mardi 25 mars 2014

Sur la triple frontière





Tes rencontres dans le monde entier t'ouvrent des portes cachées, riches d'expérience, ta vie est une envolée.
Pas à pas, avancer toujours, pas à pas, avec amour.

Trouvé à Paris sur les murs du chemin de l'école d'Ondine, au matin du 5 février 2014. 




Après Rio et Sao Paulo, nous prendrons un bus pour découvrir les trois états du sud de la fédération brésilienne: Parana, Santa Catarina puis Rio Grande do Sur



Eglise Baptiste du vieux Rio….hors ses murs!




Pour ce qui concerne notre voyage, notre premier point de chute à Rio de Janeiro, le mardi 8 Avril au soir après 11h40 de vol, sera l'Hotel Cruz de Ouro ( Croix d'or) situé dans un bâtiment historique, dans le centre-ville du vieux  Rio de Janeiro, il est possible, mais je n'en suis pas certain, que nous ayons séjourné deux semaines il y a 40 ans dans cet hôtel avec une petite Myriam qui n'avait que deux ans la pauvrette, traînée pendant deux mois dans les bus du Brésil par ses inconscients de parents, elle est aujourd'hui maman de la petite Ondine, elle adore voyager ! En tout cas si ce n'est l'hôtel, c'est avec certitude ce quartier autour de la place de la Cruz Vermelha ( croix rouge) .

Encore et toujours Copacabana

10 avril :

L'Opéra de Rio de Janeiro
La plage d'Ipanema Rio de Janeiro

 Il est 5 heures Rio s' éveille, les travailleurs et  ...les enfants sortent du lit, c' est l'heure du café da manha ( petit déjeuner) il fait 24 degré, hier soir au maracana, l'équipe de Botafogo a perdu 3/0 contre l'argentine...la vie continue ...demain matin nous partirons pour Sao Paulo via l'immense Rodoviaria ( gare routière)de RIo :

11 avril
20h tout va bien un excellent voyage Rio- Sao Paulo, 500km dans un confortable bus executivo de Itapemirim, ....2 h de retard à cause d'un camion qu'on a croisé complètement calciné sur le bord de l' autoroute.
...Rodoviaria de SP. Le chaufeur chantonne et conduit très bien...comme un champion de formule un...puis nous averti gentiment avant de nous déposer que notre hôtel est dans le quartier de..crackolandia! Pas de sortie la nuit, surtout pas avec un sac à main, …Diego,  notre correspondant, membre de Global Voices,  s'en était déjà inquiété la veille mais en l'absence de connexion à notre dernier hotel, je ne lui avais pas répondu, il nous offre l'hospitalité demain, nous ne sortirons pas ce soir...boa noite
Compagnie Itapemirim, la meilleure, mais elle fait surtout des itinéraires nord/sud…nous n'avons réussi à l'utiliser qu'une fois pour Rio/Sao Paulo


L'accordéoniste argentin de l'avenida Paulista 



12 avril

Tout va très bien , nous avons parcouru ce matin le charmant quartier de la Madalena, Pinheiras où habite Diego, fait des marchés divers, des boutiques, ce sont des maisons de ville à un étage peintes de couleurs diverses, une vie de quartier très active paisible et  tranquille!
Rencontres sympathique avec les amis de Diego....cours d'Allemand à domicile du samedi avec "Henrique Brazil" un ami originaire de Joinville ( Parana)  nous passeront par là après Curutiba....demain matin retour à la Rodoviaria! Enfin ce n'est pas sûr car nous rentrons ce soir bien trempés après une grande ballade sur l'avenida Paulista., admiration d'un accordéoniste argentin en grande tenue qui se déhanche en jouant le boléro de ravel comme un tango.
Nicole avec Diego Casaes 
Un  troquet superbe :caldo de mandioquinha et ..Roméo et julette: une bonne tranche de fromage semi frais à côté d'une tranche semblable de pâte de goyave...course à pied sous une pluie battante  d'une terrasse animée du samedi soir à l'autre, de quoi sera fait demain..quand rien n'est prévu....tout est possible!



13 avril

Départ sans probĺème depuis la Rodoviaria Tiété en longeant la rivière du même nom qui fut belle au XlX siècle, mais qui aujourd' hui, vaincue par les effluents ressemble surtout à  un égoût à ciel ouvert entouré de deux voie rapides..sortie de cet immense banlieue le bus escalade progressivement le plateau pour se retrouver dans un paysage de montagne recouvert d'une forêt tropicale humide, chute de la température lorsque l'altitude culmine à 900 mètres,  20 degrés seulement!
Rodoferroviaria de Curitiba, un taxi nous Dépose au Garden Curitiba hotel  qui s' avère un excellent choix fait ce matin sur notre fidèle tablette Samsung Kitty....le meilleur depuis le départ....ambiance bon enfant et détendue de cette ville qui fait un peu penser au moins pour son vieux centre, à Ouro Preto dans le Minas Gerais ( 2007)..On en reparle demain ...c'est l' heure de  la Caīpirinha!!
Le Palais Présidentiel du Parana à Curitiba



Pour nous suivre, naviguez avec le lien suivant:


https://www.google.fr/maps/place/Brazil/@-14.2400732,-53.1805017,4z/data=!3m1!4b1!4m2!3m1!1s0x9c59c7ebcc28cf:0x295a1506f2293e63?hl=en

Le siège du Parlement du Parana à Curitiba

Le musée Oscar Niemeyer à Curitiba


14 avril
longue déambulation toute la journée dans les rues de Curitiba, capitale de l'état du Parana,  à la recherche ...d'un plan de la ville que nous n'avons finalement trouvé qu'en fin de journée grâce à l'obligeance d' Amandaline, une jeune femme accompagnée du petit Luca, 4 ans, lequel a illico déciďé que j'étais un de ses "tio" ( oncle)

Hotel gardencuritiba à Curitiba, la première caïpirinha!

 ....Amandaline offre une rose rouge à Nicole en déclarant que lorsqu'une femme recevait une rose, son ange gardien était près d'elle...Bref , journée de rencontres multiples au hasard de nos pérégrinations en recherche de carte ( ce hasard nous a permis de capter l'âme, la forme de cette ville,  sous le regard de l'oeil géant d'Oscar Niemeyer posé sur son musée.
Curitiba, le dernier bondinho ( tramway) faisant office de bibliothèque de rue!
Curitiba est une petite capitale Brésilienne (1,8 million d'habitants) très propre, accueillante, où il fait bon vivre, dans la fraicheur tropicale de ses 900 mètres d'altitude, demain, nous prendrons le petit train de la Serra Verde qui nous conduira jusqu'à la mer, à qq dizaines de km….
900 mètres de dénivellation en 20km jusqu'à la mer.
C'est encore plus beau quand il ne fait pas beau...



C'est pas de moi, mais on passe là, sur un ..viaduc accroché au rocher...


15 avril
plongée profonde hier dans la "rain forest" atlantique avec le petit train de la Serra verde" qui nous a descendu sous une bonne pluie tropicale de + 900 mètres au niveau de la mer, panne pendant une heure à 450m , isolés dans une épaisse forêt tropicale….. pas de onça ( jaguar) en vue…. mais bonne ration de viande en bas, sous la pluie ruisselante à Morreites, retour idem, paysage grandiose de canyons, d'épaisses forĕt tropicale et de cascades encore plus beau après la pluie sous les vapeurs et nuages rappelant l'Amazonie, hortensias bleus au long de la voie…

Comment un micro imper taïwanais à usage quasi unique peut encore être utile 9 ans après à Morreites , 20 km et 900 mètres sous la capitale du Parana : Curitiba.


.Ce matin j'explique au jeune Jonathan qui a fait sa nuit à l'accueil de l'hôtel et nous prépare le "check out", que ce fameux" o...pa" qu' ils disent en se quittant dans le sud ...du brésil....c'est du tupi guarani, ça veut : c' est fini....il ne le savait pas!
Allez, nous partons ce matin pour Blumenau...300 000 hab enfin une petite ville état de Santa Catarina, la "Bavière" brésilienne" nous attend!



16 et 17 avril :
BLUMENAU, passé le pont de fer qui traverse le rio Itajai, la massive et bavarienne mairie/préfecture,
Joyeuse Pâques
Et oui, les deux mains soutiennent évidemment l'Amérique du Sud !
Un arrêt de bus municipaux, un homme qui s'offre pour nous aider....passe la consigne à une femme qui va justement vers les" villas germaniques". Ces maisons s'avèreront être un complexe artificiel destiné à servir de cadre aux fêtes de la bière " Oktober feast" ou autres évennements folkloriques du même genre rappelant l'origine des "Pères fondateurs" de cette vallée. A l'opposé de la ville, un site mémoire, un vieil homme bedonnant, de notre âge, au chapeau vaguement bavarois, me serre la main et embrasse Nicole en nous souhaitant de joyeuses Pâques et du bonheurr pour l'année qui vient...l'ambiance est bonne, on rentre ensuite dans un très intime et solennel mémorial circulaire édifié en l'honneur du Dr Blumenau et de sa famille, en 1974, année de notre premier contact avec le nouveau monde!



