mercredi 24 septembre 2014

Terre des hommes

En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre.
Si je cherche dans mes souvenirs ceux qui m'ont laissé un goût durable, si je fais le bilan des heures qui ont compté, à coup sûr je retrouve celles que nulle fortune ne m'eût procurées. On n'achète pas l'amitié d'un Mermoz, d'un compagnon que les épreuves vécues ensemble ont lié à nous pour toujours.
Cette nuit de vol et ses cent mille étoiles, cette sérénité, cette souveraineté de quelques heures, l'argent ne les achète pas.
Cet aspect neuf du monde après l'étape difficile, ces arbres, ces fleurs, ces femmes, ces sourires fraîchement colorés par la vie qui vient de nous être rendue à l'aube, ce concert des petites choses qui nous récompensent, l'argent ne les achète pas.
Extrait de " terre des homme"  ,  Antoine de Saint-Exupéry 

Cuando trabajamos solamente para los bienes materiales, estamos construyendo nosotros mismos nuestra prisión. Encierramonos solitarios con nuestra ceniza moneda que produce nada que vale la pena  vivir
Si busco en mis recuerdos los que han dejado un sabor duradero, si miro hacia atrás en las horas que importaron, por cierto encuentro las que ninguna fortuna me habria dado. No se compra la amistad de un Mermoz, de un compañero ligado à nosotros para siempre por los acontecimientos vividos juntos.
Ese vuelo de la noche y sus cien mil estrellas, Esa serenidad, esa soberanía de unas horas, no les compra el dinero.
Este aspecto nuevo del mundo después de la etapa difícil, estos arboles, flores, mujeres; sonrisas recien manchados por la vida  devolvida en la madrugada, este concierto de las cosas pequeñas, no les compra el dinero.
Extracto de " terre des homme"  ,  Antoine de Saint-Exupéry 

lundi 15 septembre 2014

Guarani/Castellano/Français: poésie sans frontière

Poème de 1791 de Lucila Fernandez

Peju mitã kuéra  ( Venez les enfants)  ( Vengan niños) 

Peju mitãn kuéra, peju pejupa   ( Venez les enfants, allons venez!)                 ( vengan niños, vengan, que vengan!)
Peju mbegueminte, peju pehecha  (venez bien lentement, venez que l'on vous voit)   ( vengan muy despacio, que le miran)
Hesu mitàmime ñandeisha ou, ( Jésus petit enfant nous est ainsi venu )                ( Jesus niño asi veniste )
Yvágui Itúa, ñandeve ombou.   ( Pour nous, sous la coupe du ciel)                        ( Por nosotros, debajo del cielo)

Mitã ne porãva yvagapegua (Enfant, beauté céleste)                                           ( Niños, celestial belleza) 
Eju, ejumina, che py'a ne renda.  ( Venez , venez,au pays de mon coeur)                ( Venga nel pâis de mi corazon)
Evy'a che py'ape, ipype epyta,  ( Pour qu'il demeure heureux)                               ( Para que sigue feliz)
*Ani resēve, ani chereja ( ? )      (  Ne partez pas, ne m' abandonnez pas!)                ( No salga mas, no me dejes)         

Peju mitãn kuéra, peju pevy'a  ( Venez les enfants, venez la joie )                          (Vengan niños, venga felicidad)
Maria isype, avei pevy'a,  ( Car vous voyez dans le coeur de Marie)                     ( Vos que miran nel corazon de Maria)

Maria, che sy, chepytyvōmi,   (Marie, notre mère,  viens à mon aide)              (Maria nuestra madre, ayuda me)
Ani ne membygui maramo ajei  (Jamais ne renoncerai en mémoire de ton fils!)      ( Nunca me rendaré en memoria de tu hijo)

Traduction du guarani / français/ castellano : Henri Dumoulin , le 12 septembre 2014 . Crée en  1791  par Lucila Fernandez

*Assistance technique de Gisèle Ortiz habitant Villarica au  Paraguay pour la phrase en rouge ) 

lundi 1 septembre 2014

Les anges musicaux

Des Complexes vibratoires

Il ne faudrait pas aller à la rencontre d'une oeuvre musicale comme si elle n'était qu'un assemblage, une succession de sons évoluant dans le temps. 
On va plus loin en la contemplant comme une architecture sonore qui apparait , vivante pour nous dans notre temps et notre espace. 
J'ai souvenir d'un homme lors d'un stage de musique grégorienne, qui parlait volontiers "d'anges musicaux", d'êtres musicaux....aujourd'hui je trouve cette métaphore trop figée, imprégnée d'images et d'émotions liées à une certaine culture religieuse...
.Il y a, potentiellement dans cette rencontre, bien plus que ce qu'on imagine habituellement....

Il y a évidemment la composition musicale musicale basique imparfaitement retranscrite par une partition qui sera la trame pour un musicien lui permettant de recréer à travers son être profond  l'innommable .  Ces sons, bien au delà du spectre sonore audible, sont un peu la partie émergé d'un iceberg d'harmoniques infinies...
Ils interagissent avec nous du microvibratoire au macrovibratoire....Comme on commence à comprendre qu'au niveau le plus élémentaire, infinitésimal la matière n'est que vibrations, on imagine comment ces créations peuvent entrer en résonance avec le plus intime de notre être. Dans cette optique, on imagine aussi aisément la différence énorme entre un enregistrement, aussi "fidèle" soit-il, et ce qui se passe devant moi, par cet humain qui officie, par lui, avec lui, en lui, par cet instrument qui crée des harmoniques, par l'édifice dans lequel je suis qui les accueille, qui les modifie, qui en crée d'autres....

J'aime à imaginer  le travail long , le travail d'accoucheur que certains hommes sont appelés à réaliser pour mettre au monde des "êtres musicaux", de vivants complexes vibratoires venus en ce monde.  Il pourrait d'ailleurs s'agir plus d'un échange..."je viens dans ton monde en échange d'un peu, de beaucoup de ton énergie vitale" ....Bien des compositeurs ont été "dévorés " par ce qu'ils offraient au monde. 
Et cette "création" , cette mise au monde, se reproduit évidemment à chaque fois 
qu'un artiste arrive les mains vides, salut le public, et invite à participer au ...sacrifice ..J'ai le souvenir , la semaine dernière, une petite et frêle japonaise qui m' a offert le puissant Klavierstücke de Robert Schumann puis le mystérieux Gaspard de la nuit de Ravel.....un ravissement au sens propre du terme!

jeudi 24 juillet 2014

Manuel Ortiz Guerrero


 En 1897, est né dans la ville de Villarica, dans la Guaira du Paraguay, le poète Manuel Ortiz Guerrero,fils de Vicente Ortiz et  Susana Guerrero, sa mère qui mourru en donnant le jour à son fils.
Ortiz Guerrero a été élevé par sa grand-mère paternelle: Doña Florencia Ortiz. Il a fait ses premières études dans une école de Villarrica où il s'est fait remarquer pour son aversion pour les tâches scolaires. 
Timide et en rentrait, il était affectueux et aimait la solitude. Dans le collège national de Villarrica il s'est fait une réputation de bon orateur, et réalisa ses premiers poèmes. Ses compagnons lui alors donné le surnom qui l'immortalisa : Manú.
Il a publié ses premiers poèmes dans la "Revue du centre estudiantin" de Villarica , à la suite de cela, des journaux de la capitale lui ouvrirent leurs portes. Une de ses œuvres les plus consacrées, le très beau poème “Loca” paru dans la revue “Letras” et attira l'attention générale, le poète sut alors toucher l'âme de son peuple.
 On raconte que alors que Manu était dans un bar, Anselmita Heyn, l'une des femmes les plus belles les plus courtisées du pays dans les année 1930. Il récitait quelques un de ses vers, lorsqu'il eut terminé elle lui fit passer un billet pour son art. Le recevant, Manu à écrit un poème au dos du billet et le lui a rendu immédiatement.
Le poème porte le non de “ Endoso lirico ( Endossement ou approbation lyrique) ” nous le partageons avec vous en le dédicaçant tout spécialement à tous ceux qui avancent dans cette vie en courant comme des fous derrière l'argent, hypothéquant leur pensées, leurs sentiments, leurs idéaux et leur dignité.
Orateur à la voix ardente et mélodieuse, il écrivit des poésies aussi bien en Espagnol qu'en Guarani, il est mort en 1933, à 36 ans à Asuncion, après des années de réclusion, victime de la Lèpre…! A Villarica un monument original lui est dédié, en forme d'arbre dans lequel est incrusté une harpe, et deux bras….!

