mercredi 26 avril 2023

Une longue marche

 Une longue marche 


Mardi 25 avril, poussés par un vent d'automne qui a déjà effeuillé une bonne partie des arbres, nous quittons San Martin des Andes à midi, compagnie Albus, on emprunte notre itinéraire bien familier vers Junin des Andes, on laisse à gauche après Junin la fromagerie et notre brave Léonardo, ses vaches qui ont toutes leur noms et ses poules anonymes, dans sa montagne, on passe l'observatoire des condors sans condors à l'horizon, et peu à peu la silhouette du volcan Lanín et les derniers contreforts des Andes s'effacent à l'horizon! 




Une curieuse impression de précarité  de la végétation s'empare de moi. On a beau se dire qu'il en est ainsi depuis des millénaires, se dire que nous sommes au mi-temps de l'automne en fin de saison sèche, que le printemps doit être plus vert, plus fleuri, il n'empêche que l'on se prend à imaginer qu'un jour, si le climat se fait plus chaud, plus sec, cette terre immense pourrait ressembler au Sahara, avec à sec le lit du Rio Negro qui rejoint encore aujourd'hui l'océan atlantique. Ça et là de petits édicule ceinturés d'étoffes rouges garnissent le bas-côté de la route, souvenir des anciens Mapouches ou plus simplement des morts de la route. Il existe, dans la pampa, des lignes droites meurtrières qui font plusieurs centaines de kilomètres sans le moindre pueblo, pueblecito, petit virage, rien du tout! 


Nous roulons vers Zapala, petite ville ouvrière, le long courrier Albus s'engage dans les lacets descendant vers le Rio Santo Domingo, Nicole à la mauvaise idée de tester les toilettes du bord, en sortant elle bascule dans un virage se prend la porte contre la cuisse, se rattrape de justesse et son équilibre rétabli parvient à se rasseoir!! 

Après zapala, la Pampa prend peu à peu son amplitude, son immensité coutumière, avec encore à droite de lointaines barres montagneuses. 

Peu à peu, apparaissent à droite et à gauche, des chevalements à balancier, très isolés les un des autres, des tours de distillations, des cuves de réservoirs, tout cela comme discrètement camouflé, dispersé dans la pampa. On s'attendrait presque à voir apparaître des terrils, mais non, l'industrie pétrolière est ici plus discrète que celle du charbon,  c'est ainsi que je m'imaginais le Texas! 


Une heure plus tard vers l'est, c'est Cutral có, un incroyable petite ville de farwest, dont le nom en langue Mapouche signifie :" arroyo de fuego ( ruisseau de feu). Une statue immense sensée représenter un Christ s'agenouillant pour recueillir les fruits de la terre, une curieuse inscription célébrant les 100 ans du pétrole, alors que ce produit précieux aurait été découvert dans les années 60 ici, un musée paléontologique rappelant la découverte de quelques ossements d'un énorme herbivore de cent millions d'année, baptisé sans modestie aucune l'Argentinosaurus, ce serait le plus gros, le plus grand....reconstitué en métal pour la firme pétrolière YPF ( bien prononcer ici : i, p, èfé! ). 


Lorsque baisse le soleil,dans notre dos, notre véhicule s'engage dans la vallée, plus verte, du Rio negro, là-bas à l'horizon, c'est Neuquen, la grande ville, la capitale de la province.

Le grand terminal de bus ressemble à une aile d'avion. Normalement, il doit y avoir un hôtel à moins de 500 m que j'ai choisi sur les conseils de Booking ! Comme il fait déjà nuit et qu'on est entouré de boulevard et de clôture on demande à un taxi où se trouve l'hôtel "El bungalow" ( bien prononcer boungalo ) perplexité, le type regarde Maps, moi aussi derrière, on tourne autour de deux ou trois quadras, un terrain vague, des maisons condamnés, pas d'hôtel du tout, finalement le taxi nous dépose à deux pas du terminal dans un hôtel qui n'existe pas pour Booking mais qui est fort confortable accueillant et bien pratique!

Ce soir, après minuit, nous serons, si dieu veut, au centre géographique de l'Argentine, à Santo Rosa de la pampa, à l'hôtel San Martin qui m'a affirmé sur WhatsApp que:" Hay lugar " ! 

Henrique de la Pampa





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire