samedi 7 novembre 2020

Europia revisitée chapitre 2 : Une enfance au Québec




Une enfance au Québec 



Depuis son exploration par Jacques Cartier 16e siècle, le Saint laurent constitue une véritable "eau de vie" pour les Québécois qui peuplent ses rives. 


Dans la banlieue nord de Québec, au lieu dit "l'ange gardien", au bord du St Laurent, face à l'île d'Orléans, mes parents ont fait construire en 1945,  une maisonnette en bois où j'ai passé, avec ma sœur et mes frères,  mes jeunes années dans le bonheur d'une nature souveraine.


Mon père avait là de quoi assouvir ses  besoins d'écriture, l'âme des anciens trappeurs rodait autour de lui, un bateau était là, toujours, devant la maison, et plus tard quand ses livres se vendirent un peu, un vieil hydravion d'occasion qui nous permit d'inoubliables randonnées vers les lacs du Nord ( St Vincent, sainte Anne, Saurtney....) 



 






Nous allions très souvent, inconscient (ou amoureux) du danger, dans la forêt, été comme hiver, mal protégés du froid sous une simple tente, nous réchauffant autour d'un bon feu de camp qu'on entretenait à tour de rôle toute la nuit pour survivre, éloigner les gros animaux....





Nous n'avons eu vraiment peur qu'une seule fois et je m'en souviens comme si c'était hier! C'était le jour de la Toussaint 1966, on était parti le matin à l'aube avec Papa, il y avait moi michel et Pierre (pas plus de quatre places dans l'hydravion). On voulait aller à une centaine de kilomètres au nord de Saguenay, se poser sur le lac Peribonka ( regardez la carte Michelin) et rentrer le soir même, une petite heure de vol.





On s'est posé sans encombre, mais en naviguant un peu pour chercher un bon coin, un des flotteurs a heurté un peu violemment un tronc entre deux eaux, de ces bois flottant que l'on voit bien du ciel, mais plus quand on navigue, il y a eu une fuite, il se remplissait d'eau, pas vite, juste le temps de s'échouer sur une plage.... on était coincé pour repartir, pas de radio !  On avait nos vêtements chauds, et dans la soute de l'avion, une bâche, une couverture, les ustensiles habituels, de quoi faire du feu, deux fusils de chasse, des munitions, de quoi manger pour la journée ! 


Que faire, attendre des secours, ou rentrer à pied, en se rapprochant de Saguenay, plein Sud, on pouvait espérer tomber sur quelqu'un ou une hutte de trappeur! Finalement on a eu la chance de tirer quatre oies bernaches qu'on a aussitôt plumées vidées pour ne garder que la viande mise aussitôt à cuire, on avait de quoi manger, on est parti plein Sud avant midi. 


La première nuit, on la passé serrés sous la bâche devant un grand feu, bien au chaud, en dormant bien peu, le lendemain, on a bien progressé, suivant des layons de chasse vers le Sud, la deuxième nuit a été plus dure, manque de sommeil, fatigue, mais tôt dans la matinée on est tombé sur un trappeur de Saguenay, il nous a ramenés immédiatement en 4x4 à l'ange gardien où maman et raymonde étaient folles d'inquiétude ! Un excellent souvenir! 





Papa partait tous les matins, en bateau, pour le centre ville de Quebec, à la rédaction du " Québec Libre" où le vieux général de directeur s'était requinqué de sa lamentable sortie d'Europe en se lançant dans les sinuosités politique de la vaste fédération canadienne, vent debout contre l'assimilation totale des francophones de la " belle province". 

Sa prestance, son autorité naturelle, lui valurent rapidement de grands succès politiques. 


Le plus beau souvenir de mon père en tant que journaliste fut la visite officielle, cordiale et sereine, le 28 juin 1967, du Président du conseil de l'État français : André Malraux! La France son pays, ses racines, devenu le membre le plus prestigieux au point de vue culturel, artistique, littéraire des états européens rassemblés autour de leur capitale: Aix-la-Chapelle, autour du souvenir du grand Charlemagne, dans l'acte solennel d'union  du 9 mai 1950, dont la devise est latine: " in varietate concordia" et l'hymne de Ludwig Van Beethoven ! A l'entendre résonner devant l'hôtel de ville de Montréal, il en eu les larmes aux yeux! 


Mais il est temps maintenant de clore ce chapitre et de rembobiner de nouveau l'histoire jusqu'à ce  jour précis de la fin de l'année 1940, au Maroc, où le destin de mon père bascula en quelques minutes de la fatalité d'une trop longue série de prisons espagnoles, à la route du grand large qui l'a mené bien plus loin qu'il ne l'aurait jamais imaginé. Ce sera l'objet du chapitre suivant:" Trois garçons désertèrent " .


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