"Endoso Lirico"

No todo en este mundo es mercancía     ( tout n'est pas marchandise en ce monde)
Ni tampoco el dinero es el blasón                    ( Et l'argent n'est pas mon blason)
Mejor pulido por la cortesía                             ( mieux orné par la courtoisie
Para la ufanía de mi corrección.                    ( Pour la vanité de ma correction)

Sobre la torre de mi bizarría                        (  Sur ma tour étrange)
Sin mancha flota el lírico pendón:                ( flotte immaculé l'oriflamme lyrique) 
Como ebrio de azul, hago poesía,               (  Ivre du ciel, je fais de la poésie)
Pero honrado es mi pan, como varón.        ( Mais mon pain de garçon est honnête)
Devuélvole este billete a Ud. precioso         ( Je vous rend ce billet , ma chère)
Con mi firma insolvente por endoso:            (  Endossé de ma signature insolvable)
Sométalo a la ley de la conversión,             ( Soumettez le aux cours des changes)
Que, a pesar de juzgárseme indigente          (  Car, me considérant indigent…)
llevo un Potosí de oro viviente                  ( Je possède un "Potosi" d'or flamboyant)
Que pesa como un mundo: el corazón      ( Pesant comme un monde: mon coeur!)


Músico soy, de música sencilla,
Feliz con regalar un aire al viento.
A veces en mi flauta hay la cosquilla
y el ceceo de luz en un pensamiento.

Pensamiento glorial que está en semilla
Debajo de mi lengua ¡oh qué tormento!
Que no puede ser voz, y es pesadilla
De tremenda ansiedad en cada acento.

Con todo, así, sentado en la gramilla,
Bajó el combo total del firmamento,
Suelo ensayar mi música sencilla,

A veces con dolor, pero contento.
Mi instrumento es de caña de Castilla
Aún verde y . . . guaranítico mi aliento.


Mon instrument


Je suis un simple musicien

Heureux d'offrir un air au vent
Il y a parfois dans ma flute le chatouillement, 
Le bégaiement de lumière d'une pensée

Une pensée glorieuse semée sous ma langue

Quel tourment pour devenir  voix
Une anxiété tremblante dans chaque accent

Avec tout ça, assis dans l'herbe

Sous la voute du firmament
J'aime mettre à l'épreuve
Cette musique simple..

Parfois dans la douleur mais toujours satisfait

Mon instrument est fait de roseau de Castille
Encore vert….et mon haleine est Guarani !









Panambi vera (guaránia)     ( ci dessous: les papillons tellement familiers des chutes de l'Iguazu côté argentin en mai 2014) 
Panambi vera , Mariposa brillante, Papillon ….chatoyant!          
Ñe'ẽpoty ( poésie) : Manuel Ortiz Guerrero
Voici un lien vers une version chantée:
On écoute ce chant de l'âme Guarani! 

A gauche: version originale en guarani, à droite: traduction en français, à la ligne, en dessous à gauche: traduction en espagnol


 Panambi che raperãme                     Papillon qui sur mon chemin
resẽva rejeroky,                                    Sort danser 
nde pepo kuarahy'ãme                       A l'ombre de tes ailes
tamora'e añeñotỹ.                             Fait qu'elles soient mon linceul

Mariposa que en mi camino                   
sales a bailar, 
a la sombra de tus alas 
ojalá que me entierren.

 Nde réra oikóva ku eíra saitéicha          Ton nom,  comme le miel sylvestre
che ahy'okuápe,                                               Dans ma gorge
ha omohe'ẽva chéve                                      Adouci les  larmes 
amboy'úvo che resay.                                  Que je ravale

Tu nombre está como miel silvestre 
por mi garganta, 
y que me endulza 
mis lágrimas al tragarlas.

 Reguejy haĝua che pópe                    Pour que tu descende vers mes mains
aikóva anga romuña,                         J'aime te suivre en marchant
ha torýpe torypápe                            Et toi joyeusement 
che áripi rehasa.                                Passe au dessus de moi

Para que bajes a mis manos 
suelo andar siguiéndote, 
y [tú] con gran alegría 
pasas por sobre mí.

 Pe ñuatindýre ñu,                             Dans les prairies épineuses
ka'aguýre ñemuñahápe,                   A te poursuivre dans les bois
iku'ipáva che ánga                             Mon âme défaillante
che pópe huguy syry.                        Est dans mes mains sanglantes

Por esa pradera de espinas, 
persiguiéndote por el bosque, 
mi alma que se desvanece 
en mis manos está sangrando.

 Panambi ndeichagua                                               Papillon, tel que tu es
Tupã rymba nipo oime iporãva,                            Créature de Dieu, peut-être la plus belle
resẽ yvytúndie che yvotytýre nde saraki,      Tu vas dans le vent, batifolant, dans mes fleurs, ta nourriture 
remimbivérõ ko che resápe remimbipáva,       Bien que resplendissant, tu brilles encore plus dans mes yeux 
tove mba'éna nde rapykuéri tañehundi           Laisses moi maintenant errer bien après ton passage.

Mariposa como tu, lumbre de Dios
Habras ten hermosa?
Vas con el viento entre mis flores a retozar
Cuanto mas brilles, solo en mis ojos esplenderas
Y, entonces, deja que tras tu paso, me desatine!

Et maintenant on écoute ce bel hymne au Paraguay : en Espagnol et en Guarani  ( traduction en cours qui me prend plus de temps que je ne le pensais….)
Paraguaype chanté par le groupe ñamandu


Ayajhe’ota pende apîtepe
na rotîvéigui che vî’a’în
ajhîpîimita co pîjharepe
che resaîpe, Paraguai.

Plaza Uruguaya, selva aromada
¡Oh pajarera de mi canción!
orgullo mío, cúpula amada,
el Oratorio de la Asunción.
Che amomorãva cu umi burrera:
"ipî nandí jha jhesá jhovî",
che pî’apînte añopû jhera
jha che ajhogáta co tesaî.

