On m'appelait " Hiéronymus"
Bien qu'ayant acquis dans son pays le brevet de pilote, il fera d'abord bien des petits boulots en Guyane pendant des années, avant, un jour, de trouver le moyen de se rendre utile au pays en transportant d'un bout à l'autre des "Grands bois" marchandises et passagers à bord de son Piper, se posant toujours sur les pistes les plus improbables possibles...ou parfois ne se posant même pas pour balancer ses colis...
Pendant des dizaines d'années, il "apprendra" la forêt, en toutes saisons, par tous les temps ! Connaissant le moindre de ses secrets, les arbres qui fleurissent, les humeurs et vapeurs du temps!
Il sera pour tous les isolés, les enclavés de l'intérieur, celui que 'on attend, le bruit de son moteur que l'on espère pendant des jours et des jours. Il sera obsédé par le souci d'améliorer par des moyens souvent rudimentaires mais efficients, le quotidiens de ces personnes!
Il n'écrira jamais son histoire, mais chez lui à Cayenne, au retour de ses "escapades", il s'asseyait devant une toile blanche, et peignait ses émotions, son amour de ce pays !
Il est mort à 91 ans, en 2019, et comme il l'avait demandé, ses cendres ont été dispersées, à partir d'un avion, sur un massif rocheux, un Inselberg, du sud de la Guyane, qu'il avait découvert et qui porte son nom!
Aujourd'hui, presque un demi siècle après mon premier contact avec la Guyane, je n'arrive pas à me souvenir exactement du jour où, victime d'une panne de moteur, Francois a du se résoudre à se poser sur les énormes coussins végétaux de la canopé, son petit avion s'est retrouvé suspendu à la verticale à trente mètres au dessus du sol, il était indemne, debout sur le tableau de bord, il avait heureusement un signal de détresse, une balise radio qui le localisait, la forêt s'était refermée sur lui, très loin de toute présence humaine! Il attendra là, longtemps, très longtemps, patiemment, n'éprouvant une angoisse qu'en entendant tourner enfin, au dessus de lui, un hélicoptère qui ne le voyait absolument pas! Ce jour là, on ne voulait pas encore de lui "la-haut", il lui restait tellement à faire, à peindre!
https://www.youtube.com/watch?v=7k_5RQQZvUg ( lien vers l'hommage d'un pilote à un autre pilote)
un peu de lui.... ( lien vers ..... après la fin )
Henri Dumoulin, en témoignage d'admiration sincère.
le cheminement de la pensée prend souvent des détours absolument imprévus, l'idée, l'envie de reparler de cet homme hors du commun, surtout pour l'amoureux de la Guyane que je suis, m'est venue en marchant près de l'écluse de Saint Nicolas, j'ai aperçu un groupe de chiens attelés, les fameux Huskys de Sibérie, chiens de traineau infatigables et courageux à la tâche, et aussitôt dans ma tête s'est ajouté le mot de SUSKY, Francois Susky!
Et pourtant si Francois partageait ces qualités des Huskys, les admirables et toutes dernières images du film réalisé en son honneur, me font irrésistiblement penser lorsque je contemple son profil, au grand aigle des Guyanes, la Harpie !
Erreur, Susky a écrit ses mémoires.
RépondreSupprimerComment il est devenu pilote alors qu'il était encore mineur, grâce à son oncle...
Comment il a dû fuir sa nationalité, son identité, pour effacer cette jeune vie trop trouble et devenir l'homme bon et intrépide pour les isolés des profondeurs de la forêt.
J'ai lu ses mémoires :
- à cause de son français "phonétique" il nous avait demandé de le corriger.
- à cause des origines difficiles à étaler, il avait demandé à mon ex mari s'il n'en disait pas trop...
Avec mon affection réelle pour ce drôle de Leprechaun qui voulait voler jusqu'au bout pour mourir au ciel.
Ces pages dactylographiées existent
Cherchez-les si cela vous intéresse.
À moins que sa "fille" ne s'y oppose ou les ait détruites.
En son souvenir, en toute amitié.
J'aimerais beaucoup lire ses mémoires, mais comment les retrouver, essayer de prendre contact avec sa fille?
Supprimer