Etonnante histoire que celle de cet homme qui arrive d'Hambourg en décembre 1850, à l'embouchure de la riviére Itajaï avec 17 autres personnes, une poignée d'amis et des membres de sa famille...Il a 31 ans, il a fait des études de philosophie puis de chimie, il est célibataire, il s'appelle : Hermann Blumenau, il va rester là pendant 17 ans , dans cette vallée où la forêt tropicale humide descend des hautes collines ( la ville est à 900 m d'altitude) jusqu'à la rivière, tout entier consacré à sa mission de fondateur, il ne retournera en Allemagne qu'à l'àge de 48 ans,  le temps d' y trouver une femme acceptant de partager son aventure, il rentrera alors avec elle et son héritier, un an, dans les bras, il vivra encore 47 ans dans sa ville qui lui voue aujourd'hui encore un véritable culte.

Le mémorial dédié à Hermann Blumenau et sa famille


Dans une rue de Blumenau

18 avril 
Après une nuit à Lagès, hôtel Ibis, confort mais froideur commerciale,  pluie et fraicheur, décision impromptu de partir le lendemain... Ville suivante, Caxias do Sul ( 1 million hab) , arrivée 17h, à la tombée de la nuit ...hésitations ….. hop dans un autre bus pour aller direct sur…. 


Porto Alegre, la Capitale du Rio Grande do Sur ( 1,4 million hab) 

Arrivée de nuit , 20hl pas d'hôtel réservé, samedi de Pâques....pas de problème!
Première rencontre: Catchia, femme d'allure amérindienne que nous avons déjà aidé hier å prendre une correspondance de bus, elle traînait, dans l' indiffėrence générale, un lourd sac de voyage, elle est aveugle de naissance! 
Miracle de Pâques, nous la rencontrons le lendemain matin dimanche, sur un trottoir de cette mégapole, elle a bien meilleure allure, bien habillée et pomponnée, elle habite cette ville depuis 20 ans! Joyeuses Pâques...!
J'aime bien les taxis rouges de Porto Alegre!
Rencontre d'un homme sur un trottoir devant chez lui qui parle un peu français, on apprend entre autre, qu'ici la consommation du gas-oil et donc l'usage d'un moteur diesel, est interdite aux véhicules incapables de transporter moins de 1000kg de chargement, on pourrait s' en inspirer dans la vieille europe

Tout étant évidemment fermé ce dimanche, visite de la ville sur un bus touristique, devant nous, un brésilien, John Francisco, fait la visite avec sa fille, il sirote son "chimarrão" la bombilla à pipette à la main, le thermos d'eau chaude dans l'autre, il se retourne...parle français, il a vécu à Paris, rue de Lille...nous bavardons, je sirote son maté il nous montre le collège de sa fille...
Après midi, petite mini croisière dans les méandres marécageux de l'estuaire du Jacuī ( en guarani, Jacu, c'est le nom d'un gros oiseaux genre gallinaçé qu'on rencontre aussi en Amazonie: le pénélopo marail , noir à la gorge rouge, devant nous, sur le bateau, un homme, la cinquantaine, parle français, il habite à Montpellier, avec lui une brésilienne, la quarantaine qui habite à Récife.



A noter que dans ce sud du brésil, les touristes européens ou asiatiques sont assez rares.
Coucher du soleil, une foule est assise dans l'herbe sur le rivage du Jacuī, ça chante en guitare  ça papote, ça sirote son chamarrão, tout un cérémonial pour attendre....le "por do sol" ( coucher du soleil) , le baiser du soir de l'astre du jour à son épouse la terre!
Mardi 22 Avril :
Le rivage du "por do sol" ( coucher du soleil) à Porto Alegre.


Dans un Porto Alegre grouillant de vie, déambulation dans ce qui était il y a un siècle l'imposant hotel Majestic, avec ses loggia , ses terraces, ses coupoles, et qui a bien failli disparaitre...Aujourd`hui , c'est le centre culturel Mario Quitana, ses 7 étages pétillent aujourd'hui au souffle de la création culturelle sous toutes ses formes, on y croise l'ombre du 'Barde de PO" Mario Quitana, poête mort en 1996, on y vénère la chambre à coucher où il a vécu ...

Entretien posthume avec Mario Quintana ( debout) 

" O secreto e nao correr atras das borboletas, e cuidar do jardim para que eles venham ate voce"


Le secret est de ne pas courir apres les papillons mais de prendre soin du jardin pour qu'ils viennent jusqu'a vous"

Je sais déja que ce Mario sera pour moi un compagnon de lecture … et de traduction s'il me le permet

Suivez encore notre périple en cliquant sur la carte google ci dessous….


Mercredi 24 avril 

A Rosario do sul, les jeunes ont la chance de traîner en ville avec autre chose qu'un scooter….


Rosário do sul: hotel areias brancas ( sables blancs) .Ses pavés chaotiques, sa place de l'Immaculée conception et de la Camara de vereadores ( salle du conseil municipal) , des " gauchos" d'un autre âge, courtes bottes, pantalons bouffants, ceinturon et chapeau de cuir, des commerçants curieux de bavarder avec des Français, on nous a plusieurs fois pris pour des Uruguayens....en nous entendant parler français doucement ,et à cause de mon accent quand je parle portugais. Une plage fluviale et un camping désertés par les touristes, nous sommes déjà au milieu de l'automne, mais devenus terrains de jeux d' adolescent juchés sur de petits chevaux qu'ils montent souvent "à cru" et des carioles multiusages de un ou deux chevaux 
Valdecir Antonio de Oliveira vétérinaire du Rio Grande do Sul
.Rosário est paisible, dominant le  Rio Santa Maria  sur sa colline, cernée par la pampa. A l'heure du "café colonial" 19h, je retrouve mon vétérinaire chevaux et vaches qui passe quelques jours chaque fin de mois dans cet hôtel quand il fait sa tournée, il a tout le sud du Rio Grande, Uruguaiana, Rosario, Santa Maria, il travaille pour une grande agence vétérinaire brésilienne qui a été rachetée par la société française, Vétoquinol, il porte donc maintenant un insigne brésilien sur son bras droit et un autre français sur son bras gauche, il est petit, calme, tête chauve ronde de bienveillance, demain nous suivrons son conseil et passerons pour quelques heures en Uruguay:

Sant'ana Livramento brésilienne couplée à la Riviera Uruguayene

C'est une curiosité urbaine binationale appelėe "frontière de la paix", regroupant 180 000 habitants qui vivent en communauté ! ce mélange de peuple utilise un mélange d' espagnol et du portugais 

.. ce soir, un cheval adulte non accompagné vient de passer devant l'hotel ce soir à Rosario, il semblait bien connaītre son chemin, je n'ai même pas songé à le renseigner....ainsi progresse de façon chaotique notre marche vers l'ouest sur l'improbable piste des Jésuites.

 26 avril ,

 7h30, départ de Rosário

9h, arrêt à Alegrete, gros bourg en plein pays gaucho pour changement de chevaux...pardon, de bus, le cocher demeurant le même...en face, l'ancienne gare désafectée, vieux wagons rouillés et une antique loco vapeur en monument! 

Avec les deux conseillers municipaux ( vereadores) et les vétérinaires!


Sur la place, un attroupement de carrioles à un cheval avec leur carroceiro ( charretiers comme ceux du bien connu restaurant parisien) , bavardage avec les deux vereadores ( conseillers municipaux) qui sont là pour la rencontre semestrielle organisée pour un contrôle vétérinaire et une assistance technique de ces 100 artisans qui,font du petit fret dans la ville. Des,élèves de l'école vétérinaire locale sont autour des,chevaux avec leur prof, stage clinique sur le terrain dont je profite également....on parle d'ici, de Paris, de Londres où les 2 conseillers on vécu...c'est déjà le départ de la ..dilligence..embrassades..adieu…!..
Le vieux gaucho fidèle à ses habitudes…





10h30: Passo novou, village rural, la route a disparu depuis longtemps déjà, le "cocher " ayant opté pour une piste en terre, 100 km, plein nord....le bus couine et grince dans un nuage de poussière....qui rentre allègrement dans les toilettes à l'arrière! 