Puerto Sajonia, mi desvarío,
azul cerrito de Lambaré,
la escalinata, Mangrullo, el río ...
mi canto errante te cantaré.
Purajhei pope co che amocãva
yerokîjhárpi, che resaî
jha ñasaindîrõ romongetava
che noviarãicha, Paraguaî.
Es la Bahía joya amatista,
Palma, Colombia, calle Amambay,
el ramillete de los turistas
¡flor de las flores del Paraguay!




samedi 19 juillet 2014

Ramon Ajala: El Mensu

J'ai rencontré Ramon Ajala à Posadas en Argentine il y a 2 mois , il a posé sa main sur mon bras en me disant: 
"En amor como en amistad, las personas que se encontran estan hechas de la misma madera..jo y tu estan de la misma madera!" 
En amour comme en amitié, les personnes qui se rencontrent sont faites du même bois…. toi et moi , nous somment du même bois"
Il était là , ce soir là , dans un bar de Posadas Provincia de Missiones
en Argentine, je venais de croiser sa statue, érigée de son vivant dans cette ville, avec comme unique inscription: " El Mensu" du nom de sa chanson la plus célèbre! 
Je me propose de lui rendre un hommage en essayant de ….passer dans la langue française un peu de sa puissante poésie!               Henri Dumoulin

 Découvrez le personnage en cliquant sur ce lien.In vivo en Uruguay , il y a quelques mois:   




 El Cosechero/ le Moissonneur

Ramón Ayala
El viejo río que va                                                                                       Le vieux fleuve qui s'écoule
cruzando el amanecer                                                                             Au travers du levant
como un gran camalotal                                                                         Emporte le radeau dans son tourbillon fou
lleva la balsa en su loco vaivén                                                             Comme un grand camalotal
Rumbo a la cosecha, cosechero yo seré                         En route pour la moisson, je serai moissonneur
y entre copos blancos mi esperanza cantaré              Et dans les flocons blancs chanterai l'espérance
con manos curtidas dejaré en el algodón                                      Laissant, de mes mains tannées
mi corazón.                                                                                                       Mon coeur dans le coton
La tierra del Chaco quebrachera y montaraz                                La terre du Chaco, rugueuse et sauvage
prenderá mi sangre con un ronco sapukay                                    Boira mon sang dans un rauque sapukay*
y será en el surco mi sombrero bajo el sol                                      Et mon chapeau dans le sillon
faro de luz.                                                                                                        Sera lumière sous le soleil
Algodón que se va, que se va, que se va                                          Coton toujours, encore, encore
plata blanda mojada de luna y sudor                                              Tendre argent gonflé de lunes et de sueurs
un ranchito borracho de sueños y amor                                        Je voudrais un petit ranch
quiero yo.                                                                                                          Ivre de rêves et d'amour.
Sombras negras en la costa, rojo en el horizonte                     Ombres noires sur la rive, rouges sur l'horizon
plomo en el río quieto que va atravesando el monte.                  Plombant un fleuve tranquille en traversé de monts
El alba pesa en el cuerpo del cosechero dormido            L'aube pèse au corps du moissonneur ensommeillé
Y el algodón de sus sueños le va tejiendo el destino        Et le coton de ses rêves lui tisse un avenir

De Corrientes vengo yo                                                          Je viens de Corrientes
Barranqueras ya se ve                                                             On  voit déjà Barranqueras
y en la costa un acordeón                                                        Un accordéon sur la rive 
gimiendo va su lento Chamamé.                                           Gémissant un lent Chamamé........
Algodón que se va, que se va, que se va              Coton toujours, encore, encore
plata blanda mojada de luna y sudor                  Tendre argent gonflé de lunes et de sueurs
un ranchito borracho de sueños y amor             Je veux un petit ranch
quiero yo.                                                                               Ivre de rêves et d'amour.


Ramón Ayala

*Sapukay est un mot guarani signifiant: un cri!






EL  MENSÚ - Galopa
Paroles: Ramón Ayala 
Musique: José V. Cida








Selva, noche, luna 
pena en el yerbal. 
El silencio vibra en la soledad 
y el latir del monte quiebra la quietud 
con el canto triste del pobre mensú.
Yerba, verde, yerba 
en tu inmensidad 
quisiera perderme para descansar 
y en tus sombras frescas encontrar la miel 
que mitigue el surco del látigo cruel.
 ¡Neike! ¡Neike! 
 
El grito del capanga va resonando.

 ¡Neike! ¡Neike! 
 
Fantasma de la noche que no acabó. 
 Noche mala que camina hacia el alba de la esperanza, 
 día bueno que forjarán los hombres de corazón.
Rio, viejo río que bajando vas, 
quiero ir contigo en busca de hermandad, 
paz para mi tierra cada día más, 
roja con la sangre del pobre mensú

.Paroles et musiques:




         Forêt, nuit, lune, douleur dans le champ
       Le silence vibre dans la solitude
  Et le battement du monde trouble la quiétude
C'est la chanson trise du pauvre mensú*
 Herbe verte, herbe*
 Dans ton immensité
Je voudrais me perdre pour m'y reposer
 Dans ton ombre fraiche y trouver le miel 
Pour adoucir le sillon du fouet cruel
 Neike! Neike! 

 Le cri du "capanga"* résonne. 

 Neike! Neike
 mirage de la nuit sans fin 
Nuit mauvaise qui chemine vers l'aube de l'espérance
 Et du bon jour qui forgera  les hommes de coeur
 Fleuve mon vieux fleuve qui va descendant
 Je veux t'accompagner en quête de fraternité
 Paix pour ma terre chaque jour plus rouge du sang du pauvre mensu
  • Mensu : au Paraguay et en Argentine, ce mot désignait des ouvriers agricoles payés ...mensuellement, travaillant dans des champs de « maté » ( on dit la « yerba maté, l'herbe maté), et réduit souvent à une sorte d'esclavage du fait de leur endettement envers leur « maîtres ».
  • Capanga : terme hérité de la culture afro brésilienne, appliqué ici aux contremaîtres exécutants les tâches désagréables d'encadrement des semi-esclaves qu'étaient les « mensus »
  • Neike : terme Guarani signifiant : force !
https://www.youtube.com/watch?v=TygMXrE0f9c une soirée de 2014 en Uruguay... ».Pour récolter ...il faut d'abord semer, amitié, fraternité, amour.... »




MI  PEQUEÑO AMOR -          Mon petit amour

Paroles et musique: Ramón Ayala

                                   
 Mon petit amour               
                              Tout vit en toi  et la terre est ton corps                        Les fruits mûrs me viennent de toi        
                 Ton haleine qui allume la vie                                  
Renouvelle mon sang
Tendresse et passion

Mon petit amour 
                                   Est un fleuve bleu,comme une fleur                     
Qui s'épanouie entre mes mains                     
Tout vit en toi
, le Junco et l'étoile qui meurt                          
Et dans tes yeux noirs la nuit semble une éternité
Le Parana t'a donné sa lumière
 Le littoral sa fantasmagorie
Et le magnolia de ta peau une ile de soleil
Je sent battre en moi comme ces roses qui sans cesse refleurissent  


 Mon petit amour               
               Tout vit en toi  et la terre est ton corps                       
 Les fruits mûrs me viennent de toi        
                 Ton haleine qui allume la vie                                  
Renouvelle mon sang
Tendresse et passion
Mon petit amour tout vit en toi  


MI  PEQUEÑO AMOR - Canción
Letra y música: Ramón Ayala
Mi pequeño amor
Todo vive en ti
Y la tierra es en tu cuerpo
Fruta madura...
Me viene de ti
Con tu aliento todo el misterio
Que enciende la vida
Y vuelve mi sangre
Ternura y pasión.
Mi pequeño amor
Es un río azul
Es como una flor
Que abre su corola en mis manos.
Todo vive en ti
El junco y la estrella que muere
Y en tus ojos negros
La noche siembra su eternidad.
Y el Paraná te dio su luz
El Litoral su ensoñación
Y en la magnolia de tu piel
Una isla de sol.
Yo siento latir
Adentro de mi ser
Como aquellas cosas
Que siempre vuelven a florecer.
Mi pequeño amor
Todo vive en ti
Y la tierra es en tu cuerpo
Fruta madura...
Me viene de ti
Con tu aliento todo el misterio
Que enciende la vida
Y vuelve mi sangre
Ternura y pasión.
Mi pequeño amor
Todo vive en ti.


Lien vers youtube: On l'écoute:



EL CACHAPECERO - Cancion misionera
Letra y Musica: Ramon Ayala

Algo se mueve en el fondo
del Chaco Boreal
sombras de bueyes y carro
buscando el confìn,
lenta mortaja de luna
sobre el cachapè;
muerto el gigante del monte
en su viaje final.
¡Vamos...Tigre...Toro...
Chispa...Guampa...!

