lundi 8 février 2016

Deux pianos et un clavecin

Deux pianos et un clavecin!

Un premier contact, enfin, avec les "folles journées de Nantes", m'aura tout de même  permis de rencontrer..deux piano et un clavecin!
Entre-temps, j'aurai passé un petit moment en compagnie de Frédéric Lodéon et Hubert Reeves, dans le grand hall de la cité des Congrès pour un "direct" du "Carrefour de l'Odéon", des flûtes, la sonate pour flûte de Poulenc, la réponse d'Hubert Reeves à la question  de Frédéric L'odéon : Alors, est-ce qu'on nous écoute là-haut?...: " C'est une grande question, j'aimerais pouvoir y répondre, mais ....je ne sais pas! L'important , c'est que c'est grand, c'est très grand, on a de la place, et c'est mieux comme ça, sinon ce serait ennuyeux! 


Matan Porat: le premier pianiste, brun, la quarantaine flamboyante, chevelure noire et bouclée, un romantique de la grande tradition, un excellent professionnel maîtrisant très bien l'émotion musicale qu'il appelle à la vie: les "petits moments musicaux" de Schubert, de petits tableaux d'une expositions intime, les "pas sur la neige" , longs, traînants mais calmes et paisibles, de Claude Debussy, la sombre, mystérieuse, envoûtante Vallée d'Obermann,  tour à tour scintillante comme des cristaux de neige parés d'Edelweis puis grondante au fil de torrents mugissants! On sort de la salle, touchés au cœur, agréablement enivrés de musique!









Jonas Vitaud, 35 ans, le second pianiste, nous emmenais dans une promenade au travers d'une année: " Les Saisons" de Piotr Ilitch Tchaikovski, douze tableaux, les douze mois de l'année, avec leur titre...au coin du feu, carnaval, chant de l'alouette, etc. Excellent travail également d'un pianiste plus rond, trapus, réservé, technique, sans emportement. J'ai eu du coup une écoute plus intellectuelle qu'émotionnelle, m'amusant à noter, à traduire en mots, en adjectifs, en courtes phrases, le paysage musical de chacun de ces mois!

Le clavecin, quand à lui, était "animé" ( le juste mot pour traduire ce supplément d'âme offert par un humain à un instrument pour qu'il crée des sortes d'anges musicaux..) par Pierre Hantaï, un claveciniste accompli dans sa belle et riche maturité, très droit, mince, le visage sérieux, les lèvres pincées, presque immobile lorsqu'il "recrée" la musique, les yeux seuls et des coups de mentons à droite plus qu'à gauche trahissant une intense émotion contenue. Il nous a ainsi "rendu à la vie "des pièces pour clavecin" de monsieur François Couperin, petites aquarelles bucoliques,  de l'impressionnisme avant l'époque, peignant des paysages, des animaux, des oiseaux ( la fauvette, l'alouette, la linotte...), puis quelques pièces du même style de Jean Philippe Rameau qui avait 20 ans de moins que lui, la dernière surprenante de réalisme et nommée "la poule". Ces créations nous venaient des années 1680 à 1750, à cheval sur le siècle.


Pierre Hantaï, c'est une alliance parfaite entre l'homme et son instrument, une concentration extraordinaire (il m'a semblé particulièrement sensible à la moindre distraction venant de la salle)  de la dentelle incroyablement et aimablement élaborée associée à des fanfares, des marches guerrières, des cavalcades qu'on n'imaginait pas sortant d'un clavecin. On est figés, subjugués, immobiles, transportés de la première à la dernière notes avec un artiste comme Pierre Hantaï!

Le septième jour de février, la seizième année du siècle en cours, Dans l'attente des 'folles journées" de l'année prochaine, un oiseau de passage: Henri Dumoulin

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