vendredi 1 janvier 2016

La caresse de l'âme

la caresse  de l'âme
Premier jour de janvier 2016,  j'émerge mollement de cette première aube, j'accompagne en lecture Éric Emmanuel Schmitt dans la traversée de son désert, sa "nuit de feu " quelque part dans le Hoggart  il y a plus de 20 ans, l'homme vieillissant que l'éternité laisse tranquille mais qui se sent pris entre deux néants qui le grignote...
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Calé  dans un fauteuil de ma bibliothèque, j'ai envie d'un peu de musique, un peu de Mezzo....le quatuor Belcea...Beethoven, l'opus 59 en mi mineur...une femme au violon, à un moment le plan d'une caméra donne à ses bras autour de son instrument une image de protection, de vénération, comme centrée sur le cœur de celui-ci, sur un petite pièce de bois qui équilibre les tensions entre les tables supérieure et inférieure, l'âme du violon! ( la pièce numéro 5)

Et oui, entre les deux néants qui interpellaient Éric Emmanuel Schmitt dans sa nuit de feu, dans son désert, il y avait le quatuor en mi mineur de Ludwig van Beethoven, une infinité de tendresse qui se projette dans l'éternité...

Cette évocation me ramène des années en arrière, à 100 mètres d'où je suis présentement, derrière le mur de mon jardin, l'humble pièce qui servait de chapelle à une petite communauté  de carmélites, un évêque retraité, Gérard Huygues mort en 2001  assis , songeur, le pied droit posé sur une petite cale pour soulager sa hanche arthrosique, un prêche...non une réflexion entre proches, une interrogation pour lui, pour nous, sur l'éternité promise  qu' il ne voyait pas après notre mort , pas plus qu'avant notre naissance, mais ici et maintenant ..dans l'éternité ....
L'âme du violon est une éternité, à cause d'elle la disparition de l'espèce humaine ne serait pas, une simple parenthèse, une anecdote dans l'histoire de la vie sur terre, car les hommes n'ont pas fait que des bêtises....comme le disait non loin de  moi Hubert Reeves au Bourget pendant la COP 21 !

Un brouillard ténu traîne sur la vallée du Ryonval en cette fin de première matinée de l'année, il fait 7 degrés....sur Mezzo c'est maintenant le Concertgebow d'Amsterdam, la symphonie Pastorale, un cadeau de la vie! Éric Emmanuel Schmitt sort de sa nuit dans le désert: " Nous devons reconnaître et cultiver notre ignorance, l'humanisme pacifique est à ce prix, nous ne sommes frères qu'en ignorance, pas en croyance, ce ne sera qu'au nom de l'ignorance partagée que nous tolèrerons les croyances qui nous séparent, en l'autre je dois respecter d'abord le même que moi, celui qui voudrait savoir et ne sait pas!"

Les spectateurs applaudissent le chef Yvan Fischer et l'orchestre royal de la grande salle de concert d'Amsterdam, merci Ludwig! 
Bonne et heureuse année et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté!

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