jeudi 22 février 2024

Épilogue, la décision du retour

 Buzenval le 5 août 1925

Bien chère petite femme


J’ai reçu ta lettre hier matin, je ne sais trop comment te répondre à ce sujet. Il est certain que depuis je suis ici, la température n’a pas baissé ; il aurait fallu je crois me mettre au lit dès en arrivant, et y rester jusqu’à temps qu’elle baisse.
Ma première impression, en rentrant, dans ce sanatorium, a été qu’on ne s’occupait pas assez des malades. J’étais parti après l’idée qu’au moins nous serions surveillés de près, j’ai été déçu. Chaque quinzaine qui passait m’apportait une diminution de poids. Il a fallu que j’en arrive à mon deuxième kilo pour que tout le monde commence à s’en inquiéter sans pour cela faire quoi que ce soit pour faire baisser cette température qui était la cause première de tout.
Je t’ai dit dans ma dernière lettre que dimanche que j’avais eu davantage de température, j’avais eu 39°2. J’avais attribué cela à la cure que j’avais faite dehors au lieu de la faire dans mon lit. Lundi je me suis couché comme d’habitude, après déjeuner, et le soir, j’avais encore 39°. Je n’ai pas osé donner ce chiffre à l’infirmière, car je me disais que si ça ne durait pas longtemps, le médecin n’avait pas besoin de le savoir pour me mettre au lit pour ton arrivée. Pourtant je m’étais résigné si j’en avais eu autant hier soir, à rester au lit, et dire la vérité.
Au sujet de ton voyage, je ne tiens pas à ce que tu viennes dès dimanche, car si c’est une poussée que je fais en ce moment, tu ne sauras pas si je serai capable de supporter le voyage. Il vaut mieux que tu viennes le 14 comme c’était convenu, et là nous verrons ce que nous aurons à faire.
Si je me décide à partir, nous aurons juste les huit jours, pour avertir de mon départ, puisque la quinzaine finit le 22. Je t’avoue que j’aimerais autant partir à cette date, et cela serait pour notre bourse une économie de 1300 Fr..
Pour Monsieur Desclaux, je ne serai pas d’avis que tu ailles le trouver, car s’il est mal tourné, il est plus que probable qu’il prendra ça du mauvais côté et n’acceptera pas tes explications. Il dira que nous manquons de patience, et que nous nous faisons des idées.
Je lui écrirai plutôt d’ici, sans lui dire mon intention de partir. Une fois à Couëron, je n’irai le trouver qu’à la fin de septembre et, hqui sait peut-être aurons-nous réussi à faire baisser la température.
Dis-moi quand même l’arrivée de ton train à Saint-Cloud, et je te préviendrai à temps si je peux aller te chercher. Surtout ne t’affole pas autrement, il y a des moments où il y a de quoi désespérer, mais mais courage quand même.
Je vais te citer un cas qui me revient à l’idée : Dans la chambre que j’occupe, était avant moi, une dame qui faisait comme moi beaucoup de température, elle a demandé sans cesse au docteur de pouvoir rester à la chambre, il n’a jamais voulu et cette dame est partie au bout d’un mois. enfin, nous parlerons de tout cela de vive voix bientôt.
Allons, au revoir et bon courage. Ton mari qui t’aimes plus que jamais. Raymond.

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