Le bus monte et descend ça et là des personnes vivant dans des fazendas isolées de cette pampa gaucho, aux allures de savane arboricole mamelonnée...à l'approche de Sao Borja, de l'imposant fleuve Uruguay, un plat pays s'impose ( et persistera de l'autre côté , en Argentine, dans cette sorte de "mésopotamie" entre les puissants fleuves Uruguay et Parana...14h, après 300km de route et piste, à Sao Borja, la frontière, on saute dans un taxi qui passe en argentine avec nous, à la " estacion de onibus" , un départ pour Posadas dans 20mn...c'est parti! Une femme sur le quai nous prend pour des américains à cause de ma valise "taxi new yorkais"...elle est prof d'anglais à Posadas, elle nous indique un bon hôtel, nous dormirons ce soir sur la rive argentine du rio Parana, en face, Encarnacion, le Paraguay




27 avril:
Sur la place publique de Posadas: "hommage à "la mère"

Monument en hommage aux immigrants.

Hier encore  je pouvais dire: " Eu sou brasileiro" , aujourd'hui je me réveille : " Missionero" , "Missionaire" comme tous les habitants de la province de Missiones, capitale Posadas ( ....150 000 hab) . Ce matin à l'hôtel  défilé de charmantes femmes d'un certain âge en virée depuis la lointaine Buenos Aires.., images tv du très saint pére François bénissant ses enfants d'Argentine, un hôtel propre au faux luxe un peu hors d'âge, un garçon  trop empressé à l'accueil pour nous emmener voir les ruines des jésuites, je n' ai pas le coeur à contempler ces ruines dont Rome est bien coupable....Sans transition...on est en argentine...ici on dit cho pour je, desajuno pour desayuno, et surtout: atravesar la caje pour ...atravesar la calle ( secondes de perplexité pour moi hier soir au terminal de bus).

Sous les pieds de cet indien de Posadas montrant du doigt l'horizon Est, l'inscription 
                                 suivante: "Ils reviendront….ils seront des millions!"




 10h30, en repérage sur l'avenue promenade remblais du rio Parana, rencontre avec unhomme tranquille devant chez lui:."Vous venez d'où? ..ah Francia,,hermosa ..il y des choses semblables et des choses différentes,,,que Dieu vous bénisse! "Sur le remblai, un homme nous indique la façon de passer au Paraguay…Après la sieste, descente vers le Parana, statue d'un inconnu dans un coin...un homme en pied avec sa guitarre: El mensónSur le remblai, face à face avec "le cacique" un géant de 15m de haut en acier inoxydable   à peine installé, un guerrier amėrindien qui semble protéger l'accès au Paraguay , dernier carré de la langue guarani.2 h plus tard, dans notre bar favori de Posadas: ".El mensú" ( du nom de sa chanson fétiche)  l'homme qui a déjà sa statue à Posadas, le barde local ...Ramon Ajala est à côté de moinous bavardons, ensemble, fredonnons ensemble:" Parlez moi d'amour , ah dites moi des choses tendres... je vous aime...." ! Quand je l'ai quitté, il m'a tenu le bras et m'a dit : " En amor, como en amistad, la gente se encuentran cuando estan de la mesma madeira.. cho y tu estamos de la mesma madeira " .....( En amour comme en amitié, les gens se rencontrent quand ils sont fait du même bois .. toi et moi sommes fait du même bois..) 
Statue du "barde" de Posadas…….El Mensu!


Sur le remblais, au bord du Parana, peu avant la tombée de la nuit vers 18h, une équipe du " conseil général local installe une tente pour vacciner contre la grippe ( nous sommes à la mi-automne) de 36 mois à hors d'âge...au brésil voisin il commencent cette année à l'âge de 2 mois.. le .médecin m'affirme qu'avec le réchauffement l'hiver est plus doux ici , mais que lorsqu'une vague de froid vient du plateau du Mato Grosso, ça craint! 

Il me parle de la qualité de vie ici:" A Buenos Aires, il travaillent de 10h à 18h sans interruption...ici tout le monde, même à l'école, travaille de 8h à 12h , puis de 16h à 18h toute l'année, la sieste ou la marche sur le remblai est sacrée! J'ai envie de faire retraite à Posadas, ici, la propreté dans la rue, le sentiment de sécurité sont palpables, on est rentrés dans la nuit , å 19h, par des rues désertes sans crainte, même pour Nicole...


28 Avril
..Un amérindien taxi bien typé nous dépose à l'entrée du "pont international" sur le Parana…procédure d'immigration nettement plus rapide que pour entrer en Argentine..entassement dans le "coletivo" qui fait traverser le pont, et nous dépose pour le cachet sur le passeport , puis remonte son petit monde d'habitués des petites emplettes quotidiennes au Paraguay pour les éparpiller jusqu'au Terminal des bus, central et très rustique..on est loin des vastes et commerçantes Rodoviaria du Brésil…!
En face, le petit hotel familial Germano, 9 chambres, calme, accueillant, sans tv,  mais avec un piano ! Nous sommes enfin arrivés à la maison! 

Première rencontre dans, l' heure qui suit : Une femme qui gère seule un mini office du tourisme, style intellectuelle engagée. On parle des 5 démembrements successifs qu'a subi le Paraguay depuis le XVII siècle, des trentes ans de dictature de Stroesner jusqu'en 1990, de la terrible hémorragie intellectuelle qui en est résulté, une éducation limitée au niveau primaire, un exil forcé souvent en argentine des militants et intellectuels, sa propre mère qui dirigeait une petit école primaire, a été exhilée sous le prétexe quelle avait obligé une fillette a venir à l'école en enlevant le "moño" ( chouchou) rouge ( couleur du parti colorado de Stroesner) qui tenait ses cheveux, pour le remplacer par un blanc, couleurs de l'uniforme de l'ėcole, comme le corsage et les bas…
Elle a pu retrouver un poste de longues années après.....mais mutée dans le grand nord, le Chaco, alors seulement accessible en plusieurs jours de bateau..
.On a parlé du grand barrage hydroélectrique de Jasyreta ( le pays de jasy ...la lune en guarani) un peu en aval sur le Parana mis en eau progressivement depuis 10 ans, qui a fini par noyer depuis 2 ou 3 ans un bon tiers d'Encarnacion, séparant en trois ce qui restait..
Une nouvelle ville est née, l'énergie durable arrive à profusion, mais la peine a été grande pour les anciens. Elle a comme nous trois petits enfants dont une petite nicole..accessoirement , elle enseigne le guarani! 
Nous sommes ici dans la province des.....menhirs...sans menhirs à l'horizon... car elle porte le nom d' Itapua..en guarani cela donne: Ita : pierre et pu'a : se lever ! 

Question monnaie, nous en sommes à la troisième..mais il y a inflation: environ 3 réal brésilien pour 1€, 11 peso argentin pour 1€...et ici plus de 5900 guarani pour 1€, la première fois ça fait drôle de sortir du distributeur: un million de....guaranis et de manger pour 50 000 guaranis à deux, le niveau des prix est effectivement nettement plus bas qu'au brésil ou en argentine!

Puesta del sol ( coucher du soleil) à Posadas , Argentina.







29 avril 

Géniales ces petites tablettes...



iI pleut sur Encarnacion, Paraguay,  pluie tropicale, tant mieux, nous sommes à la mi-temps, nous devions encore aller courir quelque part aujourd'hui, nous resterons tranquilles.... Changement d'ambiance totale au Paraguay, bus des années 50, vétusté en plus, pas de feux au croisement, pas de passages pour piétons, collégiens en grand uniforme de la tête aux pieds..un désordre paisible et bon enfant...c'est assez agréable!
Non loin d'ici, à Santa Maria 120km au nord ouest sur la route d'Asuncion, un ancien consul de France dans ce pays, tombé amoureux du coin, a choisi de se " Jubiler" ici...selon le petit futé, le problème du village serait les passages de singes hurleurs, dans les vieux et grands arbres de la place publique!! ! Ça m'étonne beaucoup...on va aller vérifier ça sur place après demain .

On n'entre pas en Paraguay n'importe comment...il faut , pour se faire apprivoiser par un pays fragilisé par 5 sanglants démembrements depuis le XVII ième siècle, l'aborder par le sud, la route des jésuites, sacrifiés par Rome face à la pression du lobby des Bandeirantes, ....Après un long trajet initiatique dans le sud des terres brésiliennes, vers la pampa gaucho où subsiste des pistes fatales aux "coletivos "et pénibles aux voyageurs, après un salut aux Vereadores du gros bourg gaucho d'Alegrete, prenant soin de leurs 100 carosseiros, après une ultime étape rencontre pour amadouer l'orgueil des Missioneros, après la bénédiction de Ramon, le barde local, on enjambe le Parana et se retrouve, un peu perplexe, dans un monde qui ne se découvre que très progressivement, au fil des mots, des rencontres, des bienveillances, on entre au Germano, pension de famille basique 9 chambres...le très vieux père Tanoa , vieux japonais, sa fille , le beau fils descendant germanique  le petit fils très typé  japonais, la petite fille...le piano Geissler en parfait état qui aurait un siècle, les vitrines d'origami de toutes complexités.....les mots de guarani ne sont pas sur les murs ( sauf le "che gusta" pour une pub facebook) mais dans la réponse immédiate avec bonne humeur à l'étranger qui entrouve la porte du langage intime, complice, quelque soit la couleur de la peau et le niveau d'éducation) ..un dico guarani/espagnol  remplace dans ma poche de pantalon le dico portugais/français ! Mon paysage linguistique change au rythme des frontières...