Y va encendiendo la floresta
el chicotazo al estallar
y es una mùsica crujiente
por la agreste soledad.
Camino y carro van marchando
y al rodar van despertando
en el hombre
todo un  mundo de ilusiòn.

Cuelga una vibora enroscada
por el techo vegetal
en el peligro del pantano
las pezuñas en tropel
y un tùnel verde va llevando
dos pupilas encendidas
sobre el tronco de la vida
rumbo al sol...
¡Vamos...Tigre...Toro...
Chispa...Guampa…! 



El Cachapecero-cancion missionera*


Quelque chose remue tout au fond du Chaco Boréal*
Ombres de boeufs et leur char cherchant l'horizon
Linceul lunaire lentement déposé sur le Cachapé*
C'est la mort du géant du monde
Son voyage final

En avant...tigre...taureau
Etincelle.....corne... !
Et le claquement du fouet
Met le feu à la forêt
Crissante musique
En solitude agreste
Char et chemin s'avance
Eveillant en roulant
Un monde d'illusions
Dans l'homme.

Un serpent accroché au toit végétal
Dans le marais dangereux
Les sabots en troupe
Et un tunnel de verdure
Emporte deux pupilles incendiées
Sur l'arbre de la vie
Vers le soleil

En avant...tigre...taureau
Etincelle.....corne... !



      • Chapapecero : char à bœufs utilisé pour tous les transports au XIX° siècle dans toute cette grande région de l'Amérique du Sud comprenant le nord de l'Argentine, le sud du Brésil et le Paraguay
      • Missionera : attribut s'appliquant à la Province de Missiones dans le Nord de l'Argentine.
      • Chaco Boréal : vaste zone semi désertique comprenant la moitié nord ouest du Paraguay, le sud est de la Bolivie et le nord de l'Argentine ( enjeu d'une guerre de 5 ans entre ces trois pays entre 1930 et 1935....
      • Cachapé : zone du Chaco Paraguayen, aujourd'hui réserve naturelle



El Jangadero* : Paroles et musique Ramon Ajala


Sur le Parana
Jangadero va
Bois et chansons
Vers les confins du littoral *

Longue perche sombre
Cherchant le ventre du fleuve
Mains cuivrées, courageuses au défit
Et dans les yeux une espérance
Comme dans ma chanson
Sur le Parana
Jangadero va
Bois et chansons
Vers les confins du littoral

Sa trace s'imprime
Dans les roseaux
Sanglot d'écume
Quand le fleuve rugit
Comme un vieux puma
Passe le Jangadero
Ombre perdue dans la brume

Sur le Parana
Jangadero va
Bois et chansons
Vers les confins du littoral

Sur les troncs gémissant
flotte une peine ancienne
Lovée au Jangadero
Comme un serpent
Au loin, sur le sable, fleurissent des mains
Implorantes.
          • Homme qui mène la jangada : bateau rudimentaire fait de rondins de bois utilisé pour les transports fluviaux et mené à la perche sur les fleuves.
          • Littoral : Dans le nord de l'Argentine, l'Ururguay et le Paraguay, ce terme s'applique à toutes les zones zones proches des grands fleuves.


EL  JANGADERO - Canción
Letra: Ramón Ayala
Música: Vicente Cidade
Por el Paraná
jangadero va,
madera y canción,
hacia el confín
del litoral.
Largo palo obscuro buscando
el vientre del río,
con las manos bronce y coraje
como un desafío,
y en los ojos una esperanza
como el canto mío.
Por el Paraná
jangadero va,
madera y canción,
hacia el confín
del litoral.
La marca prende en los juncos
un grito de espuma,
cuando el río brama violento
como un viejo puma
y es el jangadero una sombra
perdido en la bruma.
Por el Paraná
jangadero va...
Jangadero, jangadero....
Por el Paraná,
jangadero va,
madera y canción,
hacia el confín
del litoral.
En los troncos gime boyando
una vieja pena
que en el jangadero se enrosca
como una culebra
y florecen manos que ruegan
allá en las arenas.

samedi 21 juin 2014

Epilogue: Le retour!

Fin des aventures d'Hector Zavala, le jeune chilien que j'ai rencontré  par hasard il y a deux ans dans l'ouest guyanais, alors qu'il était sur le point de continuer son voyage vers le Surinam,  et dont j'ai fidèlement, au fil des semaines et des mois,  traduit le blog en français.

Terres venteuses de l'Argentine et retour au Chili

 L'Argentine m'a étonné, elle s'est révélée un pays fait pour vivre des émotions fortes qu'elles soient positives ou négatives. Ce qui m'a surpris c'est l'extrême beauté de ses lieux touristiques contrastant avec les interminables pampas dans lesquelles on se sent immergé dans la solitude, c'est aussi la qualité de sa population principalement dans la campagne et dans les villes proches de la cordillère, contrastant avec l'apathie des habitants de la capitale. L'Argentine est un pays de forte identité..


Après avoir parcouru la Patagonie avec Alejandra et pédalé sur les chemins du sud du Chili, j'ai pris la décision de rentrer à la maison dans le nord du chili en passant par l'Argentine . Un changement de dollars au  marché noir m'a permis de parcourir ce pays d'une façon relativement économique, cela a été pour moi une bonne façon de terminer mon parcours avec les derniers pesos que j'avais en poche . Je n'avais pas suffisamment d'argent pour le faire par le Chili, alors que le faire de l'autre côté des Andes m'avantageait financièrement.

Je suis entré en Argentine au poste frontière de Cardenal Samore dans la province de Neuquén avec un but précis: faire la route des sept lacs, un parcours merveilleux qui va de Villa la Angostura à San Martín de los Andes au travers du Parc nacional Lanin y Nahuel Huapi.
Je m'immergeai lentement dans cet itinéraire, tour de pédale après tour de pédale, lac après lac, montagne après montagne . Ce parcours était d'une grande beauté. Des montagnes de tous côtés, souvent des lacs reflétant des falaises, soutenaient mon attention, me permettant de jouir de chaque moment . C'est routes sont très connues des touristes et dans les environs de Bariloche, bien connectées avec les principaux points touristiques du pays. Même en dehors de la saison la plus favorable une grande quantité de fourgons ou autres mobil-homes touristiques me croisaient. De même pour les cyclistes nous nous sommes retrouvés pendant les premières journées quelques fois à plus de six...

J'ai décidé de m'arrêter pour me reposer quelques jours à San Martín de los Andes, j'avais besoin d'un break avant de me lancer en direction de Malargüe dans la province de Mendoza, à près de 800 km, un vrai défi, des routes solitaires, des lieux désolé sans rapport avec mon quotidien d'alors.
À cet endroit le trafic des véhicules a commencé à me gêner. Les routes ici ne sont pas rares et peu fréquentées comme en Patagonie et dans le sud du Chili, mais elle sont de basse qualité et surtout sans bordure latérale, ce qui me rendait très nerveux. Heureusement plus je m'éloignais de San Martín de los Andes, plus je m'éloignais des zones à
circulation élevée jusqu'à finalement me retrouver pratiquement tout seul sur la légendaire route 40 de la république Argentine.

