lundi 27 novembre 2023

Les caprices de Fleurette et le petit lutin

 





Couëron le 25 juin 1925.

les caprices de fleurette et le petit lutin.


Mon bien cher petit mari


J'attendais d'avoir une autre lettre de toi ce matin mais je n'ai rien eu, peut-être ce sera pour ce soir. J'aurais été heureuse d'en recevoir une me donnant de meilleures nouvelles, mardi soir je t'ai un peu grondé dans mon mécontentement, mais cela m'a fait du bien de me décharger, si tu savais ce que ça fâche de voir qu'il y a toujours des entraves pour faire baisser la fièvre, il faut faire attention à ne pas attraper froid, Car il n'y a pas de raison que toutes les semaines tu attrapes froid en prenant ta consultation et que toujours cela fait remonter la fièvre de nouveau. Enfin ne revenons pas là dessus et redouble d'attention.

Parlons d'abord de ta Monmonde, elle est toujours très sage elle est maintenant tout comme autrefois, nous l'asseyons dans une chaise longue, elle mange à table en poussant le bout de la chaise sous la table, elle joue très bien, je te dirais bien qu'elle se remue avec ça.

Je t'avais dit je crois qu'elle ne demandait pas à faire pipi ce qui était très embêtant, et bien je l'ai battu 2 fois et je lui ai dit que si elle ne voulait pas demander  je l'enverrai chez Monsieur Moulinas ( le médecin ), et là elle serait bien obligé de demander, depuis hier elle demande même trop souvent maintenant, la plupart du temps pour ne faire qu'une petite goutte. 

Enfin il ne faut pas que je me plaigne car elle est bien mignonne à part hier où Lucie qui avais besoin d'aller à Nantes m'avais amené Marie ( notre maman), je t'assure que c'est un petit lutin et les voisins ont été obligé de venir à mon aide les moments où j'étais seule! 

le temps de mettre Monmonde à faire pipi la petite ( marie) remuait la chaise au point d'en tomber par une fois, heureusement que je me suis trouvé là car elle est revenue sur moi avec la chaise. Raymonde voyant sa sœur marcher ne restait nullement tranquille, il y avait à en perdre la tête, la petite ( marie) ne marche pas tout à fait seul mais il ne s'en fait guère et ne veut faire que ça, ils ont dû l'habituer. Ce qu'il y a d'agréable en elle c'est qu'elle ne fait presque plus dans le lit et dans ses culottes. Je te promets que dans des jours comme hier je me suis dit bien des fois que tu es beaucoup mieux au loin car ce n'est pas une vie de malade, et ce serait dommage d'être mal tombé comme sanatorium d'être obligé de revenir. Tonton et tante sont revenus ce matin et ont apporté une belle poupée qui dort et une voiture pour la rouler, tu vois quelle heureuse ils ont fait.

Pour ce qui est du commerce le travail ne manque pas, mais la "fleurette" nous joue des tours, entre autres ce matin ou elle a refusé de monter une charrette de fagots à deux liens dans la cour, on lui a fait mener à la verrerie et tantôt elle vient d'en monter une avec 10 de plus, au trot, enfin ne t'inquiète pas pour ça et nous verrons ce que nous aurons à faire à ce sujet quand tu seras là. Aubinais ne veut pas qu'on lui fasse sa "mouche" *dans le pré à son à son beau-père, combien faudra-t-il lui prendre de la tonne, 11 Fr. c'est-t-il assez, réponds-moi aussitôt car si il me demande combien il doit, cela va être ennuyeux.

je ne sais pas si tu prends assez pour décharger ton bois, l'autre jour nous avions mis la valeur d'une journée à décharger pour Auffray un wagon de 6 tonnes 80, il faut dire que ce n'était pas avantageux car la "mouche" était tellement haute que henri avait envie de refuser à Auffray de monter dessus. Hier nous avions fait une journée de roulage, elle nous avait rapporté 150 Fr. et Bageot avait le matin fait une vente de 135 Fr. là-dessus, il y avait un homme de journée qui avait aidé le matin pour le bois. Je crois que nous n'avons pas à nous plaindre comme travail, mais c'est l'été le charbon naturellement ne marche pas beaucoup, le wagon de bois de la Sarthe est très bon mais beaucoup plus menu comme triques que les autres, ils en ont trouvé quatre de plus qu'on n'a pas compté.

Dans 15 jours samedi je partirai, Joseph m'a envoyé une feuille me donnant droit à une petite réduction sur les chemin de fer. C'est tout ce que je vois à te dire pour aujourd'hui, soignes-toi donc bien et envoie-moi de bonnes nouvelles. 

Maintenant que je suis rassuré avec Monmonde, toutes les nuits je suis avec toi, aussi il me tarde, mon cher amour d'être rendue au 12 juillet. Ta femme qui t'aimes à la folie, une grosse bise sur ta petite bouche.

