jeudi 26 novembre 2015

Géocritique

Géocritique , réel, fiction, espace ....Bertrand Westphal  publié en 2000 aux éditions de Minuit.
Je viens de passer une heure sur ce bouquin trouvé par hasard à la BNF cet après-midi ! Pour moi, il comporte un peu trop de références historiques, mais j'ai trouvé au milieu de tout ça des idées qui ouvrent des horizons très intéressants:

L'espace n'était que la scène de support du scénario que le positivisme imaginait, la matérialisation programmée d'un écoulement homogène du temps.

Mais après 1945, aller de l'avant ne signifie plus suivre une ligne droite, on peut aller en avant en tournant en rond ou en empruntant des chemins de traverse au gré du vent.On entre dans une temporalité ou la synchronie semble prendre le dessus sur la diachronie. 
Notre existence est aujourd'hui marquée par un sens ténébreux de la survie qui se situe aux frontières du présent pour lequel  le seul nom approprié semble composer avec l'instabilité actuelle et controversée du préfixe "post"...postmodernisme, postcolonialisme, postféminisme..

le passage de l'homogène à l'hétérogène
" Chaque être complexe est constitué par une pluralité de temps branchés les uns sur les autres selon des articulations subtiles et multiples" Extrait de "la nouvelle alliance" de Ilya Prigogine et Isabelle Stengers
Ce n'est pas le temps qui est assigné à l'individu, mais l'instant...et avec cet instant donné, c'est à lui de faire le temps ( Georges Poulet 1964 étude sur le temps humain) 
De cet instant donné jusqu'au temps, le parcours est chaotique, labyrinthique, tortueux, mais avant tout: Libre. Le temps est une ressource, une création, jamais un obstacle!

les tempuscules
" ...idée de lignes biographiques reliant différents tempuscules, s'insérant dans une famille fédérant des systèmes d'individus qui participent à des histoires analogues à défaut d'être partagées ( 1973 : maria Luisa dalla Chiara Scabia) 
Une interconnexion relie selon des modalités indéfiniment variables une série d'ensembles infimes dotés d'un minimum intelligible de sens...supposant un cabotage erratique des tempuscules à travers l'archipel des possibles.
Des interactions comme une vibration avec une infinité d'harmoniques se déploieraient entre eux au delà du  seuil d'intelligibilité.
Nouvelle expression de la spatialisation d'une temporalité.

Jorge Luis Borges ( 1941, le jardin aux sentiers qui bifurquent, divergents, convergents, parallèles.) j'ai beaucoup lu et traduit Borges....
Chaque individu adhère à un régime temporel qui lui est propre, ou qui est spécifique à un groupe, à une culture, tandis que plusieurs régimes parallèles voire concurrentiels sont concevables dans l'absolu, l'espace se situe à l'intersection de l'instant et de la durée, sa surface apparente repose sur des strates de temps compactes et réactivables  à tout moment.

 Le présent de l'espace compose avec un passé selon une logique stratigraphique...toute représentation entraîne une réduction car elle est le produit d'une prise de position singulière. d'un choix selon des intérêts de signifiance
Le présent est un assemblage d'instant-points de forces hétérogènes autonomes.
La simultanéité dans le temps n'est qu'une apparence de simultanéité
L'actualité des espaces humains est disparate, leurs présents est soumis à un ensemble de rythmes asynchrones ( réalité observable au détours d'une rue de ville )
L'un des enjeux majeurs de la géocritique est de conduire l'observateur à considérer ce qu'il regarde ou reproduit dans toute sa complexité.
Face aux temps dans le temps, l'espace humain est un jardin aux sentiers qui bifurquent, à gauche, à droite, en haut, en bas, une pure arborescence.
C'est dans la valse hésitation d'un espace qui n'existe pas hors du regard, dans l'infini variation des discours la cartographiant partiellement  que la réalité se niche....

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