Je suis arrivé à Junin de los Andes le jour du vendredi Saint. Une procession de chemin de croix se déroulait dans le parc de la ville qui portait le nom de Via Crucis, une excellente manœuvre pour attirer les touristes dans ce secteur.
J'ai laissé ma bicyclette aux surveillants du parc et en compagnie de plusieurs centaines de personnes j'ai commencé à parcourir cet endroit en essayant de suivre la célébration. Après tout, un fort pourcentage des "latinos" sont croyant qu'il soient catholiques évangéliques ou autre et suivre ces célébrations, c'est chercher à retrouver les racines de l'âme latine.
En direction du nord j'ai commencé à pénétrer dans les vastes espaces solitaires de l'Argentine. Souvent les gens ont peur de la solitude, ça ne leur plaît pas, mais pour ceux qui y sont habitués, elle représente le meilleur moment pour s'immerger dans ses pensées, pour réfléchir. Progresser dans la solitude, m'interroger sur le sens de la vie, voilà un peu ce qui a rempli mes journée à ce moment. Mon grand voyage commençait à se trouver derrière moi , devant il me restait les derniers 3000 km, et pourtant curieusement ce voyage lentement semblait cesser de s'écouler. Mes rapports avec les personnes changeaient , mille et une choses se produisaient pour retarder son terme.
A partir de Junin, j'ai quitté la route numéro 40, les chemins sont devenus magiques. Paysages immenses ( très fréquents en lArgentine) et villages typiques sont devenus habituels au fil des kilomètres. Les arbres aux tons jaunes contrastant avec la couleur cristalline des rivières et la couleur sablonneuse habituelle de la
pampa faisaient ressortir la beauté du lieu...
Les routes étaient étroites, tous les 50 km elle étaient de terre, souvent occupées en totalité par des troupeaux de moutons et de chèvre qui se dirigeaient, surveillés par un gaucho, vers les terres plus basses pour échapper à l'hiver approchant.

Un jour alors que je roulais sur ce type de chemin, à l'approche de la nuit, José Luis - Un habitant de Neuquen qui voyageait pour son travail , s'arrêta à ma hauteur.
-¿ Où vas tu donc à bicyclette, ici, loin de tout?- Au village suivant! Selon
ma carte, il devrait se trouver à environ 10 kilomètres d'ici! -Monte ton vélo dans la camionnette, je vais te rapprocher et te trouver un lieu sûr! "Finalement, je préférerais pédaler!"- Ne sois pas obstiné, la nuit va tomber dans quelques minutes on en profitera pour bavarder!
Sur cet argument et pensant que cela serait seulement pour une dizaine de kilomètres j'ai accepté, j'ai monté Rocinante dans la camionnette et nous avons commencé à progresser à une vitesse beaucoup plus rapide qu'à la force des jambes .
Après quelques minutes, Jose Luis m'a dit: - Dans ce coin il n'y a rien à voir, regarde là, c'est le village dont tu me parlais, mais il n'y a rien, rien ! Je vais à 200 km ici, si tu veux je pourrais te laisser là-bas! Pendant ce temps-là moi je voyais mon beau village s'éloigner en arrière, mais un peu de chemin en moins à faire , ça ne tombait pas mal, ça me permettait d'envisager au moins les 29 000 km pour tout mon parcours. Je lui ai demandé qu'il me laisse à Chos Malal , et comme d'habitude cet imprévu n'était pas inutile car en quelques minutes je pourrais connaître un peu de cette population. Nous sommes arrivés sur la place de Chos Malal, nous avons échangé nos coordonnées et je me suis dirigé vers le camping municipal ( Il y en a dans toutes les villes d'Argentine autour de la route 40, il ne coûte presque rien).
En arrivant à cet endroit j'ai vu quatre grandes bicyclettes plus une petite et deux remorques pour transporter des affaires.
Je me suis adressé au gérant : " il semble y avoir pas mal de voyageur à bicyclette ici ? "
Oui...une famille complète qui vient d'arriver"...Et ils arrivent d'où?: " Du sud, de loin, mais ce sont des gringos, ils ne parlent pas castellano! »

J'avançai pour monter ma tente, ils étaient là assis à une table , en train de préparer leur viande sur une grille , un couple de Canadiens avec ses deux enfants à bicyclette, l'un deux avait son propre vélo et la fille plus petite dans une petite remorque à pédale qui s'accrochait au vélo de sa mère. Il y avait aussi un couple d'Allemands, ils s'étaient rencontré en chemin et avaient sympathisé.
Nous avons parlé un bon moment, bu quelques bières et mangé un peu de viande. Nous avons comparé nos expériences de voyage, donné et partagé des conseils. Il n'est pas courant de rencontrer toute une famille qui voyage, il est toujours très gratifiant de bavarder avec des cyclistes partis à l'aventure.
Le jour suivant, tôt le matin, un grand troupeau de bovins nous a réveillé . Un Gaucho est entré avec son bétail dans le village, nous sommes tous sortis des tentes pour prendre quelques photographies.
Après le petit déjeuner nos chemins se sont séparés, ils partaient vers le nord et moi je voulais rester un jour de plus dans ce lieu tranquille et folklorique.
. La reprise n'a pas été facile, le chemin montait, montait sans cesse et je sentais progressivement mes forces décliner. J'avais moins d'énergie que d'habitude, ce jour de repos m'avait laissé en très mauvaise condition. Gravissant la montagne je souffrais à chaque coup de pédale. Arrivé au sommet j'ai aperçu quelques maisons, un lac et des gauchos qui accompagnaient un troupeau.
J'avais seulement réussi à avancer de 50 km je me sentais faible.
Je me suis arrêté devant la maison pour crier:
- ¡Hola, il y a quelqu'un!-
Au bout de quelques minutes un homme assez âgé est sorti, il portait des vêtements sombres comme les gens pauvres qui habitent dans la montagne, il s'est approché jusqu'au portail de l'entrée et m'a dit: "comment ça va, je peux vous aider?"
-" Bonsoir, je suis un voyageur, je me sens un peu malade, je cherche un endroit pour passer la nuit pouvez-vous me rendre ce service?
- " Bien sûr, entrez, vous pouvez laisser votre vélo sur le bord de la maison, ici dans la campagne on ne vole personne ne vous en faites pas? Il s'appelait Ricardo, il devait avoir environ 60 ans. Il m'a invité à rester chez lui, avec l'hospitalité habituelle des gens de la campagne.
Nous avons parlés pendant des heures de la vie de la campagne, de la famille, de la politique, et nous avons mangé ensemble un bon plat de riz avec des lentilles en partageant ce que chacun possédait, lui le riz et moi les lentilles.
Il m'a dit qu'il n'aimait pas les hommes politiques, qu'en Argentine ils étaient devenus tous corrompus qu'il ne cherchaient le pouvoir que pour voler . Chaque fois qu'il en arrivait un par ici il le couvrait d'insultes. Il n'aimait pas les gens menteurs et il en était passé beaucoup trop dans ce coin pour faire de fausse promesse que le vent emportaient.
Après quelques heures de conversation il m'a invité à m'installer dans une chambre vide, celle qui avait un grand lit. À peine posé la tête sur l'oreiller je me suis endormi, écrasé de fatigue.
Je me suis levé tôt le matin, je me sentais fort, 16 heures de repos avait totalement renouvelé mes forces . Ricardo m' expliqua que le chemin que je suivais était pratiquement toujours en descente ce qui me donnerait une bonne journée d'avance.
Aux environs de midi je me suis arrêté à Buta Ranquil, un village tranquille dans lequel j'ai retrouvé une des deux familles de cycliste que j'avais rencontré les jours d'avant. Après avoir un peu bavardé j'ai préparé mon repas sur la place et continué mon chemin. J'ai réussi à atteindre Barrancas, la dernière ville dans la province de Neuquén. Arrivé dans cet endroit, des Argentins curieux ont commencés à
s'approcher et j'ai entamé une conversation avec deux personnes Claudio y Tino, comme si c'était des gens de ma famille...:" Une grillade"? Ok! Après quelques minutes de conversation une bonne grillade se préparait avec un peu de viande, des chorizos, un peu de vin, nous sommes restés là à bavarder jusque tard dans la nuit. Le jour suivant je n'ai pas réussi à me lever tôt et je suis resté un jour de plus dans la maison de Doña Juanita, qui très délicatement m'avait invité dans sa famille et m'a donné un peu de son pain cuit au four pour la route. La chaleur de l'hospitalité des Argentins de la campagne n'a jamais cessé de me surprendre.
J'ai ensuite poursuivi mon chemin, à 4 km se trouvait le río Barrancas, limite territoriale entre la province de Mendoza et Neuquen. Mon objectif suivant était Mendoza, la capitale. Les itinéraires argentins sont très originaux, j'ai toujours été surpris par les Gauchos qui occupaient la totalité de la route pour déplacer leurs troupeaux vers les terres basses lors de leur transhumance pour échapper au froid et la neige.
J'ai décidé de m'arrêter un peu à Malargüe, un site touristique avec des grottes, des cascades, des squelettes de dinosaures, et des châteaux de pierre. un peu de repos me convenait bien et je devais faire quelques réparations. Une partie de mon équipement commençais à défaillir, mon porte bagage arrière était cassé et comme il était en aluminium il était pas facile de trouver quelqu'un pour le réparer. Je suis retourné en ville et j'ai cherché ici ou là quelqu'un qui puisse le faire. Je trouvai finalement un maître en la matière qui après m'avoir entendu raconter mon voyage et s'être rendu compte de mes faibles ressources financières, me répondit que j'avais de la chance, il lui restait un dernier bâton de soudure pour aluminium. Il me la réparé avec beaucoup de soin, encore plus solide qu'avant. Avec tranquillité j'ai pu poursuivre mon chemin solitaire.
Le jour suivant je pensais quitter tôt cette ville de Malargüe pour partir en direction de Mendoza. mais le destin a voulu que je reste un jour de plus, mon réchaud portatif ne fonctionnait plus et faire plus de 330 km sans rien pour faire la cuisine avec des villages très éloignés les uns des autres c'est risquer de mourir de faim! Le matin j'ai commencé par essayer de réparer cette classique MSR whisperlite, en modifiant certaines pièces, en nettoyant un peu partout mais rien à faire, je n'ai réussi à la refaire fonctionner, les heures passaient, j'avais faim et seulement 100 pesos argentin en poche, (+/-10 dollars, acheter de quoi manger n'aurait calmé ma faim que pour quelques jours. Alors que je cherchais une solution à ce problème, ma fiancée Alejandra, m'a poussé à fabriquer mon propre réchaud en utilisant uniquement des boîtes de conserve et de l'alcool.