...
Ie vieux piano Geisler est bien arrivé d'Allemagne avec le père de Rodolfo qui gére l'hôtel  on parle du Japon, du Paraguay, des rythmes de travail ici, différents de Posadas...pose de 2 heures le midi…le piano aidant, je ne résiste pas à laisser un peu s'exprimer la musique, langage universel…."la bohème, la bohème, ça voulait dire, on a 20 ans"…..

Demain à 7h30, départ vers San Ignacio Guassu à 120km sur la route, d'asuncion, avec détour d'abord par le village de Santa Maria .....mais rien n'est réellement prévu alors...


Premier mai 

Santa Maria da fê: enfin......220km au sud d'asuncion nous avons enfin trouvé notre hâvre de paix, dans ce village où un ancien consul de France passerait sa retraite, une bibliothèque passionante, un hamac , une harpe, une guitare  des olseaux à profusion...,des singes hurleurs semi apprivoisés nourris par la population.. la journée a commençé tôt par l'embarquement dans un autocar hors d'âge qui roulait le premier mai..petit omnibus qui semble être à géométrie variable, ramassant tout ceux qu'il trouve sur son chemin, allée centrale pleine de gens debouts, 4 devant  près du chauffeur, une forte femme ostensiblement assise sur mon accoudoir droit..bon on est assis c'est déjà pas mal, à San Ignacio Guassou ( il s'agit évidemment du grand Saint Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des Jésuites) 

Pour rejoindre Santa Maria, il reste 15km, un taxi hors d'âge où plus grand chose ne fonctionne est là au coin : Santa Maria?  ..50 000 guarani!.( à peine 8 €) Ok on y va... ce soir un enfant du pays nous présente l'instrument national, la harpe, il vient de  terminer  113 sur 450 candidats harpistes à Asuncion, ils sont 600 à pratiquer cet instrument dans ce petit pays de 6 millions d'habitants! 

2 mai

Dès 7 heures,  promenade aux alentours, dans la campagne proche   ...entrée des classes à la escuela básica ( école primaire) en face,  Wilson, notre jeune et brillant harpiste , il a 20 ans,  nous sert le desayuno ( petit déjeuner),  je lui fait préciser la façon de moduler à la harpe..en fait c' est  très simple..il suffit de partir d'une tonalité de départ..ici, il  la laisse en fa majeur, donc avec un si bémol réglé manuellement à la clé..et ensuite, les altérations accidentelles des mélodies se font en posant un doigt à la base de la corde, sur un petit picot qui donne le demi ton..mais cela oblige à déplacer rapidement la main qui faisait la main gauche, pour les droitiers ( rien de plus facile pour les gauchers de changer de côté avec cet instrument..comme le fait Wilson) et...récupérer vite fait la partie de cette main

.Grandes ballades ce 2 mai dans les larges avenues herbeuses de ce bourg rural, les habitants possédant une ou deux vaches les attachent le jour et leur demandent de désherber quelques mètres carrés...très nombreux scooter/mobylette montés par toute une famille, option homme+femme +bébé dans les bras+ petit gamin accroupi devant les mains sur le guidon...

Rencontre d'un actif cultivateur du coin: Rito Vazquez,visite de ses installations très rustiques, questions sur la France, les problèmes la-bas pour la culture, l'élevage.....question complexe!
 Proposition de nous confier un cheval ....muy manso ( très doux) ...avec une sorte de petite charrette à bras pour aller dimanche sur une colline à 15km, messe dans une petite chapelle pour une fête patronale célébrée par un jésuite du coin  ! (  expulsés par Rome et le roi d'espagne en 1670, ils sont revenus en 1814) 

le soir découverte des trésors de la petite bibliothèque de l'auberge,des bouquins en français, un grand nombre de partitions de musique baroque jésuite venant de Chiquitos en Bolivie amazonienne (un endroit magique où rien de l'oeuvre des jésuites n'a été détruit, batiments admirables, festival international de musique baroque) un bon projet de voyage!
Ma bibliothèque à l'Hôtel Santa Maria.


3 mai
Réveil à 5 heures ce matin, notre petite fille à Paris, Ondine voulait nous annoncer sa première surprise party avec  ses copines…. 
On est bien ici, on ne repartira que lundi pour Asuncion, on est dans une petite maisonnette qui appartient å un ex ambassadeur de France retraité tombé amoureux du pays , un mini pied à terre à la campagne 120 km sud de la capitale ..il laisse la petite auberge de Santa Maria, gérer son logement en louant les deux chambres, il n'est pas revenu depuis 2 ans, grand jardin avec des poules et des pintades, des citronniers des mandariniers, des pomelos .On a même pu faire un peu de lessive en posant ensuite le linge à sécher sur les barbelés comme tout le monde fait ici, pas besoin de pinces à linge! Grandes ballades ce 2 mai dans les larges avenues herbeuses de ce bourg rural, les habitants possédant une ou deux vaches les attachent le jour et leur demandent de désherber quelques mètres carrés...très nombreux scooter/mobylettes montés par toute une famille, option homme+femme+bébé dans les bras+ petit gamin accroupi devant les mains sur le guidon...

Premier Téréré partagé en commun ce matin…Nicole à trouvé que c'était agréable...! C'est du maté en infusion très concentré, une sorte de bouillie verte dont on renouvelle régulièrement la couche supérieure, contenue dans un petit bol tenu à la main, on rajoute régulièrement de l'eau très froide ( gros thermos spécial avec glaçons) on boit avec une petite pipette  dont l'extrémité inférieure aplatie est perçée de petit trous...on fait tourner à tout le monde, c'est la "communion du Téréré", hautement symbolique et conviviale au Paraguay, ça y est , on est  baptisés! Nous ne retrouverons jamais pendant tout le voyage  l'ambiance de sérénité et de calme profond qui règne à Santa Maria!
Le "Baptême" au téréré….rite d'initiation.

PS: dans le sud du brésil, on boit le maté un peu de la même façon, c'est le Chimarào, mais c'est toujours avec un Thermos d'eau chaude qui est bien plus petit car il ne contient pas de glacons, au Paraguay on met de l'eau chaude le matin seulement au réveil.  

Dimanche 4 mai:


Je ne sais pas si nous allons réussir à quitter Santa Maria, tout le village a repéré les deux français qui sont là depuis 3 jours ..ce matin bavardage devant sa toute petite maison avec Clarisse Esther, petit bout de femme paisible et calme qui a élevé lá dans une débauche de fleurs ses 6 garçons et une fille ( un des garçons est mort à 19 ans), un autre est l'ami de Maria-Gloria, la jeune femme qui gère notre petite auberge pour le compte de la propriétaire une vieille anglaise vivant dans le village passionnée d'histoire et de Guarani.  Elle commence à apprendre le français par amour pour cette langue...un autre de ses fils était justement à l'auberge quand on est rentrés...observation ce matin d'une chouette pygmée d'Amazonie, de vanneaux, d'un couple de caracara a tête jaune, de gros oiseaux insectivores appelés ici : titiri..ta ( onomatopé) et qui ressemblent à la huppe , de tangaras évêque, et des floppés de perruches braillardes vertes avec la gorge et le ventre jaune canari...un couple de pics à identifier..corps tigré, tête cou  poitrail jaune, sourcil et calotte noire..
.Ce midi, nous mangeons comme d'habitude à la petite gargotte de Conception Cabrera, sur la place, une très grande pièce unique, ex logement pour une famille guarani au temps des missions jésuites, il en existe tout autour de la place de l'église du village, Conception est attablé avec son Raoul et une de ses filles , elle nous demande de nous assoir à la table commune, on mange comme eux, un assado ( viande grillée) , manioc et morceau de sopa paraguayenne ( une soupe solide, sorte de quiche) ..on parle de l'Europe...grande simplicité dans cette famille, 2 filles dont l'une est une sorte d'écrivain public/ assistante sociale, et l'autre ..avocate.!  La famille possède une vache qui leur donne lait et fromage et fait partie de l'équipe des tondeuses pour les grandes surfaces d'herbe couvrant les vastes et larges avenues herbeuses  de Santa Maria, on déplace le piquet chaque jour, on les ramène à la maison le soir, bonne travailleuse….
Nicole et Concepcion Cabrera
.Nicole et Conception rédigent la formule secrète de la soupe Paraguayenne. Raoul décrète qu'à notre prochaine visite, c'est Nicole qui fera la "soupe" dans la gargotte! 
Rito Vasquez
Rito le paysan ingénieux, Clarisse-Esther la paisible ménagère charmeuse de fleurs, Conception la tenancière accueillante, Raoul placide et curieux de tout, Wilson le musicien harpiste, Milciades le peintre décorateur qui nous demande de parler un peu anglais avec lui, Maria-Gloria notre jeune hotesse qui s'exerce au français .au revoir , je l'espère, braves gens de Santa Maria...



