mercredi 7 février 2024

28 juillet, la " bonne mère" n'a pas exaucé les prières !

 





Mon Raymond, trop aimé
Ce matin j’ai été à Nantes et à mon arrivée, je pensais bien avoir une lettre de toi, mais il n’y avait rien, je vis donc tout l’après-midi dans l’espoir d’en avoir une ce soir. Ces lettres ne sont-elles pas en ce moment toute notre vie, sitôt lues, nous commençons à attendre la suivante, aussi les jours nous paraissent longs!
Comme c’est donc dur, quand l’on s’aime, de vivre séparés, c’est dans ces moments de séparation, que nous sentons davantage que nous sommes faits pour vivre l’un avec l’autre. Offrons donc, au bon Dieu, les peines et les souffrances que nous occasionne cette nouvelle épreuve pour obtenir un retour, une amélioration dans ta santé, en attendant qu’il nous la donne complète. Tous ces jours-ci, nous avons prié Sainte-Anne dont la fête était le 26, nous avons fait brûler deux cierges, j’ai fait une petite offrande aux âmes du purgatoire ; je veille aussi à ce que la petite lampe de Sainte Thérèse soit constamment allumée. Je me sens plus disposée à la prière, malheureusement ce n’est pas toujours comme cela, j’aurais été heureuse de renvoyer 25 Fr. à Notre-Dame de la Salette si ta température avait baissé, mais cette bonne mère, jusqu’à présent, n’a pas exaucé nos prières!
Pour moi, cette fièvre est la conséquence du surmenage que tu as eu durant l’année que tu as dirigé ton commerce, car cette fièvre tenace n’est pas venue en un jour, on t’a laissé faire jusqu’à ce que les forces qui te restaient malgré ta maladie ont été épuisées. Plus je vais, moins je peux envisager le père Grolleau, il ne vivait que de l’heure présente et ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, ou du moins si il nous a averti quelques fois, il a toujours fait entre les dents et pas assez sérieusement!
Ce matin, j’ai été trouver Monsieur David qui m’a dit que ce n’était pas le moment de « traiter », d’abord la gayette à de nouveau augmenté et il ne pourrait le faire à moins de 269 Fr. , et pas au-delà de septembre.
Maintenant avec les grèves anglaises, la situation n’est pas trop sûre, car ils vont essayer de mélanger au Cardiff du charbon français et si cela donne du bon travail, les gayettes et braisettes baisseront peut-être. Alors ils ne nous engage pas à traiter.
Puis j’ai été voir ma petite Marie, elle donne beaucoup de peine à Lucie, elle souffre beaucoup des dents et à moins d’appétit ces jours-ci qu’elle avait d’habitude, si elle continuait à être mal en train comme ça, je la reprendrai un peu.


Lucie a aussi je crois un tort question nourriture, il y a un médecin du dispensaire qui dit qu’il faut lui donner que du lait ou du laitage. Marie qui n’y était pas habitué et qui n’aime pas beaucoup cela, ne tape pas beaucoup dessus. Aussi ce matin, j’ai dit à Lucie de lui donner de la soupe et un œuf, je vais lui en envoyer une demi-douzaine demain matin par Madame Vignon car là-bas on n’en trouve pas de frais. Enfin j’espère que ce n’est que ses grosses dents qui la dérangent, avec un peu de constipation car les médecins ne lui trouvent rien.
J’ai aussi acheté un peu de fil de coco, car Bageot disait qu’il y avait pas mal de sacs déchirés, à part cela, le commerce va, question charbon, pas trop mal, mais les roulage ne donnent pas bien fort, aussi si demain matin il ne mouille pas, nous allons rentrer un peu de foin. Je ne vais pas aller prévenir tonton car il bat son grain samedi et m’a dit dimanche qu’il ne fallait pas compter sur lui cette semaine.
Monmonde va toujours très bien, elle engraisse plutôt alors que la petite a Sidonie est l’ombre d’elle-même dans son appareil.

Ta Raymonde nous désennuie beaucoup par son caquet qui n’arrête pas souvent. Moi en ce moment je tiens un petit rhume, la faute en est au temps qui est plutôt froid avec beaucoup de pluie ces jours-ci. Je vais terminer car mon papier est plein, en te disant toute l’affection que tu garde celle qui t’aime plus que jamais.

6h15, le facteur vient de passer et je n’ai encore rien, tu ne m’as donc pas écrit dimanche ou lundi, il ne serait pourtant rien arrivé de mal, vraiment je suis inquiète. Si je n’ai encore rien demain, ce que je vais être inquiète. Oh, je t’en prie, une simple carte, mais ne me laisse pas sans nouvelles, cela fait trop souffrir.
Ta Cicine qui t’aime follement.




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