mercredi 24 septembre 2014

Terre des hommes

En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons nous-mêmes notre prison. Nous nous enfermons solitaires, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre.
Si je cherche dans mes souvenirs ceux qui m'ont laissé un goût durable, si je fais le bilan des heures qui ont compté, à coup sûr je retrouve celles que nulle fortune ne m'eût procurées. On n'achète pas l'amitié d'un Mermoz, d'un compagnon que les épreuves vécues ensemble ont lié à nous pour toujours.
Cette nuit de vol et ses cent mille étoiles, cette sérénité, cette souveraineté de quelques heures, l'argent ne les achète pas.
Cet aspect neuf du monde après l'étape difficile, ces arbres, ces fleurs, ces femmes, ces sourires fraîchement colorés par la vie qui vient de nous être rendue à l'aube, ce concert des petites choses qui nous récompensent, l'argent ne les achète pas.
Extrait de " terre des homme"  ,  Antoine de Saint-Exupéry 

Cuando trabajamos solamente para los bienes materiales, estamos construyendo nosotros mismos nuestra prisión. Encierramonos solitarios con nuestra ceniza moneda que produce nada que vale la pena  vivir
Si busco en mis recuerdos los que han dejado un sabor duradero, si miro hacia atrás en las horas que importaron, por cierto encuentro las que ninguna fortuna me habria dado. No se compra la amistad de un Mermoz, de un compañero ligado à nosotros para siempre por los acontecimientos vividos juntos.
Ese vuelo de la noche y sus cien mil estrellas, Esa serenidad, esa soberanía de unas horas, no les compra el dinero.
Este aspecto nuevo del mundo después de la etapa difícil, estos arboles, flores, mujeres; sonrisas recien manchados por la vida  devolvida en la madrugada, este concierto de las cosas pequeñas, no les compra el dinero.
Extracto de " terre des homme"  ,  Antoine de Saint-Exupéry 

lundi 15 septembre 2014

Guarani/Castellano/Français: poésie sans frontière

Poème de 1791 de Lucila Fernandez

Peju mitã kuéra  ( Venez les enfants)  ( Vengan niños) 

Peju mitãn kuéra, peju pejupa   ( Venez les enfants, allons venez!)                 ( vengan niños, vengan, que vengan!)
Peju mbegueminte, peju pehecha  (venez bien lentement, venez que l'on vous voit)   ( vengan muy despacio, que le miran)
Hesu mitàmime ñandeisha ou, ( Jésus petit enfant nous est ainsi venu )                ( Jesus niño asi veniste )
Yvágui Itúa, ñandeve ombou.   ( Pour nous, sous la coupe du ciel)                        ( Por nosotros, debajo del cielo)

Mitã ne porãva yvagapegua (Enfant, beauté céleste)                                           ( Niños, celestial belleza) 
Eju, ejumina, che py'a ne renda.  ( Venez , venez,au pays de mon coeur)                ( Venga nel pâis de mi corazon)
Evy'a che py'ape, ipype epyta,  ( Pour qu'il demeure heureux)                               ( Para que sigue feliz)
*Ani resēve, ani chereja ( ? )      (  Ne partez pas, ne m' abandonnez pas!)                ( No salga mas, no me dejes)         

Peju mitãn kuéra, peju pevy'a  ( Venez les enfants, venez la joie )                          (Vengan niños, venga felicidad)
Maria isype, avei pevy'a,  ( Car vous voyez dans le coeur de Marie)                     ( Vos que miran nel corazon de Maria)

Maria, che sy, chepytyvōmi,   (Marie, notre mère,  viens à mon aide)              (Maria nuestra madre, ayuda me)
Ani ne membygui maramo ajei  (Jamais ne renoncerai en mémoire de ton fils!)      ( Nunca me rendaré en memoria de tu hijo)

Traduction du guarani / français/ castellano : Henri Dumoulin , le 12 septembre 2014 . Crée en  1791  par Lucila Fernandez

*Assistance technique de Gisèle Ortiz habitant Villarica au  Paraguay pour la phrase en rouge ) 

lundi 1 septembre 2014

Les anges musicaux

Des Complexes vibratoires

Il ne faudrait pas aller à la rencontre d'une oeuvre musicale comme si elle n'était qu'un assemblage, une succession de sons évoluant dans le temps. 
On va plus loin en la contemplant comme une architecture sonore qui apparait , vivante pour nous dans notre temps et notre espace. 
J'ai souvenir d'un homme lors d'un stage de musique grégorienne, qui parlait volontiers "d'anges musicaux", d'êtres musicaux....aujourd'hui je trouve cette métaphore trop figée, imprégnée d'images et d'émotions liées à une certaine culture religieuse...
.Il y a, potentiellement dans cette rencontre, bien plus que ce qu'on imagine habituellement....

Il y a évidemment la composition musicale musicale basique imparfaitement retranscrite par une partition qui sera la trame pour un musicien lui permettant de recréer à travers son être profond  l'innommable .  Ces sons, bien au delà du spectre sonore audible, sont un peu la partie émergé d'un iceberg d'harmoniques infinies...
Ils interagissent avec nous du microvibratoire au macrovibratoire....Comme on commence à comprendre qu'au niveau le plus élémentaire, infinitésimal la matière n'est que vibrations, on imagine comment ces créations peuvent entrer en résonance avec le plus intime de notre être. Dans cette optique, on imagine aussi aisément la différence énorme entre un enregistrement, aussi "fidèle" soit-il, et ce qui se passe devant moi, par cet humain qui officie, par lui, avec lui, en lui, par cet instrument qui crée des harmoniques, par l'édifice dans lequel je suis qui les accueille, qui les modifie, qui en crée d'autres....

J'aime à imaginer  le travail long , le travail d'accoucheur que certains hommes sont appelés à réaliser pour mettre au monde des "êtres musicaux", de vivants complexes vibratoires venus en ce monde.  Il pourrait d'ailleurs s'agir plus d'un échange..."je viens dans ton monde en échange d'un peu, de beaucoup de ton énergie vitale" ....Bien des compositeurs ont été "dévorés " par ce qu'ils offraient au monde. 
Et cette "création" , cette mise au monde, se reproduit évidemment à chaque fois 
qu'un artiste arrive les mains vides, salut le public, et invite à participer au ...sacrifice ..J'ai le souvenir , la semaine dernière, une petite et frêle japonaise qui m' a offert le puissant Klavierstücke de Robert Schumann puis le mystérieux Gaspard de la nuit de Ravel.....un ravissement au sens propre du terme!