lundi 16 septembre 2013

Saison 3: Coup de coeur pour la Caraïbe latine en pédalant...

                         A l'écoute de Cuba.

















Finalement le pays le plus difficile à comprendre, c'est bien Cuba. Avoir sur lui une opinion objective, c'est réellement un défi. Je vais pourtant essayer de le faire, quoi de mieux qu'une promenade à bicyclette pour découvrir ses divers visages......
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Je suis arrivé dans cette île le 3 juillet en même temps que mes parents qui se sont joint à moi pour fêter mon anniversaire le lendemain 4 juillet. Un bon moment de repos partagé avec la famille pour reprendre des forces avant de me lancer dans ce nouveau pays



Comme tout le monde le sait, Cuba est un pays socialiste avec un  gouvernement né d'une révolution populaire sous le commandement du leader révolutionnaire Fidel Castro
Cette révolution a débuté le 26 juillet 1953 avec les assauts symboliques contre les caserne militaire de Moncada et Carlos manuel de Céspedes à Santiago de Cuba et Bayamo. Ces deux action dirigées par Fidel Castro furent néanmoins un échec complet. Une partie des guérilleros a été assassiné par les soldats du dictateur Batista et les survivants y compris les deux frères Castro se sont retrouvés en prison. 

À la suite d'une amnistie Castro a été libéré, s'est exilé au Mexique où il a créé le mouvement révolutionnaire du 26 juillet. C'est dans ce pays qu'il a rencontré le fameux guérillero Ernesto Che Guevara qui s'est engagé comme médecin pour les forces révolutionnaires pour se retrouver quelques mois plus tard à Cuba avec le titre de commandant ayant prouvé sa valeur au combat et bientôt le symbole révolutionnaire de l'Amérique.Castro,avec ses commandants Che Guevara et Camilo Cienfuegos, a fait se développer une puissante révolution qui au bout de deux ans, avec l'appui de la majorité des Cubains, a réussie à renverser le régime sanguinaire de Batista. Cet événement historique a marqué le début d'un développement différent et  d'une séparation de Cuba avec le reste des pays d'Amérique latine.

Après cette victoire on a mis en place un système socialiste original qui ne jamais oublié les plus pauvres mais toujours ignoré les classes moyennes ou à revenus élévés qui sont pratiquement inexistantes dans le pays si on s'en tient simplement au ressources individuelles. En fin de compte,  Cuba est quasiment le dernier des pays socialistes existants dans le monde : l'Union soviétique n'existe plus et la Chine a totalement ouvert son économie. 
                 

Si quelque chose attire immédiatement l'attention à Cuba c'est la sécurité: il est possible de s'y promener la nuit pratiquement n'importe où avec très peu de possibilité d'y être agressé, la législation contre les délinquants est très dure, ce qui fait qu'on en voit très peu, de même il n'y a pas de vagabonds ni de mendiants miséreux dans les rues.
. Cuba est un pays que l'on peut appeler pauvre mais où la misère est  inconnue des habitants qui sont toujours assurés de manger, d'être scolarisés et d'être soignés. C'est un pays où une personne qui gagne 15 $ par mois vit en meilleures conditions que celle qui en gagne 300 dans les pays qui l'entoure. C'est un pays où la propagande publicitaire est pratiquement inexistante mais où abondent partout les slogans révolutionnaires: soutiens aux frères Castro, images et statues du Che Guevara et de  Camilo Cienfuegos, élevés au rang des légendes incarnées dans ce monde. 
Cuba est un pays où les gens se plaignent de la situation économique, de la face sombre du communisme, de leur ressources financières qui ne leur permettent que de manger, mais considérent en même temps comme des démons  les contre-révolutionnaires et les gens qui critiquent le système.
Cuba est un pays où les gens sont incroyablement aimables et débonnaires mais où l'on rencontre d'ennuyeux "jineteros" qui lorgnent l'argent des touristes et sont très doués pour les embobiner comme je l'ai été moi même de multiples fois.

Cuba est aussi  aussi un pays de personnes ingénues avec un a priori positif vis à vis des intentions de l'autre, mais c'est en même temps parmi ceux que j'ai rencontré ceux qui ont la plus grande capacité pour survivre. Il ne vivent en général qu'avec environ 30 dollars par mois, mais avec celà ils réparent leurs vélos, et d'antiques automobiles de plus de 50 ans qui font plus de fumée qu'un camion, comme des magiciens. Malgré des restrictions économiques de tous bords, ils disposent de tout ce qui leur est nécessaire et ce qu'ils n'ont pas, ils le fabriquent. Je crois que les cubains sont les personnes les plus ingénieuses que j'ai jamais rencontré car devant un défit de cette taille, il faut faire preuve d'une sacré intelligence pour s'en sortir.
Cuba est un  pays qui s'en sort par tous les moyens, on ne peut pas dire que sa révolution ait été bonne ou mauvaise mais on peut affirmer qu'elle a été nécessaire.
 Il est probable que  pendant longtemps l'idéologie l'a emporté sur les problèmes pratiques, ceci ajouté au puissant blocus imposé par les Etats unis a fait que son économie va aujourd'hui de mal en pis.
C'est malheureusement un pays où la lierté individuelle n'existe pas ou est très restreinte, pire encore, c'est un pays où très souvent, un étranger bénéficie d'une plus grande liberté qu'un natif du pays, que ce soit sur la plage ou pour accéder à Internet.