Je suis parti au supermarché pour acheter de l'alcool à brûler ( utilisant une bonne partie des pesos qui me restaient), j'ai trouvé un peu de sable ( pour obtenir un effet catalytique lors de la combustion de l'alcool) je me suis mis à fouiller dans les ordures pour chercher des boîtes de conserve. J'avais déjà très faim, on a dû penser que je cherchais de la nourriture par ici, le service de nettoyage était déjà passé et j'ai eu pas mal de difficultés à trouver mes boîtes. Finalement au bout de quelques heures j'avais tous les matériaux nécessaires. Peu à peu l'ustensile a commencé à prendre forme, j'ai découpé les boîtes de conserve j'ai fait des trous par-ci par-là jusqu'à ce que finalement l'oeuvre soit achevée! J'ai versé de l'alcool à l'intérieur ( un chat me voyant concentré sur ce travail on a profité pour me voler et me manger mon beurre), je l'ai allumé.... quelques secondes d'attente et ça a marché! Je me suis immédiatement préparé un bon plat de riz et de lentilles jouissant de l'odeur de la cuisine comme un homme réellement affamé.
Voila un petit exemple de ce qu'a l'habitude de vivre le voyageur qui part à l'aventure, des jours souvent totalement imprévisibles. Il ne me restait plus alors qu'à terminer mes 2000 km de voyage mais j'avais tout ce qu'il faut pour le faire!

J'ai alors continué à progresser sur mes chemins solitaires, la nuit j'admirais les étoiles, le jour il m'arrivait souvent de m'émerveiller en observant comment la nature fouettait de blanc la montagne, il m'est arrivé aussi de ne pas réussir à progresser à plus de 5 km/heure à cause du vent qui me bloquait complètement, je devais parfois cramponner le guidon avec mes dents pour ne pas tomber.
J'ai préféré suivre toujours la route 40, en arrivant à El Sosneado j'ai du prendre une déviation ( qui était toujours la route 40). Le chemin devenait de plus en plus difficile jusqu'à en arriver au point où pousser le vélo représentait plus de 60 % du temps! Quand j'arrivais à pédaler,
je ne dépassais pas 7 km/h. Journées très dures où, pour 12 heures de déplacement je n'arrivais pas à progresser de plus de 60 km.
À la fin de la deuxième journée après Malargüe, j'ai choisi de dormir à la belle étoile car le vent fort de la nuit dans la pampa secouait tellement ma tente que je n'arrivais pas à dormir. Alors j'ai mis une toile par terre, mon sac de couchage par dessus et dernière moi la bicyclette pour couper un peu le vent. J'ai réussi à dormir beaucoup mieux bien qu'à cinq heures du matin, presque trois heures avant le lever du soleil, de petites averse me réveillèrent. Un réveil somme toute naturel, Mendoza se trouvait à seulement 180 km , ces gouttes m'offraient peut-être l'opportunité d'y arriver d'une seule étape. Ce secteur était pratiquement libre de trafic, pédaler la nuit ne représentait aucun risque. Je me suis mis en route, la qualité du chemin s'améliorait
lentement et les heures passèrent. Aux environs de neuf heures du matin, un gaucho est arrivé derrière moi , il ne m'avait pas bien vu de loin et pensait qu'un de ses chevaux s'était sauvé. Il m'a proposé un petit déjeuner et m'a indiqué un raccourci pour quitter ce dur chemin et en trouver un autre plus facile et descendant.

À midi je me trouvais à Pareditas, à quelques 120 km de Mendoza , devant moi un chemin complètement plat, je pouvais espérer y arriver. J'ai pédalé durement et vers huit heures du soir j'étais à la maison de mon oncle Eduardo et de ma tante Verónica, avec qui je suis resté quatre jours. Chez eux, je me suis senti comme à la maison, nous avons mangé de bonnes grillades, ils m'ont permis de connaître la belle histoire de la cité historique de Mendoza, berceau de la fameuse armée des Andes, celle qui, il y a bien des années traversa à pied la cordillère lors d'une marche culminant à 3800 m d'altitude pour venir en aide au Chili dans sa guerre d'indépendance contre les Espagnols...
c'est par ce même chemin que je suis retourné dans ma patrie, mon cher Chili ! 


Epilogue: Un dernier effort, un rêve s'achève, je rentre à la maison, je retrouve mon cher Chili!

Sans que je m'en rente compte, le temps a passé. Ce que j'envisageai comme un voyage d'un an est devenu presque deux ans et demi d'efforts. De bons moments que je n'échangerais pour ríen au monde, pendant lesquels j'ai tenté de connaître  les coins et les recoins de l'Amérique Latine, ses habitants, ses saveurs….et trouvé quelque chose que je ne cherchais pas, que je n'avais pas perdu: l'amour!
Ma dernière nuit en Argentine, je contemple le ciel depuis les hauteurs de la Cordillère des Andes, il est dégagé et mes rêves sont dans les étoiles….J'ai dit une fois à Alejandra que la lune, lorsque je la regardais  me faisait souvenir d'elle, de son sourire et son visage d'enfant joyeux. En ce moment je la vois dans le ciel et mon coeur est plein d'espérances. Demain j'entrerai au Chili et entamerai la dernière étape de ce rêve que j'avais en tête depuis si longtemps et qui se trouve bien proche de son accomplissement. 
Je suis enfin rentré au Chili, fatigué d'une traversée de la Cordillère par un des cols les plus fréquentés de camions: Le Paso " los libertadores". enclavé dans les hauteurs et surveillé par les condors, gardiens de ces vieilles montagnes. La cordillère était enneigée, une tempête venait de la frapper quelques jours avant. J'ai entamé ma descente vers mon pays à en endroit nommé Caracoles (escargots), une longue descente de vingt-neuf lacets faisant honneur à son nom, dans laquelle j'allais d'un côté à l'autre et vice versa, pour arriver rapidement à mon but: "Los Andes", la première ville chilienne. 

