mardi 21 novembre 2023

Buzenval le 21 juin 1925

 Buzenval 21 juin



Ma Cicine bien-aimée


J'ai reçu hier tantôt ta lettre du 18 juin, et ce matin la carte à Marie. J'ai été très heureux de savoir que l'opération s'est très bien passé, et si comme le dit Marie, Raymonde n'a pas beaucoup pleuré, c'est qu'elle n'a pas souffert énormément. Je serai content quand même d'être rendu à demain pour avoir des détails sur la façon dont ça s'est passé. Vous avez été bien longtemps, il me semble, puisque vous n'êtes revenus qu'à 4h30. Avez-vous pu assister à l'opération ? Enfin je n'en demande pas davantage, j'espère être satisfait demain. Que dit-elle maintenant cette pauvre petite, est-elle bien impatiente, a-t-elle pu dormir malgré cela ? 

Tu as pu avoir les épreuves de leur photo, quand tu auras leur photo finie, tu voudras bien m'en envoyer une.

Le commerce ne va pas bien fort, avec la chaleur qu'il a fait jusqu'à ces jours-ci, maintenant ça va peut-être aller un peu plus fort, car il fait plus frais depuis quelques jours. Heureusement que les roulages donnent bien et même je crois que Poulain est en train de devenir un bon client pour nous, tant mieux, il ne faut rien refuser. Tant que j'y pense est-ce que tu as payé le trèfle ? Il y avait un premier lot de 90 Fr., et un autre petit lot de deux ares, ce qui fait 25 Fr., soit en tout 115 Fr. Le foin de vasière doit être fait maintenant, l'avez-vous rentré. 

Comme André aura sans doute une forte note, tu pourrais peut-être commencer à faire sa note quelques jours avant la fin du mois, de façon à pouvoir lui présenter dès le premier jour du mois prochain. As-tu espoir que les roulages continuent comme ça, il y a encore le mois de juillet à passer, après, les foins donneront un peu d'ouvrage, Fuselle et Henri doivent savoir faire après le foin. Septembre amène le commencement des vendanges et le charbon recommencera après. Tant qu'à Fleurette, il faudrait qu'Henri évite de passer par la maison, il aurait pu passer par exemple par le chemin de chez Hosais, derrière chez Monsieur Lavigne.

Tu as reçu enfin du charbon de bois, il faudrait tâcher de ne pas se laisser prendre, car Denaut pourrait bien en profiter. Est-ce que tu fais toujours raccommoder les sacs ?

Tu voudras bien remercier Bageot pour la boîte de dragées.

Voici encore un dimanche de passé, le troisième et il y aura quatre semaines jeudi que je suis ici, le temps passe malgré tout, quatre semaines, c'est le quart du temps que j'ai à passer ici. Aujourd'hui donc je n'ai pas encore été à la messe, je n'irai pas tant que je ferai de la température.


Tu me demandes des renseignements sur mon docteur. Si nous parlons du père ce n'est pas la crème, et il ne se gêne pas pour ses malades, je vais d'ailleurs te donner un exemple: il ne veut pas que l'on reste au lit, du moins pour y déjeuner. Vendredi matin en attendant la visite du docteur, et après avoir fait ta lettre, j'ai attrapé froid à tel point que je ne pouvais me réchauffer. Je suis descendu déjeuner en vitesse puis je me suis mis au lit, une heure après, j'avais la tête en feu et le soir j'avais 39°2 . L'infirmière est venue et a plaidé pour moi au docteur pour qu'on me serve à la chambre, il a tout de même accepté, le lendemain matin j'avais 37°. J'ai eu mon petit déjeuner au lit grâce a l'infirmière, mais il a fallu que je me lève pour déjeuner. Je me suis recouché après et le soir je n'avais que 37° 1. Aujourd'hui j'ai eu un peu froid ce matin et j'avais 38°3 ce soir. Bien mieux, un autre pensionnaire faisait hier soir 39° de fièvre, et ce matin 38° le médecin lui a ordonné de descendre ce soir, il avait encore 39°. Un autre n'est pas descendu ce midi,ayant encore de la fièvre, Son couvert était mis à table, par conséquent il n'a pas eu à manger. C'est tout de même un peu fort ! Si le docteur Desclaux savait cela, lui qui aurait voulu que je reste complètement au lit.

Ma petite Célestine, il ne faut pas te frapper de ce que je te dis là, car à côté de cela, le fils est très gentil, il ne nous voit bien sûr que tous les huit jours, mais c'est assez souvent quand il n'y a pas de cas particulier. Cette fois-ci il n'a pas trouvé de changement. 

Ce qui me manque un peu c'est la lecture. Baranger m'en a bien offert, j'ai accepté, mais il ne m'a pas encore répondu, pourtant je lui ait écrit quelques jours seulement après mon arrivée. Je repense tout d'un coup au docteur et à sa conduite, un exemple de leur mauvaise direction, c'est qu'ils ne peuvent garder de domestiques, il ne leur donne seulement pas à manger, ils n'ont, c'est très simple que ce qui reste après que nous avons pris notre part, et comme bien souvent on ne laisse rien, je me demande avec quoi il se nourrissent. Depuis que je suis ici, il est parti un domestique à tout faire, une fille de cuisine, mardi prochain, la fille de salle qui ne sert à table s'en va ainsi qu'une femme de chambre, une autre femme de chambre part à la fin du mois, cela fait cinq dans un mois, c'est un record !

Je ne vois plus rien à te dire pour ce soir, il est 10h30 et il est temps d'aller au lit. Demain matin j'écrirai quelques mots à Marie en réponse à sa lettre.

Reçoit ma petite femme adorée de gros baisers de ton petit mari qui t'aimes autant qu'il est possible d'aimer.

Raymond

Tu embrasses bien ma petite Raymonde pour moi.

Je viens de recevoir ce matin "le pélerin", je ne sais qui me l'envoie, et pourtant je connais l'écriture. Je serai très heureux de l'avoir toutes les semaines, il contenait également la vie paroissiale.





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