Un pays intéressant, symbole de la lutte contre l'impérialisme, un pays catalogué comme "l'axe du mal" par les Etats-Unis, mais, de loin le pays le plus sûr et le plus tranquille parmi ceux que j'ai visité.



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Un beau voyage dans cette île:
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"Hier rebelle, aujourd'hui hospitalier, héroïque toujours"

J'ai voulu commencer mon périple par Baracoa, près de l'extrémité orientale de l'île, dans la fameuse provice de Guantanamo, bien connue par la présence de l'impopulaire base militaire des Etats-Unis; et ensuite depuis là entamer ma traversée dans la longueur pour terminer à La Havane.

Globalement, Cuba est un pays totalement différent des autres de part sa population et son système économique. Les gens de Cuba ont une manière très spéciale de témoigner leur joie, une sorte de " plainte joyeuse", on les voit partout rire et leur hospitalité est très grande mais ils profitent également de la moindre occasion pour se plaindre de la situation économique du pays. 
Et pourtant, s'il y a une chose qu'on ne voit pas à Cuba, c'est une personne sans logement ni nourriture! A tout moment, à chaque halte, il m'a été donné de constater l'immense hospitalité de ce peuple. Par exemple, au début de mon voyage, Reina, la femme qui m'a hébergé à Baracoa, à chargé mes sacoches de riz et de provisions qui me furent d'une grande aide et m'ont permis d'aller presque jusqu'au bout de mon parcours dans ce pays.

. Mon voyage à commencé par les sentiers montagneux de Guantanamo, de belles montées et descentes à partir desquelles on peut admirer en même temps la mer et les montagnes. Dans ces endroits, j'ai eu des partages très fréquent avec les habitants, ils m'ont offert des mangues ou du lait de coco en chemin, quelquefois gratuitement, quelquefois en essayant de faire un petit commerce pour assurer le repas du jour.
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Sur la plage:Pilar dans le Parc national de Cayo Guillermo.
Cubain est un pays basiquemement rural, où que j'aille, il y avait toujours une maison proche, une main pour offrir au moins de l'eau et continuer mon chemin.

Je garde un souvenir ému d'une conversation au cours de laquelle une paysanne et son fils, une guajira de Guantanamo*  m'a raconté les "merveilles" de la révolution cubaine. 

* Paysanne: terme repris également dans le nord de la Colombie dans la province de Guajira, du nom d'une ethnie amérindienne: Les Wijira) ( également la Guajira Guantanamera: lyrics to an old Cuban folk song made popular by Celia Cruz. 

A Cuba, les système éducatif et de santé méritent d'être signalés: Dans ce pays, chacun, depuis le fils du fonctionnaire public jusqu'au fils d'un paysan des montagnes peut accéder à une éducation gratuite et de bonne qualité; de même en matière de santé le plus pauvre du pays pourra bénéficier des soins les plus chers du monde si le traitement de sa maladie l'exige. C'est la face positive et sympathique du système. D'un autre côté, une personne, pour ses besoins financiers mensuels a droit à 300 pesos cubain soit 15 dollars US et travaille "au noir" pour arrondir les fins de mois.
Comme je posais beaucoup de questions sur le système politique du pays, cette femme m'a offert une livre qui raconte l'histoire de la révolution cubaine. Je ne l'ai pas encore lu mais je le ferai.
Lentement, calmement, j'ai suivi mon chemin, parlant souvent bien plus que pédalant...

Ce qu'il y a de beau à Cuba, ce sont les villes, d'allure coloniales, de grandes maisons, de vastes places, des constructions figées dans leur passé
. Habituellement je n'aime pas les grandes villes, mais dans le cas de Cuba c'est bien différent. Le trafic automobile est très faible et l'environnement est très beau, c'est pourquoi j'ai traversé toutes les villes que j'ai pu visiter.
J'ai toujours pu trouver un bon endroit dans n'importe quelle ville, il suffit d'attendre, très rapidement arrive un "jinetero": individu dont l'occupation consiste à accompagner les gens vers un restautant, un hotel ou une maison particulière et toucher pour celà une commission. Habituellement ces individus sont bien mal considérés par leurs concitoyens mais c'est une façon comme une autre pour ce peuple malmené de survivre. J'ai décidé habituellement d'être hébergé dans des maisons particulières, j'en ai profité également pour admirer l'architecture des immeubles anciens de cette île.

