinze jours trois semaines s’il le fallait, bien dorloté, ça serait tout de même bien le diable si on ne la faisait pas tomber. Clémentine a bien réussi elle! Tu ne me dis pas combien tu as eu samedi et dimanche….tu as donc eu beaucoup!
Je trouve que dans cet établissement on ne fait rien pour qu’elle baisse, je n’ai pourtant pas eu l’intention de t’envoyer là pour me débarrasser de toi, mais pour qu’on te soigne mieux que moi et c’est le contraire.
Voilà marie qui arrive, elle me dit de partir dès jeudi soir, comme cela j’assisterai à la consultation, je parlerai au docteur et ensemble après, tous les deux nous nous déciderions, oui ou non si tu dois rester.
Pour le manger et pour la chambre, ne t’inquiète donc pas je ne coucherai pas dehors. Pour venir me chercher, ne t’inquiète pas non plus. Je vais très peu me charger et ferai bien la route à pied. De toute façon je partirai jeudi soir, car ici je ne vis plus….mais ne te fatigue nullement à chercher, chambre ou nourriture pour moi, ce n’est pas la peine, je trouverai toujours.
Je ne t’en mets donc pas plus aujourd’hui, je serai avec toi de vive voix, vendredi matin, nous causeront.
Pour moi, j’ai envie que tu t’en reviennes, Monsieur Desclaux n’est pas content, il y a d’autres médecins, je me demande parfois s’il tombe bien dans ta maladie, vois l’oncle à Madame Porchet, il le soignait pour une lésion et c’était l’enveloppe du poumon qui était malade!





Ta petite femme qui t’aime à la folie, je te couvre de gros baisers Célestine

Je pense que si tout de même dans ta lettre que je vois, la lettre de dimanche, tu me disais que cela t’ennuie que je parte si vite, que tu préfères que je n’aille quà la mi août, j’attendrai peut-être, ne sois pas inquiet, tu connais mieux que moi ta santé !