Cisine.

  • Expression locale :" faire sa mouche" ....dans le contexte il semble bien s'agir de charger sur une charrette une ( grosse) cargaison de foin ( ce serait alors une sorte de litote)


Buzenval 28 juin 1925

Ma Cicine bien aimée

Je me suis levé ce soir un peu plus vite, à 6h ( du soir) ce qui va me permettre de passer cette heure avec toi.

Tout d'abord je veux te demander pardon de la vivacité avec laquelle je t'ai répondu dans ma dernière lettre. La lettre n'a pas été aussitôt postée que je l'ai regrettée. Tu connais je crois mon caractère, je suis trop vif et j'en ai donné encore la preuve. Nous avons pourtant bien assez de sujets d'ennui comme ça dans notre vie présente, pour que nous nous donnions encore des sujets de chagrin. Donc pardonne-moi ma chère Cicine et ne parlons plus de tout cela. C'est cette maudite fièvre qui est à cause de tout cela. Pourtant je crois qu'elle baisse, sauf aujourd'hui et vendredi, mais je crois comme toujours que la digestion y fait pour beaucoup et surtout la constipation. 

Durant les deux jours dont je te parle, je n'ai pas été aux cabinets de la journée et j'ai toujours remarqué que j'avais davantage de température ces jours là. Hier j'avais seulement 38°. Aussi malgré tout et en conservant l'habitude de me coucher l'après-midi, je garde l'espoir de ne plus dépasser 38° quand tu viendras.

maintenant parlons un peu de ce voyage, sais-tu que c'est dans 15 jours aujourd'hui. J'ai su par Joseph que tu partirai le samedi à midi, mais tu ne lui as pas dit combien tu comptais y rester de temps. Tu avais parlé sur une de tes lettres de ne rester qu'un jour. Je ne t'ai rien dit sur le moment mais j'aime autant que tu ne viennes pas si tu viens pour un jour, car ça n'en vaut pas la peine et ce serait de la fatigue inutile. Aussi j'espère que tu seras raisonnable et que tu sauras t'arranger, soit avec Tante Céleste, soit avec Madame Porchet dans le cas où Marie travaillerait.

Je voudrais bien être rendu à cette date, et pourtant ce que ça va passer vite. 

J'ai reçu la visite de Joseph vendredi, il m'a apporté un vieux parapluie, c'est tout ce qu'il me faut. Nous avons parlé tous les deux de ton arrivée. Comme il est assez gentil pour nous en ce moment, j'ai cru bien faire de l'inviter à venir avec Marie pour t'accompagner ici le dimanche matin, et je l'ai également invité à déjeuner. L'après-midi s'il fait beau nous irons sous les arbres qui ne manque pas à Buzenval, s'il fait vilain je resterai à la chambre. Tu me diras si j'ai fait bien fait de les inviter. Mais ça eu l'air de faire plaisir à Joseph, et ma foi ils ne sont pas regardant pour nous rendre service.

Durant ce temps je demanderai la permission de m'absenter au docteur. De cette façon je serai plus complètement avec toi, car en restant ici je n'aurais pu te voir que quelques heures. Je pense que tu ne verras pas d'inconvénient à cela, et en prenant des précautions j'espère ne pas avoir plus de fièvre.

Ce que je trouve drôle, c'est que me voilà rendu à la fin du mois, et je n'ai encore rien reçu d'Henriette ; est-ce que tu n'aurais pas oublié par hasard de lui dire. Dans ce cas là dis-lui bien qu'elle m'envoie les "Veillées des chaumières" à partir du numéro 63, c'est le dernier que tu m'as envoyé.

Je vois avec plaisir que Raymonde ne te donne pas trop de peine, et que maintenant elle demande à faire ses besoins, de cette façon tu n'auras pas à craindre le ramollissement du plâtre. Mais je crains que sa sœur est un vrai diable, et vraiment tu aurais été bien embêté si tu l'avais gardé. Je crois que tonton et tante se sont, comme on dit, déculottés, pour apporter ainsi une poupée et une voiture. Mais tu ne m'as pas dit comment ils m'avaient trouvé ici.

Je crois que fleurette devient de plus en plus rosse, et que nous serons, à la fin, obligé de nous en débarrasser. C'est assez embêtant, car ça fera encore de la perte.

Tu me qu'Aubinais ne veut plus que l'on "fasse sa mouche" dans le pré au père...( illisible) il change souvent d'avis. Mais comme cela revient à peu près au même pour nous tu n'as qu'à lui prendre 11,50 Fr. de la tonne, en lui disant que nos charges reste à peu près identique, et que nous ne pouvons pas aller aussi vite qu'à son hangar. Tout compte fait je crois quand même que ça peut aller, car ça vient de ce que la mouche est haute, car si je me rappelle le premier wagon, qui était de 8 tonnes, henri l'avait déchargé dans sa journée avec le père.




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