 C'est tout d'abord très loin, un peu comme un murmure, 
Un souffle imperceptible, un au delà des mers.
On entre en ce pays comme en Incarnation,
On erre, somnambules, perdus en transition,
Lors, des mots apaisants descillent nos paupières,
Oī, katu! Ko'é porā! On rêve en Guarani...
Eveille-toi! Oh, toi qui dort,
Viens partager le téréré
Dans l'église entrouverte pas d'orgue, mais une harpe!
                                              Don Henrique Guaranense



Là tout n'est qu'ordre et beauté…..!



Clarisse Esther



  5 mai:
Rien n'est prévu, mais les semaines passent depuis notre arrivée en Amérique du sud,  il faut quand même voir un peu le pays.. départ ce matin.. sniff, promesse de retour, moi pour duo flute et harpe avec wilson, Nicole pour leçons de cuisine et de français..Maria-Gracias nous dépose à  San Ignacio Guassu en critiquant en cours de route la politique sociale de l'Argentine, évoluant vers une sorte d'état providence à la française,qui dissuaderait les bénéficiaires de travailler à tout prix pour au moins survivre comme on le fait au Paraguay…..

Milciades sous une de ses oeuvres.

Maria Gloria et Wilson

.Le très correct bus de la compagnie NSA ( notre dame d'assuncion) ne passera qu'à 15h30...il est 8h30, ) Maria nous conseille de prendre au passage le premier bus venant d'Encarnacion en direction de la capitale...10mn sous l'aubette..un bus bondé arrive..pas d'asiento libre..non.ok . Un type qui contrôlait je ne sais quoi sort son portable, nous dit: Asuncion? ,appelle je ne sais qui, et nous dit : ok il en arrive un dans un quart d'heure.. C'est encore un bus de la compagnie Rysa, 40 000 guaranis chacun ( environ 6,5€ pour 200km)….incroyable .c'est le même que celui qui nous avait trimbalés depuis Encarnacion, la  même équipe aux commande...le pilote martial, sérieux, bonne carrure, le stewart, au profil d'aigle rétrognathe, vif rapide, efficace, repoussant en permanence les limites de l'impossible..il y aurait 2 places….. mais on part debout dans l'allée centrale bondée du petit bus courant dans sa campagne..un homme flegmatique se lève 15 mn après pour descendre, Nicole a sa place....le train train quotidien, ils sont trois à papoter aux commandes devant, la tasse à pipette de téréré passe de main en main, on monte un vendeur de chipa qui force gentiment le passage dans le couloir, le stewart aquilin passe , une liasse de tickets , pincée sur une fidèle tablette en bois hors d'âge puis la passe au chauffeur pour contrôle en roulant...fait stopper le bus car une passagère vient de demander un arrêt dans les vastes et immenses plaines tourbières du sud ouest du Paraguay, saute du bus, passe à l'arrière sortir les bagages, file vers l'avant en sifflant, saute dans le bus qui a déjà démarré, équipe bien rodée, efficace...à mi chemin arrêt pipi dans la bonne humeur,...à l'approche de la capitale, le "bras droit" du commandant ayant fait ses comptes, lui passe la liasse de billets guaranis pour vérification...facile en roulant: vous posez les deux coudes sur le volant, ce qui libère les mains pour compter les billets, même pas besoin de descendre en dessous de ses 90/100 de moyenne…bon, il est  prudent quand même, il le fait en ligne droite!
Je m'interroge : il semble que l'on craigne plus les accidents dans les luxueux bus "Executive" que dans ces humbles coletivos....car les premiers ont des ceintures de sécurité à boucler obligatoirement et les autres n'ont rien de cela  et l'on y voyage debout calés les uns par les autres!

6 mai   Asuncion
Brahma..un litre? ..on la boira bien!
 Ainsi s'exprimait Nicole ce midi devant la bouteille de cette bière de table que l'on trouve aussi au brésil...le mercado municipal numéro 4 , le plus proche de ce qu'on appelle le grand "microcentro" d'Asuncion, est très particulier..un mélange inextricable de nourriture, d'habillement, d'ėlectronique, un dédale de batiments séparés par des ruelles étroites couvertes de bâches et de tôles..c'est à la fois le grand bazar d'Istamboul, les puces de St Ouen à Paris, le groote market de Paramaribo....un miteux micro étalage annonce " venta de tabaco" ...une poignée de gros cigares grossièrement roulés pour moins d'un €...production locale! 

Le bus urbain typique d'Asuncion!


"bureau de tabac"..vente libre au marché ...

..à un coin de rue assis devant une micro boutique, un plus vieux que moi, m'interpèle:" Woher kommen sie"? Je passe en mode Allemand....:" .frankreich., ich bin ein französich .um .reisen ! " Intéressé, il passe à... l'espagnol..puis me sort en français:" en france, la vie est doure, doure" ..il voulait surement dire :" douce" car il ajoute ensuite:" les femmes sont faciles à querer.." ( aimer) il finit par me serrer la main en me disant:" god bless you" ...je lui répond: " god bless you,  tambien.." ( également) ...un intéressant jeu de langues

Le Palacio Lopez, siège de la Présidence du Paraguay.
Intérieur de la bibliothèque publique d'Asuncion
Un bureau de tabac...

Façade des locaux de l'Alliance française à Asuncion.


le patio du local de l'Alliance française 



Passage cet après midi dans les charmants locaux de l'alliance française, qui regroupent l'accueil, des salles de cours pour les 300 élèves ( de 6 ans à ...hors d'àge), une bibliothèque, un patio ombragée, l'hotesse d'accueil est toulousaine, elle a  fait une année à Iquitos, endroit magique entre fleuve et forêt + une rencontre avec un enfant du pays qui explique sa présence ici…elle parle de la qualité excellente des rapports humains, de la circulation déréglementée dans la capitale, des piétons qui n'ont que le droit d'essayer de ne pas se faire écraser..de l'absence ou presque de feux de croisement et de plaques indiquant le nom des rues, de l'improvisation permanente au dernier moment, des bus chatoyants joliment décorés, presque sans rien en plastique ( 1960) qui penchent du côté ou ils vont tomber quand tous les passagers se mettent à l'ombre...et qui ne versent pas, des policières aux milieu des carrefours où il y a par miracle des feux, sifflants à perdre haleine pour activer le trafic aux heures de pointe, ce matin à 7h Nicole dans la chambre croyait que c'était des oiseaux...assez flatteur ! Bref, encore une journée de découverte et .....en route vers la verdoyante et apaisante Guaíra où l'équipe des fous du vélo nous attend à Villarica!

7 mal :

A Aregua 20 km est d'Asuncion.


 Aregua, une vingtaine de km à l'est d'Asuncion, au bord du vaste lac Ypacarī ( en guarani : y pa = cette eau là...et karaī= seigneur….explication un peu simpliste à mon avis Une vieille ( très) petite station balnéaire des années 30, aujourd'hui dépassée par San Ber ( San Bernardino) de l' autre côté du lac...ici, la plage aménagée aurait pu être superbe mais..crues successives , manque d'entretien, nous sommes arrivés un peu trop tard. 
Midi, excellente pose au "Pablo" le meilleure table ombragée du coin, curieusement, avec cette chaleur, le litre de Brahma ne suffit plus..la consommation est passé à 1,2 litres....surement un signe de déshydratation! 
Après petit repos, le tour des artisans potiers du coin et on saute dans le premier "couineur" ( bus urbain/sub urbain tout métal) qui passe…le bus va bien au mercado 4 de Asuncion mais avant ..il nous fait faire une intéressante étude sociologique en tournant pendant une heure dans une zone...en voie d'urbanisation du style "bidonville prenant ses aises à la campagne"..chemins de terre défoncés ,  zig zag incessants, arrêts à volonté pour montée ou descente...service public personnalisé..on est bien au Paraguay!
Arrivée à la nuit tombante dans les quartiers périphériques est d'Asuncion, la ville moderne et riche à l'opposée du "microcentro" historique et siège des instances administratives et politiques mais déglingé au niveau équipements public ( trottoir).
Une rue du centre d'Asuncion.

Paroaria coronata..Cardenal, très fréquent dans les jardins d'Asuncion.