En arrivant dans cette ville j'en ai fait le tour et bavardé avec des gens qui traînaient. J'ai eu droit, après avoir raconté mes histoires à tata Beto, dans la maison de mes grand-parents, à un bon repos que j'attendais depuis longtemps. 
J'ai pris alors la route de Villa Alemana , par des petites routes peu fréquentées, ce qui m'a permis de découvrir un Chili que la grande majorité des Chiliens ne connaissent pas : un Chili pauvre où le miracle américain n'est pas arrivé, où le jaguar de l'Amérique latine est un petit chat qui a besoin d'un biberon pour être alimenté. Surpris par une pauvreté que je ne savais pas exister dans mon pays, je suis revenu à la maison de mes grands-parents. J'étais sale, fatigué, j'avais perdu pas mal de kilos, mais j'étais seulement à 1500 km de ma maison.

J'ai profité de deux jours pour me reposer et partager un peu de temps avec la famille.. Finalement c'est la chose la plus importante, il faut savoir vivre en famille les moments importants qu'ils soient bons ou mauvais. C'est un bon investissement du temps qui nous est donné. 

Ensuite j'ai poursuivi ma route vers le nord en passant par l'intérieur de la quatrième région : des endroits situés en altitude où on est toujours à monter ou descendre. J'ai été surpris par la beauté des lieux que je ne pensais pas aussi remarquable. Les vertes vallées irriguées par des rivières contrastaient avec la couleur sableuse de montagne, rendant ces paysages remarquables.

Et pourtant lors de ces retrouvailles, le Chili m'a semblé un pays étrange, isolé de l'Amérique latine. Un désert dans le Nord et la cordillère des Andes à l'est sont des murailles qui depuis des  temps immémoriaux ont maintenu ce pays dans un état d'isolement. Cette caractéristique a d'une certaine manière influencé sa population. Ici je n'ai jamais pu me faire loger chez les pompiers, ce qui avait très bien marché ailleurs comme stratégie de secours. Même chose dans les zones publiques où il a été impossible de contacter le responsable pour pouvoir dormir dans un endroit sur. Quelque chose ne fonctionnait pas! Est-ce que les gens d'ici ne voyait pas l'intérêt de soutenir un projet aussi fou que celui de parcourir l'Amérique Latine en pédalant? Est-ce que les  très dures journées et  ma tête fatiguée rendaient mon apparence peu rassurantes? Est-ce que les gens du coin ne supporte absolument pas les étrangers? Ces questions ont tourné dans ma tête jusqu'à ce que finalement je me décide à me déplacer de manière totalement indépendante. 
Le ciel et les étoiles furent mon toit, les condors et les animaux mes gardiens, les rivières et cascades mes réserves d'eau…. le temps était revenu de prendre contact avec la nature en communion avec mes pensées subtiles à un niveau plus intéressant...
La première vallée que j'ai parcouru a été la  "Valle del Choapa. ", après avoir traversé la montagne et un tunnel très obscur situé à son sommet,  j'ai laissé derrière moi la cinquième région. Les paysages sont rapidement devenus semi arides avec des cactus couvrant les montagnes. Je me suis immergé lentement dans ce bel endroit du pays. Un village pittoresque, Combarbalá, a retenu beaucoup mon attention: il avait des maisons d'adobe avec un aspect colonial qui n'est pas habituel au Chili. Je me suis assis sur la" Place d'armes" pour manger en compagnie d'anciens qui m'ont raconté quelques histoires de ce genre:

"- Dans ce village vivait une famille qui avait fait un pacte avec le diable. Ils sont devenus riches en une nuit. 
   Vous croyez à ces pactes avec le diable ?
   Bof…. c'est une question difficile! Lui-ai je répondu ! Ce sont des sujets qui ne m'intéressent pas!
   On raconte que dans les environs de village sont cachés de grands trésors depuis la période de la guerre du Pacifique contre  le Pérou et la Bolivie….
   Vous savez où on peut les trouver?
   Oh non,  ils sont bien cachés 
   Vous croyez qu'elles sont réelles ces légendes de trésors?
   Bien sûr que j'y crois, pendant ces guerres se commettent tellement d'injustices et d'atrocités insensées. 
   « Un trésor ou une relique volée et ensuite enterré, c'est parfaitement possible! 
   Il y a bien longtemps j'ai fait mon service militaire »... ( le vieux se souvenait parfaitement du noir des bataillons, des escadrons, des lieux d'entraînement, des conflits) « On allait dans la montagne pour veiller à ce que les  Boliviens ne traversent pas la rivière.... »
 Le vieil homme m'a parlé pendant une bonne heure, me racontant chaque détail de ce qui était arrivé, je l'écoutais attentivement. Des scènes historiques, des anecdotes non officielles, toujours intéressantes à découvrir….Au bout d'un moment Il finit par avoir faim et rentra dans sa maison pour déjeuner…

J'ai continué mon chemin par les vertes vallées, les montagnes sèches pleines d'histoires et de mystères, ornées des oeuvres artistiques d'antiques civilisations.
 De dures étapes de cent kilomètres où je me levais tôt et ne lâchais Rocinante qu'aux derniers rayons du soleil. Plus j'avançais, plus les surface des vignobles destinées à l'élaboration du Pisco et couvrant les vallées augmentaient en même temps que les montagnes apparaissaient plus sèches dans les hauteurs. La nuit, le ciel était de plus en plus limpide, révélant toujours plus d'étoiles sur la voute céleste. 
Le cinquième jour, à la nuit tombante, je me trouvais au passage d'un col, j'ai regardé mon GPS pour vérifier l'altitude et j'ai eu la surprise de constater que j'étais à 2000 mètres . Je me suis demandé à quel moment j'avais bien pu monter autant!
Le village suivant se trouvait à 30 km, à côté du col,  il y avait un abri avec un toit. J'ai pris la décision de dormir en plein air à cet endroit sans monter ma tente,  les yeux dans les étoiles qui dessinaient dans les constellations le visage d'Alejandra. La beauté de ces étoiles m'émerveillait , les heures passaient, la nuit s'obscurcissait et j'étais là, regardant le ciel . 
Soudain une étoile filante est apparu, elle s'approchait rapidement. Je me suis dit: c'est une bonne occasion pour faire un voeu! L'étoile grossissait.." Je voudrais embrasser sur la bouche ma belle colombienne"…. L'étoile continuait à grossir! Mais que se passait-t-il ? Voici qu'elle atteignait presque la taille d'un ballon de football, je commençais à avoir peur, j'avais devant les yeux quelque chose d'inconnu, elle prit rapidement une couleur verte et subitement disparue….. la peur était passée, il ne me restait plus que l'émerveillement. Ces vallées ont réellement une atmosphère mystique peu commune!

Le jour suivant, j'ai parcouru la vallée " del Elqui", très belle et très touristique., j'ai pris la direction de. Cochihuaz. On m'avait parlé dans cet endroit d'une gigantesque roche de magnétite,  la pierre sacrée des Incas et d'autres peuples indigènes qui ont vécu ici. Des manifestations d'art rupestre, un peu plus loin une marque du diable selon les croyances locales. En sortant de ce village j'ai voulu aller dormir à Monte Grande, a seulement une quinzaine de kilomètres. C'est un endroit connu dans le monde entier car c'est là que Gabriela Mistral grand écrivain du Chili et prix Nobel de littérature à réalisé son oeuvre.  Une petite rivière fraîche et charmante traverse le village irriguant les vignobles. Je me suis installé pour dormir sur ses berges, la magie de cette vallée couronnée de montagnes sèches faisait de cet instant un moment mémorable. Il y avait déjà installé là,  trois personnages : El Hippie chico, El  Pelao y la Rusia. Ces personnes vivaient dans la rue et se faisaient appeler ainsi.