PictureComme je l'ai dit, l'hospitalité cubaine m'est apparue très élevée, mais ce qui, à mes yeux lui donne le plus de mérite, c'est la fait de vivre avec 30$ par mois et même ainsi avoir toujours de quoi offrir à un ami étranger qui arrive à vélo.
J'ai le souvenir ému de mon passage par Bartle, un petit village à l'écart de la grand route, il était environ six heures du soir quand j'y suis arrivé et je voulais demander un peu d'eau pour rouler encore une heure; je suis tombé sur Pachichi qui, après m'avoir donné quelques litres d'eau m'a dit: Pourquoi ne resterais- tu pas ici? Tu prends un bon bain et on ira à la fête du village! ça me convenait évidemment et j'ai décidé de rester. 
Pachichi est un cubain tout ce qu'il y a de typique:  il aime rire, bavarder, passer du bon temps, et surtout changer de femme chaque année comme on change de voiture dans mon pays. On est parti ensemble et ils ont pris soin de moi comme pour un enfant. Ils m'ont expliqué qu'il ne pouvait rien m'arriver, que sinon les peines de l'enfer tomberaient sur eux et .... que les lois sont très dures contre ceux qui s'attaquent d'une manière ou d'une autre à un étrangers. Ainsi tout le monde a été très attentif à moi et nous avons partagé un bon moment. Ils m'ont invité à passer la nuit au village, puis le jour suivant et comme j'était fatigué, j'y suis resté, puis le père de Pachichi m'a invité à passer une semaine chez lui.... je serais bien resté mais ....un avion m'attendait et je devais poursuivre ma route,  en vérité il m'en a bien coûté de m'arracher à cette famille tellement authentique, aimable, surmontant le difficile de la vie à Cuba, le travail pénible dans le seul but de manger car les voyages ou la pratique d'activités autres que celles nécessités par la vie au jour le jour est pratiquement impossible. Il est quasiment impossible, à moins d'un financement extérieur, pour un Cubain habitant son pays, d'aller passer quelques jours à Varadero ( Resort area: presqu'île du nord de Cuba exclusivement réservée au tourisme de luxe international). 

Ainsi s'écoulèrent mes jours dans cette île, j'ai très peu monté ma tente et bien souvent mangé en m'arrêtant quelque part de la nourriture qui m'arrivait pour reprendre des forces. Et puis, un jour, mon parcours s'est achevé à La Havane, dans la maison de Don Pepe, un novel ami rencontré grace à Nelson, un autre ami du Costa-Rica. Quand je suis arrivé dans la capitale, il était presque trois heures de l'après-midi, j'étais déjà bien fatigué, c'était l'épilogue de mon parcours à travers Cuba.

Je me suis fait bien des amis dans ce pays et j'espère qu'un jour ils auront accès à ces pages car je sais qu'aujourd'hui je ne pourrai pas garder le contact avec eux, internet étant quasiment un objet de luxe seulement accessible aux étrangers et aux cubains les plus fortunés. 
A tous un grand " Abrazo": à Don Pepe, Reina, Don José, Pachichi, Don Noël, à  tous ceux qui sans rien demander en retour m'ont ouvert leur maison pour m'offrir un verre d'eau!

Cuba est finalement un des pays qui m'a le plus touché, surtout par sa population.  Le pays d'un peuple qui a survécu à tout, sans jamais s'effondrer. Une des populations les plus éprouvées parmi celles que j'ai rencontrée mais qui néanmoins rayonne de bonheur!


La vie est un reportage, l'ignorance est la seule tragédie de l'existence.


La vie est un reportage, rien de plus....ce n'est pas une constatation au parfum de désillusion, tout dépend de ce que l'on met sous ce mot de "reportage"....

Un peu de temps donné à des libertés pour, si on le veut, apprendre à aimer... ça c'est du pur Abbé Pierre,

c'est une ouverture, une fenêtre d'opportunité qui s'ouvre quelque temps, quelques années, un ticket de participation à l'oeuvre de création, monumentale, éternelle, inachevée, apporter sa goutte d'eau...
C'est ce qui me motive!

Des mots, des planches jetées sur un abîme avec lesquels on traverse l'espace d'une pensée qui souffre le passage et non point la station, ça c'est du pur Paul Valéry!

Tout ce qui m'a étonné dans mon âge tendre m'étonne aujourd'hui bien davantage, l'heure de la fin des découvertes ne sonnera jamais, le monde est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre.....c'est du Colette et je l'adopte bien volontiers !

Vie, je m'incline devant toi, je possède deux yeux , deux oreilles,
 je suis un empereur !    
L'ignorance est la seule tragédie de  l'existence , il n'y en a pas d'autres! 
Mon œil est un peintre divin qui habite en moi, reflétant les choses de l'univers. 
Je ne prêche pas, je vois,  ma vision est plus que le prêche.
Je ne mets pas en garde, je regarde, mon regard est plus qu'un avertissement.
Je prends conscience, c'est déjà l'aurore de l'esprit. 
                                                                     Peter Altenberg ( 1859-1919)


                                       Haut les cœurs Reporters sans Frontières!