On rentre justement à la nuit dans ce microcentre , un individu, monté dans le "bidonville aux champs", apparemment sans payer, est toujours assis sur le tableau de bord papotant avec le chauffeur ( je les admire ces chauffeurs, le travail sur ces engins est très physique, long levier de vitesse émergeant du capot, moteur bruyant à sa droite avec la caisse et distributeur de micro billets dessus, obligation de consommer le minimum de carburant donc passage en roue libre dès que possible...et j'imagine les mécano faisant l'impossible  chaque nuit pour faire rouler les ancêtres...
Ors donc, nous sommes en approche finale, mais de multiple détours me font perdre mes coordonnées de navigation, de toute façon je ne vois plus ma carte, je demande au chauffeur si le mercado 4 est proche, il répond .."un peu plus loin" .l'individu est toujours assis, placide, sur le tableau de bord, le bus finit bloqué dans une rue sombre par je ne sais quelle manoeuvre en face de lui..comme nous sommes au Paraguay, 2 ou 3 personnes dans le bus m'expliquent déjà où on est. où aller..à droite, puis à gauche, 2 ou 3 quadras....( NB: le plus souvent au Paraguay , les montées et descentes de bus se font à la demande et n'importe où, le client est roi). On commence à bien connaître les intrications  complexes du mercado 4 même en ...marche de nuit...car on est rentré sans problème.. le plus incroyable, c'est que l'ambiance qui règne ici fait qu'on ne se sent  pas ( même Nicole..) en insécurité..je ne blague pas!!!







8 mai...
réveil à 5h30, noticias ( nouvelles ) locales à la radio, en Jopara..cet exquis mélange de Castellano et de Guarani, génial pour les débutants....dans le désordre,...une femme, profession de santé, très engagée socialement critique les insufisances du service public en matière de soins de prévention ( infections génitales féminines chroniques non soignées favorisant les cancers du col de l'utérus, manque de médicaments disponibles en consultations publiques ) . Les pharmacies ne manquent pas, mais là, il faut payer les médicaments avec l'aide d'une assurance privée !  Un homme  critique le gouvernement, qui neuf mois après avoir balancé le président Lugo ex-évêque à sensibilité socialiste admirateur du Lula Brésilien, tente par une grande fête patriotique du parti Colorado de faire oublier la grève générale du mois dernier....bon, il semble tout de même que le Brésil  investisse énormément au Paraguay depuis un an, délocalisation positive pour ce pays, le salaire minimum est à 1, 8 millions de guarani par mois ( 300€) la revendication de la grève était de passer à 2 millions...  Annonce après les très fortes pluies de la semaine dernière d'une situation critique dans le sud ouest du pays, et encore plus critique dans le nord du Chaco, cette zone est inaccessible actuellement par la route, vu l'état des pistes, les petits aérodrome en terre ne permettant également aucun atterrissage en toute sécurité, il ne reste que la voie d'eau trés lente ( 500 km) 
Tourisme banal ce matin, bonne volonté encore et encore dans la rue , pour nous faciliter les choses...devise de la Senatur, office du tourisme: Rohayhu! ( je l'aime en guarani).

9 mai
Il est 6 heures, Asuncion est bien réveillée, ciel limpide, petite fraîcheur 18 degrés, chants d'oiseaux dehors...oiseaux? ...des colombes, des tangaras , oui...mais les merles ( ici ce sont des merles blancs, ou bien le mimus gilvus, le merle moqueur des savanes sur ses longues pattes) sont en fait de l'espèce humaine: 
Pour preuve, hier soir 18h nuit tombante, en remontant doucement la rue du 25 mai depuis la place Uruguayana.un.concert intéressant sur 4 carrefours successifs..ces carrefours sont pourvus de feux tricolores qui fonctionnent bien, mais aux heures de pointe, des policiers se plantent au milieu et , sans tenir aucun compte de la couleur des feux , règlent le ballet:
En bas, la soprane, sifflements légers, sautillants, très expressifs et incitatifs, grand sourire à notre passage hésitant, Adelante! ( avancez) 
Un carrefour plus haut, l'alto, féminine encore, mais sifflement plus longs, modulations lyriques...
Au suivant, le ténor, un homme, puissance expressive, incitation forte!
dernier, carrefour: une basse. Sifflements graves, style roulements de tambours, bienveillants encore, mais fermes....j'ai été totalement fasciné par ce spectacle ....! Bravo!

Ce matin, passage au siège de l'association " Guyra" ( prononcez :gou / eu./....ra) ça veut dire oiseaux en guarani, pour un petit salut ( je suis membre du GEPOG Guyane et GON nord france) et identification d'espèces locales....marche lente sur la belle avenue Mariscal Lopez bordée de superbes demeures à fronton et colonnes, de l'époque coloniale, on laisse à droite l'ambassade américaine, pour entrer dans un joli quartier style "nid douillet" appelé ....El Dorado! Petite maisonnette de l'association de protection de la nature: Guyra, accueil chaleureux, petit café avec le responsable des zones protégés: Rodrígo zárate...on bavarde une heure, parle des oiseaux qu'on a repérés depuis 8 jours, des similitudes d'espèces mais des grandes différences de terrain avec la Guyane  des modes de financement...des 54 sites d'observation intéressant qu' ils ont identifiés ici, des 20 000 hectares vierges qu'ils ont achetés dans ce pays pour suppléer au désintéret du gouvernement ( avec accessoirement ..une aide de World Wild Life et d'un membre de la famille royale anglaise), des rangers qu'ils paient la-bas..une de ces zones dans le pantanal paraguayen demande pour y accéder plus de 400 km de route en terre  ( ou 2 jours de bateau avec le Cacique) au nord d'Asuncion, plus 3 jours de bateau! 
Bref, une rencontre sympathique dans le cadre de nos relations avec ce "petit pays"...







On part de suite au jardin botanique à 15km !  quelques espèces intéressantes dans ce jardinp plus zoologique  que botanique...la ñandu guassou ( sorte de petite autruche sud américaine beaucoup plus élégante que la "grosse "  africaine, des, oiseaux,l'Amazone  préféré ( du genre aviaire...)  du soigneur qui dit Ola sur plusieurs,tons, le suit en disant Papa, papa....et sait étonnament bien rire aux éclats....mais je me sent de plus en plus mal  dans ces zoo......retour bus bondé  calme et tranquille,  de nuit , pas de probléme on connait la,ville...on retrouve à l'accueil de la posada , Julius César, le père, César le garçon, et leur mère, on parle du système de santé proche de celui  de l'espagne, des progès qu'avait permis Lugo ( le président évêque ..) en matière prise en charge par les centres de santé des examens biologique...du salaire minimum, du coût de la vie en France ...de la langue guarani réellement parlée en famille, langue des sentiments et du coeur...on ne dira jamais je t'aime en espagnol, seulement en guarani.: Rohaīhu ndeve!









10 mai.   Départ pour Villarica
On quitte Assuncion...Salut à Pamela et julius César...le chauffeur de taxi se plaint du prix trop élevé du courant électrique malgré une énergie hydroélectrique à profusion..il avait voté pour Lugo et ne fêtera pas le retour au pouvoir de la droite conservatrice il y a un an..."il y a trop de pauvre qui n'ont rien à manger ici, un jour ça va exploser..."
Terminal routier...un bus de la compagnie "Guaīreňa" part dans 5 mn...on saute dedans..confort rustique mais au moins on est assis.!..il en monte pas mal en cours de route qui remplissent l'allée centrale...presque deux heures pour quitter  la zone urbaine et péri urbaine de la région d'Asuncion…Pendant ce temps là montent à tout moment, s'insinuant dans l'allée centrale pour redescendre un quart-d'heure aprés....les vendeurs ambulants de...téléphones ( un smartphone Samsung en marche m'est proposé pour 300 000 g soit moins de 50€)) , savons, rasoirs, chaussettes, jeux, boissons, chipas...) ...au bout de presque 4 heures bien occupées, arrivée à Villarica...je pensais être près de l'hotel que j'avais un peu repéré...erreur...alors un type qui déchargait sa cariole à "un cheval" près du marché nous interpèle....après un peu d'hésitation.. on monte..finalement au petit trot, c'est plus pratique et plus facile qu'une voiture...on devrait multiplier ça dans les villes en Europe....





Mais si, nous sommes arrivés à l'Hôtel sur ce taxi!

 l'après-midi, petit tour d'orientation dans ce gros bourg universitaire...marché un peu miséreux, mais accueillant, atmosphère calme propice à la conversation..des carioles à cheval, des jeunes qui nous aident à nous repérer le soir dans le jardin du poête local mort en 1932, trois " Cabiaī" ( ici capybari) gros mammifères amazoniens, en liberté, se laissent....plus ou moins...caresser...dans la rue proche, descendent paisibles deux vaches libres!  Bon, ceci dit, Villarica est loin d'être un village, il y a des "Karumbés " à cheval pour les petites courses, mais aussi des taxis ( blancs ici...Brésil, Argentine ou Paraguay, tous les taxis on une  couleur imposée par la ville) pour les plus grands déplacements...
Je les ai appelés Athos Porthos et Aramis, mais le gentil, que l'on peut toucher, c'est seulement Athos!

Athos, placide, mais un peu boueux….!

