samedi 14 novembre 2020

Europia rev Chapitre 6 : Un ajusteur d'élite

Un ajusteur d'élite.


Avant d'aller plus loin, je pense qu'il est bon de faire un petit retour en arrière pour mieux comprendre, Francis est arrivé à Peenemûde un mois après l'attentat qui bouleversa totalement  le destin du troisième Reich! 

A cette époque Il connaissait pas plus, pas moins que n'importe quel Français de son époque, la marche de l'histoire en ce moment tragique.

Il ne connaissait, somme toute, avant son "embauche forcée " au STO, rien d'autre des allemands que les caricatures que l'opinion publique véhiculait sur eux depuis les conflits meurtriers de 1870 et 1914...

Il n'avait donc personnellement aucun a priori sur eux...



C'est pour cela que dès les premiers mois d'insertion, de rodage, de début d'apprivoisement " sur le tas" d'une langue qui lui était inconnue jusque là, il se sentit envahi par un sentiment  ambigüe.

Normalement, compte tenu des stéréotypes politiques qui avaient cours dans sa jeunesse, il n'aurait pas dû ressentir pour des Fritz, des Boches, l’ennemi tout simplement, cette fascination, cette admiration pour le développement particulièrement poussé de vertus qu'il appréciait, comme l'ordre, la discipline, l'exactitude, la rigueur, la qualité de l'organisation sociale….pendant son voyage, à travers l’Allemagne, vers le nord, vers la Poméranie, il avait vu de belles et grandes maisons, des routes en parfait état, et même des autoroutes, les fameuses autobahn encore inconnue en France, depuis sont arrivée, bavardant avec les « anciens » il avait appris qu’il existait depuis longtemps en Allemagne un système universel très avancé de protection sociale, tout cela tournait dans sa tête ! 


 Il n'était pas prisonnier de guerre, mais, en quelque sorte travailleur détaché, il bénéficiait d'un régime de semi-liberté, il y avait un couvre feu le soir dans les baraquements , il touchait une petite paye, des sorties étaient possibles le dimanche, le courrier fonctionnait bien, il pouvait recevoir des colis...




Question travail, il avait découvert des tours à métaux d’excellente qualité, lui permettant pendant ses longues rotations de douze heures d’affilé, de satisfaire sa recherche de la perfection, il travaillait au pied à coulisse et au Palmer, allant si nécessaire jusqu’au centième de millimètre en précision sur ses pièces. 

Il me raconté  je ne sais combien de fois l'histoire du surveillant qui traînait  entre les tours, un soldat allemand qui l'a coincé un jour, faisant à partir de chutes de métaux, la finition d'un briquet :" was is dass? " , le garde a tout de suite compris....et apprécié la qualité du travail, en demandant un pour lui! 

Au fil des mois, même si, par son caractère, il n'avait pas la moindre envie de se mettre en avant, sa réputation d'ajusteur hors-pair fut vite connue des responsables! 


Il y avait toujours ce blocage face a l'ennemi face au nazisme. L'assassinat du Führer et le bouleversement politique totale du pays pendant l'année qui suivit firent évoluer progressivement son point de vue. Un  événement renforça encore, un jour, le sentiment qui l'envahissait: 


Le 11 novembre 1943, 6 mois après l'explosion de la première bombe atomique, 

Erwin Rommel rencontrait le vieux Maréchal Pétain sur la colline de Notre-Dame de Lorette, le jeune général et le Vieux Maréchal qui avait le double de son âge accompagné d'un interprète marchèrent  seul pendant deux heures au milieu des tombes, nul ne sait ce qu'il purent se dire, de soldat à soldat, mais lorsqu'il rejoignèrent le groupe des officiels, ils firent  ensemble une déclaration annonçant la construction d'un vaste monument en forme d'anneau sur lequel serait gravé le nom de tous les soldats victimes de leur devoir quelque soit leur nationalité:" l'anneau de la mémoire"  

 On pouvait enfin commencer à espérer la "paix des braves" qui n'avait pas été réalisé en 1918.




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