dimanche 20 mars 2016

Premiers pas aux Indes


Mon frère François est actuellement dans le nord de l'Inde, il parcours pour la première fois de sa vie les états du Rajhastan, Uttar Pradesh, Bihar, je me suis permis d'être son intermédiaire en reprenant les textes qu'il nous transmet régulièrement et en les illustrant de ses photos 

Comme promis, journée de la femme " oblige'....FEMMES INDIENNES..

Troublantes, mirifiques,,,déconcertantes. La femme de 20 a 80 ans est apprêtée, élégante, féminine, chatoyante, envoutante...Les couleurs vives de son sari rivalisent de grâce et de beauté, quelque soit le statut social et le travail effectue . Et d'autant plus d'ailleurs si elle est pauvre..J'ai été impressionné de voir une jeune femme aux traits fins , en sari rouge écarlate, trier, près de mon hôtel, de vieux papiers et ordures diverses en pleine chaleur.Et que dire de leurs yeux? Sombres et étincelants , envoutants et diaboliques, d'une profondeur insondable mais en restant naturel , ce regard se refuse néanmoins , mais pas toujours...et on peut le comprendre.La femme baisse les yeux a l'approche de l'homme surtout étranger , voire recouvre son visage de son fin tissus.Et pourtant...ce charme indéniable me parait presque suspect quand on sait par ailleurs le peu de considération qu'on leur accorde dans leur société.N'est-elle- pas tenue de plaire à son seul mari tant qu'il en veut encore et avant peut-être de la battre voire pire...



Je photographie une vache indienne inconsciente et placide dans l'effroyable trafic d'un boulevard fréquenté. Ils se placent derrière moi. Je ne les ai pas vu arriver . " What are you doing?"Je leur montre la vache concernée. Ils veulent voir la photo. Ca ne rigole pas . Ce sont deux policiers essayant désespérément re régler la circulation. Sentant un certain malaise , j,efface de moi-même la photo . La tension baisse . Ils m'aident autant que possible à traverser . Je les revoit peu après souriants. Petit signe de la main !




Un jour et demi à VARANASI, instant donné d'éternité!

L'aube se lève, il fait déjà bon, le yogi appelle à la méditation, les barques glissent lentement sur l'eau immobile du Gange, l'assemblée se recueille, les vaches contemplent cela paisiblement, les premiers fidèles, vêtus d'un simple pagne, commencent leurs ablutions dans l'eau trouble.


Le Sadhu ( sage) regarde cela rêveusement, le touriste rêve d'être Sadhu, la mendiante, portant l'enfant au côté réclame du lait, le soleil commence à chauffer, pas un souffle de vent, le petit singe saute sur le dos de son maitre, l'homme presque nu s'enduit de poudre blanche.

Les enfants jouent au cricket, un simple bâton a la main, le japonais photographie, le chien aboie contre la vache qui ne demande rien, un chant plaintif venu d'un temple voisin résonne dans l'air, l'homme se plonge entièrement dans le fleuve sacré, un autre y lave son linge et l'essore maintenant, le frappant puissamment contre une pierre sur la berge


Des hommes veulent me louer leur bateau pour découvrir le fleuve, des bruits de barques dans l'air devenu lourd, le cadavre se consume, la vie et la mort se mêlent dans le présent, tout est étrange, magique et fascinant.

VACUITE ET PLENITUDE.

CREMATION....

Ils sont là, une douzaine d'hommes, pas de femme, des visages paisibles autour d'un modeste bucher, le corps est entouré d'un linceul blanc.
Le soleil imprime son fuseau radieux sur l'onde placide, vaches et chèvres rodent autour du bucher, j'ai rangé mon appareil, photos interdites, mais un homme m'aborde, étranger a la famille: " Tu peux regarder mais tu dois verser un don ( a lui bien entendu) pour ne pas déplaire a la famille et soigner ton karma! ..."
Le corps est maintenant saisi à pleines mains et placé sur le bucher puis recouverts de branches, en partie dissimulé, un prêtre vêtu seulement d'un pagne blanc et d'un foulard dispose certaines substances sur le cadavre ( pour éviter parait-il l'odeur désagréable).

Six membres de la famille tournent ensuite 5 fois autour du bucher, le prêtre met le feu à de la paille avec la braise d'un précédent bucher enflammant de la sorte le bucher du défunt qui s'embrase petit à petit, l'assemblée regarde tranquillement , parlant et riant même, aucune tension. aucune tristesse, l'âme s'est déjà envolée vers un autre destin !


L'Hindouisme imprègne ce pays à un point inimaginable en France, pas seulement par la multitude des temples, petits et grands, disséminés dans villes et campagnes, car les échoppes et restaurants disposent de leurs propres petits autels, mais aussi par la ferveur , la croyance manifeste qui émane de ce peuple , hommes et femmes, riches et pauvres, vieux et surtout jeunes, attitude difficilement pensable dans notre pays.

Le décor , la multitude de statues de leurs dieux, les onguents et l'encens purificateur ; cela rappelle la religion orthodoxe mais avec plus d'authenticité...( cela n'engage que moi...). Ce sont surtout les rites qui marquent : prosternation - incantation - récitation de mantras - apposition d'un onguent rouge entre les deux yeux( 3eme oeil ) - mains jointes sur la poitrine - pose du front contre l'autel .
Ne pas oublier enfin de tourner autour de l'autel dans le sens des aiguilles d'une montre! Pour son Karma bien entendu....
Une femme dans la rue pose sur sa main sur le fondement de la vache sacre , afin peut-être d'attirer ses bonnes grâces.

Cette effusion non feinte peut paraitre excessive. Elle traduit une religiosité , un sens du sacre , qui semble avoir abandonné notre occident...? Et cette spiritualité trouve son apogée dans les eaux si souilles du Gange vénéré de Varanasi-Benares ( eh..eh..J.M.!)

François Dumoulin


EN GUISE D'EPILOGUE DE MON VOYAGE EN INDE...
Ce regard triste tendu vers une pauvre obole.
Cet enfant souriant vetu de simples haillons
Ce sage au bord du Gange perdu dans ces pensées
Cette femme emaciée au regard ébloui
Cette vache impassible dans l'enfer de la rue
Cette famille avenante m'abordant dans le train
Cet homme si pressé à me vendre la lune
Ce moine de pacotilel souriant a une jeune fille
Ce garde enturbanné devant le temple d'or
Cette ville en folie qui bourdonne sans cesse
Ces jeunes en uniforme riant éperdument
Ce soldat impassible souriant au dedans
Ce sourire échangé et cette main tendue...
Ce sourire échangé et cette main tendue..
Ce sourire échangé et cette main tendue..
 Nantes, mars 2106

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