12 mai
Ok....tellement à dire, rien à dire....seulement que Villarica est notre première immersion dans le vécu, le quotidien du Paraguay central, pas celui un peu marginal d'Encarnacion, ville frontière un peu écrasée par Posadas en face,  un peu obsédée par ses ruines jésuitiques..pas celui un peu écrasant d'Asuncion, une capitale de plusieurs millions d'hab qui malgré tout vit au rythme d'une petite ville de province en France...pas celui de Santa Maria, campagne paisible, lieu de notre baptème...mais celui d'une vrai petite ville d'ici, c'est le coeur battant du Paraguay
Un Karumbé


Un petit parc autour d,un petit lac à Villarica porte le nom d'un poête local Ortiz Guerrero que je ramènerai dans mes bagages après celui de Porto allegre, Brésil : Marius Quintana, celui de Posadas Argentine: Ramon Ajala à qui j'ai serré la main ...trois frontières, trois poètes. Le lac ici porte le nom de ycuapota,  y pour eau, kua  pour trou ou source, pota pour rouge.....une bonne source permanente


Dimanche: Ballade à une vingtaine de km nord de Villarica: Ytaity , petit village connu pour sa  vierge révérée et surtout par ses femmes qui tissent de beaux vêtements brodés ...les Ao po'i , littérallement en guarani, les habits artistiques...et bien sûr les,merveilleux ñanduti....
A Yataïti avec Rosa, Nancy et Marcos.
Rosa dans sa boutique.


Un rustique coletivo nous débarque en fin de matinée sur la place publique en face d'un modeste poste de police..promesse d'un passage retour vers ....17h.. Petit plat chaud reconstituant chez Rosa, une active et prolixe brésilienne ( passage à la langue de Camoes...) qui donne à manger et boire...à la table d'à côté un couple un peu plus jeune que nous...on bavarde...ils sont agriculteurs, habitent à Coronel Oviedo à 15 km ...200ha de soja + passion pour les bonzaīs et les orchidées, ils nous donnent une adresse pour aller dans la montagne 20km Est de Villarica: Ybytyrusu ( la grande montagne) ..photos  de famille avec Rosa..sortie pour ballade...un bus passe , Rosa vient d'émettre de grosses réserves sur la réalité d'un autre bus vers 17H...on saute dedans...Nicole est profondément frustrée.
Lundi:
 Après ballade découverte dans Villarica, on décide l'après midi de retourner à Yataiti...même Coletivo, même promesse...promenade délicieuse dans ce charmant village, initiation aux secrets du ñanduti et de l'Ao po'i...initiation au fonctionnement du tata ku'a (  feu+ trou) , un four hémisphérique en brique et en terre servant surtout à cuire les "Chipas" ( prononcez chipa)
Un Tata ku'a, le four traditionnel où l'on fait cuire les "chipas".

Yataïty berceau et capitale du Ao po'i ( vêtement artistique) 


Des mains de Fées brodent ces vêtements à Yataïti.

16h45..on s'installe sur un petit banc de bois le long du mur du rustique poste de police....17h30..pas de bus...17h45..passe une femme du village, souriante..oui normalement il en passe un vers 17h...talvez ( peut-être) puis vers 19h30...encore plus ..talvez car on est dimanche...le policier de service derrière nous commence à s'inquiéter pour nous...il sort..."vous n'avez pas de famille ici?"..puis finit par se proposer de nous emmener à Villarica avec sa voiture dès son service terminé dans peu de temps...la nuit tombe mais pas de danger pour vous ici....il ne se passe jamais rien! La femme de passage vient de nous dire qu'une voiture du village qui fait taxi peut demander 80000 Guarani.( 13 €) ...je propose au policier de lui donner ce qu'un taxi du village demanderait...il me dit 80000...je dit Ok...sur ce..arrivée du collègue qui vient le remplacer ( ils semblent faire les 2×12h...comme il y peu à  faire...) surprise, discussion....arrivée impromptu du "taxi" qui nous embarque pour .70000 guaranis.!.retour satisfaisant, véhicule hors d'âge...dépose à l'entrée de Villarica...on rentre doucement à l'hôtel, on passe devant une petite échoppe ..".taller de bicicletas"..je traverse, j'entre...mon contact au Paraguay: .Kaiser est là, penché sur un  vélo...embrassades, il est manifestement enchanté de nous rencontrer enfin! Un ami à lui, christian, grand sportif, est également présent, on s'organise pour  le sur-lendemain férié une petite sortie dans la montagne.
Songeur au téréré...

Avec Roberto ( qui se fait appeler kaiser), dans sa modeste boutique à Villarica



 Mercredi 14 mai, jour de fête nationale:
Un défilé du 14 mai bien différent de notre 14 juillet: en effet voici que défilent dans les rues de cette petite ville universitaire de 25 000 habitants seulement, l'ensemble des élèves et des professeurs de toutes les écoles, du niveau primaire au niveau supérieur. Tout le monde est en grand uniforme et marche au pas au son du tambour, en fin de défilé bien après les pompiers quelques militaires, voici ce que j'appelle la "force de construction massive" du Paraguay…..que j'aimerais voir cela en France! Villarica, est une ville universitaire du centre sud de ce pays qui attire pas mal d'étudiants étrangers venus du Brésil ou de l'Argentine.
les élèves infirmières

Les futurs médecins


mise en place du défilé patriotique du 14 mai, vu depuis notre hotel Musa à Villarica!



Jeudi
Au petit matin, le petit fils du "tigre", surnom donné à son grand père colonel dans l'armée Paraguayenne, nous attend avec la 4×4 pour monter sur le cerro Acati ( Aka…ti : tête..nez) qui domine largement la grande savane herbeuse, domaine des zébus, du sud de Villarica...moment de silence sur la tombe du "tigre" dominant sa  montagne....descente....repas dans un restaurant , initiation au "germagnol" largement parlé ici! attente d'un ...bus au bord de la route, averse tropicale torrentielle, pas de bus....attente...passage du véhicule de Christian qui ramène Kaiser et son vélo…
Petit "a parte" sur le "véhicule" de Christian, une voiture d'origine japonaise, très très  fatiguée, mais, qui roule encore, qui fonctionne….il semble néanmoins qu'il passe le moins possible  ses vitesses…Christian m'explique qu'on peu se procurer des voitures pour "pas cher" au Paraguay en passant par un circuit très particulier:
Vue depuis le cerro Acati, massif de l'ybytyruzu, de la grande savane de la guaïra au sud de Villarica

La tombe du "tigre" , solitaire sur "sa montagne"


plus d'une heure de 4+4 pour arriver au sommet!


Il semble exister un circuit de "recyclage de véhicules d'occasion …...plus ou moins "très 
anciens" venant du Japon, arrivant au Chili par une zone franche à Iquique, transférés au Paraguay, achetés par des particuliers puis modifiés pour une somme très modique pour…. en faire des conduites à gauche ( moins de la moitié d'un salaire mensuel moyen, 100 à 150€ ) Il faut quand même changer la crémaillère de direction, sortir le tableau de bord, le découper pour le remettre dans l'autre sens, et tout remettre en place….je comprends maintenant ce qui m'avait intrigué dans Villarica, le nombre de micro boutique annonçant: "crémaillères voitures japonaises, tous types"….
Henri, Gisèle, Christiana, Christian, Alejo, Nicole...
Nous comptons partir demain pour les grandes eaux d' Iguazu...décision illico d'un diner improvisé...dans la famille de notre chauffeur..téréré en attendant avec Kaiser. Accueil plus que chaleureux dans la très humble maison où vit Christian avec sa femme Gisèle et leurs deux enfants, repas de famille, discussions qui auraient pu se prolonger toute la nuit si les enfants n'avaient du se coucher....

Vendredi :
Au terminal de bus...Kaiser est là pour la "despedida" un peu ému, il acepte un cadeau de deux pots de téréré qu'il utilisera en souvenir de nous..le bus arrive d'Asuncion" bondé, impossible de voyager debout 6 heures...on attend le prochain dans plus de 2 heures…

Comme souvent au Paraguay, les occasions de découvertes et de rencontres naissent de l'imprévu, de l'inattendu...un homme bien posé, un peu bourgeois intellectuel de la ville, entame une discussion ponctuée de,quelques mots de français..elle porte sur la langue guarani, son caractère patrimonial pour ce pays,  sur sa pratique trop souvent incorrecte par ignorance et apprentissage trop rapide et superficiel à l'école, il me cite quelques exemples et se propose de correspondre avec moi par Internet ( Skype) pour me guider dans la découverte de ce trésor qui me fascine. Il porte le charmant prénom de Féliciano

Le deuxième bus arrive , moins bondé que le premier mais beaucoup plus "rustique" , on arrive à s'assoir...l'assistant du "motorista" monte,imperturbable,tous ceux qui lui font signe au  bord de la route, l'allée centrale se comble calmement comme toujours de corps étroitements entassés, femmes et enfants compris....monte un peu plus tard une vendeuse de "chipa", très professionelle, tablier blanc à large poche ventrale pour les billets, main gauche paume en l'air à angle droit pour soutenir son énorme panier de chipas bien emmaillottées d'un linge blanc..pour elle, c'est la routine quotidienne, elle s'insinue protoplasmique entre les passagers debout et liquide sa marchandise appétissante et reconstituante....elle redescendra quelques kilomètres plus loin…
Ainsi va le transport quotidien dans la campagne paraguayenne...chose curieuse, on ne sent dans l'air aucune tension évidente, parfois une impatience lorsqu'un plus jeune tarde à laisser sa place à une femme un enfant dans les bras...6h pour faire 180km!