Nous avons préparé ensemble et partagé  le repas du soir. Pendant que nous mangions, el Pelao m'a offert un T-shirt. Je lui ai répondu qu'il n'avait pas à s'inquiéter,  j'avais tout ce dont j'avais besoin dans mes sacoches.. nous avons continué notre repas.
Je pensais repartir le lendemain matin mais "La Rusia" m'a invité à déjeuner avec lui pour qu'on parle un peu ensemble de nos vies,  j'ai accepté.
-Je suis sociologue m'a dit "el hippie chico", un homme de la cinquantaine - mais je n'ai jamais aimé les bureaux et la vie qu'on m' imposait, j'ai travaillé quelques années et puis ensuite je me suis mis à fabriquer à vendre des objets artisanaux, je suis un homme de la rue et j'ai choisi cette vie.
-Je me demandais en mon for intérieur s'il disait réellement la vérité: à en juger par son allure il ne restait plus rien de l'intellectuel qu'il avait pu être autre fois, et en poussant un peu plus loin l'analyse je lui demandais quel but il poursuivait dans la vie?
- je ne sais pas, je sais seulement qu'il y en a qui croient que le bonheur repose sur l'accumulation de choses, d'argent, de succès, mais cela ne fait que créer plus de besoins et de dépendance. Il se pourrait que le mieux soit de vivre la vie comme on le souhaite, en aidant les autres et par cela même en s'aidant  soi-même
- Mmm.! Pensais-je, cet homme pense clairement et il semble que la rue lui ai enseigné beaucoup de choses. Tout en y vivant,  il a pris le temps de penser à ce qu'il allait faire de sa vie. Il n'a pas suivi le courant..l.
 - J'ai alors demandé aux autres ce qu'ils faisaient de  leur vie.
- On fait des jongleries aux feux des croisements, on gagne notre vie comme ça le jour, et la nuit, on met nos tentes près d'une station service, on est obligé de se lever avant 8 heures du matin, après c'est le passage des éboueurs.
-Et…vous restez habituellement dans la même ville?
-Non, là on est à La Serena, on est venu ici pour voir la "Valle del Elqui", on ne peux pas vivre à La Serena et ne pas connaître ça! me dit" La Rusia" avec un énorme sourire!..Mais normalement on voyage, on a été à Iquique, Antofagasta, Copiapo, Viña del Mar….Quand on en a marre d'un coin, on s'en va dans un autre!…Et toi, qu'est ce que tu fais par ici?
-Découvrir l'Amérique latine, faire un petit tour à vélo!
Nous avons continué à bavarder et à rire pendant des heures, leur regard sincère, leur joie de vivre le moment présent sans se préoccuper du lendemain les rendait agréable à vivre. Ils m'ont accepté comme j'étais, eux qui, souvent, souffrent de discrimination dans les rues!

Après un bon déjeuner, j'ai repris ma route, j'ai descendu cette vallée de montagnes désertiques, de vignobles et de gens sympathiques, je suis arrivé à la nuit tombante à Vicuña. 
J'étais déjà passé par ce village queques jours avant, je connaissais un bon coin pour camper, près d'une station service. 
« Oh là non garçon, qu'est-ce que tu fais ici avec ce velo, installe ta tente à côté de la mienne, comme ça on se protégera les ivrognes des voleurs! » C'est Christian qui m'invite,  un autre homme de la rue qui vend des ceintures de cuir, travail de prisonniers!
Une occasion de plus de partage avec des gens pauvres et sans logement, des personnes dont on a souvent peur et qui pourtant s'efforcent de trouver une forme de vie, la société les a marginalisées. La situation de cet homme était assez différente des trois autres. Il se trouvait là pour faire un peu d'argent et l'envoyer à sa famille dans le sud du Chili. Sa maison était là-bas. Pourtant, quand il partait travailler, la rue était son foyer car le peu d'argent qu'il gagnait était  entièrement destiné au bien-être de sa famille.
-je me disais que décidément la rue était pleine de gens bien, et que la société était cruelle…Cette habitude de ne pas accepter tout le monde…!



Tôt le matin je me suis mis en route pour me rendre à La Serena, rendre visite à mon oncle Pablo et à sa famille. Je suis resté là deux jours pour me préparer à la dernière étape de mon aventure. Et puis mon oncle m'a accompagné sur quelques kilomètres un peu après la sortie de la ville.

Je suis à 870 km de mon foyer, de mes parents, dans 7 jours j'arriverai à Antofagasta et "Pedaleando latinoamerica" sera terminé. Il me reste à traverser le désert d'Atacama, Un des lieux les plus arides de la planète, avec des endroits dans lequel il n'est pas tombé une goutte d'eau depuis plus de 400 ans, et en plus….pas mal de montées et de descentes!

Pendant sept jours j'ai parcouru ce désert, comme toujours par des chemins de traverse.
Arrivé à Vallenar, j'ai préféré continuer vers le nord en suivant la côte. Cette combinaison de montagne, de désert et de mer est unique et c'est une excellente occasion pour profiter de la beauté de ce type de paysage
J'ai parcouru pendant trois jours des pistes monotones et néanmoins belles et pleines de vie.. Des troupeaux de Guanacos, jamais domestiqués, filaient vers les montagnes ou la mer sur le passage de Rocinante, les cactus décoraient de vert les plaines, des Charognards survolaient ma tête attendant peut-être que je m'écroule terrassé par la soif. Il ne savaient que pas que j'avais le cœur enflammé, que je ne me soumettrai pas au désert! Mon rêve était sur le point de se réaliser, cela me donnait des forces pour affronter cette dernière étape qui , sans aucun doute m'a poussé à mes extrêmes limites. 

A seulement 70 km d'Antofagasta, sur la route principale, je me suis arrêté devant cette sculpture qu'on appelle" la main du désert", j'ai appelé mon père pour lui dire que j'étais proche, j'en ai profité pour manger quelques galettes, et récupérer toute l'énergie qui me restait, je suis reparti.
Là ce n'était pas facile, car la route était devenu un enfer, parcourue de gros camions, mais c'était sans importance, j'approchais de mon but!
J'avançais lentement, tour de pédale après tour de pédale, le corps près de défaillir, jusqu'à ce qu'un panneau sur la gauche annonçant Antofagasta, signale le début d'une descente jusqu'à ma maison.

Des véhicules claxonnais quand je suis entré dans la ville, ma soeur, ma mère et ma petite nièce étaient là pour me saluer et me donner du courage pour ce qui restait à rouler….Embrassades, embrassades!
A trois kilomètres de la maison, le soleil commençait à prendre une couleur rouge en touchant l'océan dans le lointain, cherchant un coin pour passer la nuit…Je ne pouvais espérer un meilleur moment pour mon arrivée. Ce magnifique coucher de soleil en famille, ce vendredi 30 mai 2014, l'aventure " Pedaleando Latino America" était terminée!

J'avais derrière moi  23 pays,  29.023 kilomètres de pédalage. Que d'expériences vécues sur les terre de notre continent. Un lent voyage au travers des forêts, des déserts, des montagnes, depuis le Chili jusqu'au Mexique. Je peux dire que j'ai acquis quelques connaissances de notre héritage, de nos tradition, que je connais un peu notre population, depuis les indigènes qui  habitent au coeur de l'Amazonie jusqu'à des personnes porteuses d'importantes responsabilités. J'ai appris quelque chose et fais un petit pas dans ma vie !