Ciudad del Este, au terminal le bus a déja éparpillé sa cargaison humaine au fil des rues...on saute dans le coletivo international qui  entre au Brésil  sans daigner s'arrêter , traverse le Rio Uruguay et sur le point d'entrer en Argentine, stoppe enfin à un poste de douane, coup de tampon, débarquement à Puerto Iguazu, Argentine!
En face le terminal, je vois Hotel St George...on y va? Ok!




Un Couachi



Samedi: .Le choc physique et mental des chutes de l'Iguazu vues du côte argentin....exactement sur la triple fromtiere….transfert depuis le terminal de Puerto Iguazu Argentine , par le bus urbain qui passe en cours de route par l'aéroport…petit train, circuit pédestre supérieur, circuit pédestre inférieur…petit train de nouveau pour passer en amont par de longues passerelles jusqu'à quelques mètres de la gigantesque " Garganta del diablo" entonnoir monstrueux d'énergie colossale,  premier frisson, peur ancestrale…"ça prend aux tripes"! En chemin, de passerelles en passerelles, comportement très inhabituels des ….papillons que je n'ai jamais vu aussi familiers, en tout cas avec Nicole et un peu pour moi, s'installant sur sa main, son bras, sa figure, et restant là pendant…cinq…dix minutes, alors qu'elle marchait doucement, fascinée par l'extraordinaire spectacle. Rencontre imprévue et inoubliable de l'infiniment fragile et du puissant colosse!
Petits mammifères fréquents en Amérique du Sud, les Couachi (ou couati) sont ici très nombreux et ici….trop familiers..allant jusqu'à se jeter sur les aliments sortis des sacs, j'en ai fait l'expérience moi-même et failli me faire mordre par un de ces impertinents animaux qui s'est jeté sur ma main pour percer de ses dents aiguës le petit récipient de jus de fruits en carton que je sortais de mon sac….




Pendant presque huit heures, sans même penser à manger, nous nous sommes laissés imprégner par cette atmosphère envoutante, passant d'un site à un autre, accompagnés de nos papillons, nos couachis…et de curieux oiseaux également très familiers que j'apparenterais à la famille des Caciques, une sous espèce extrêmement belle….! 





Dimanche:

Adieu ce matin à l'hôtel Saint Georges, son patio ombragé, son hamac, son baby-foot où Nicole à fait ses débuts..Au revoir l'argentine, on retraverse le Rio Uruguay, on s'installe au Brésil….un hôtel au hasard ( Mirante) près du terminal bus et dès l'après midi en route pour la "cérémonie des chutes" vue du côté Brésilien. 
Parcours d'approche beaucoup plus court de ce côté, mais vue d'ensemble monumentale et apothéose finale lorsqu'on se retrouve, trempés d'embruns, sur une plate forme au ras de l'eau, entre deux biefs gigantesques, en résonance profonde avec un rythme tellurique bien perceptible ( en tout cas pour moi ) dans l'hypergrave, dans un infra son plus perceptible par le corps tout entier que par les oreilles, un rythme difficile à préciser, une pulsation d'une à deux  seconde, une sorte d'immense et impérieux : " ta ta..toum" un message insistant et lancinant  de notre mère la terre…..
la bouche monstrueuse de la ….gorge du diable!





Nous étions à ce moment là, exactement sur la triple frontière, à l'apex de notre périple, au  
centre de cette spirale qui nous avait guidée vers le sud du Brésil, fait frôler l'Uruguay par le pays Gaucho, traverser la province Argentine de Missiones,  puis entrer en Paraguay pour le vivre intimement….sentiment d'achèvement, de culmination, d'acceptation….

Lundi : Il faut nous réinsérer dans le quotidien qui est le notre, le temps est venu de regagner notre point de départ sur ce continent…..Rio de Janeiro est à plus de 1000km d'ici ! Un dernier Café da manha à l'Hôtel Mirante, le mozo ( garçon) avec qui je bavarde est originaire de Porto Alegre…nous parlons de Mario Quintana, figure emblématique, poète de cette ville….

Installation dans un bus….confort exécutif…assez bas de gamme, pour ….27 heures non stop….sauf  toutes les 4 ou 5 heures, une demie-heure!
Découverte intéressante des vastes ondulations de l'Ouest de l'état Brésilien du Parana, espaces dédiés presque uniquement à l'agriculture, des milliers d'hectares de maïs, je n'avais jamais vu de parcelles aussi grandes de cette plante, du soja également, bien évidemment. Un paysage très vert, un relief qui pourrait parfois faire penser à la Normandie! 
Paysage à l'approche de Rio de Janeiro 

Mardi: Passage rapide à Sao Paulo dans l'aube blafarde, interminable banlieue et puis, bien vite, cap à l'est- nord-est, vers l'état voisin de Rio de Janeiro. On quitte progressivement les grandes ondulations pour s'attaquer aux contreforts de la Serra Atlantica ( montagne atlantique) bien méconnue des voyageurs mais qui pourtant culmine, non loin de Rio à plus de 2800 mètres d'altitude 
La Serra Atlantica

Géologie d'allure "jurassique" avec de vastes "cluses" dans lesquelles on s'infiltre pour remonter le cours de larges rivières rocheuses et torrentielles. A environ une centaine de kilomètres de Rio, on voit dominer un relief de croupes vosgienne ( trop) dénudées, des signes d'érosion sont évident, les parcelles de reboisement en résineux et eucalyptus bien  petites face aux siècles de déboisement. A plusieurs centaines de kilomètres au Sud, au niveau de Curitiba, la grande "Rain Forest ", forêt tropicale humide, atlantique couvre encore cette grande chaine montagneuse, sorte de "pendant" des Appalaches nord américaines…

Mercredi 21 mai.


Vue paisible depuis notre chambre 


 A Rio de Janeiro, réveil dans un hôtel " de hasard" qui se révèle charmant, chambre sur petit parc devenu public de l'ancien Palais présidentiel du Catete à Rio, haut dans le ciel, bien  au dessus des arbres,  dérivent de grandes escadrilles de frégates, à 100 mètres,  la plage, familiale, urbaine, reposante et tranquille de Flamengo. Un ultime effort de cette ville mythique pour nous conquérir, s'il en était encore besoin, une montée au Corcovado le matin, les vieilles voitures en bois et la motrice diesel du petit train à crémaillère de notre premier voyage il y a 40 ans sont au musée…il y a…beaucoup de monde..un escalier mécanique au sommet….le christ colossal est toujours là….mais je découvre,  exactement sous ses pieds, une minuscule et humble chapelle circulaire, s'ouvrant sur l'arrière par une étroite porte, quelques tabourets, je m'y pose..ferme les yeux, et dans le silence, l'horizon soudain se dilate infiniment….


Sous les pieds du géant, une humble chapelle est dissimulée : Nossa Senhora Aparecida!

Descente dans le "nouveau" petit train, dans mon dos, un guide local parle à un touriste américain des richesse trop méconnues de la grande forêt tropicale urbaine et montagneuse de Tijuca, ses sentiers, ses oiseaux, ses torrents, richesse trop méconnue de cette ville…..j'interviens, demande les itinéraires d'approche, des détails pratiques…..trop tard pour cette année…

En montant au Pao de Azucar ( pain de sucre) 



L' approche de la nuit nous pousse vers le sommet du Pao de açucar, lumières de la nuit scintillantes sur une des plus belle ville du monde, dernier repérage au milieu du ciel, de la Croix du Sud, et …nous redescendons car le restaurant où nous pensions fêter la-haut notre retour à Rio est en reconstruction complète, une raison de plus pour y retourner…
En bas, non loin de la station du téléphérique, debout, songeur, le menton posé sur sa main, tourné vers la mer, vers l'est, vers sa lointaine pologne natale, un Frédéric Chopin de bronze nous attend au bord d'une charmante et minuscule petite plage ( praia vermelha) au pied du Pao de azucar, entre les grandes plages de Botafogo et Copacabana!
Hommage de la communauté polonaise de Rio à leur illustre compatriote.



je pense que que nous n'attendrons pas 40 ans pour retrouver nos "habitudes" dans cette ville! 


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