mercredi 8 novembre 2023

Navigation à l'estime.


*Navigation à l'estime.

Journal de bord,  juillet 1976.

Navire Daïmio, voilier monocoque du chantier CNSO, quille fixe.

Équipage: Henri, Marie et Luc Dumoulin.








Le premier juillet: le Crouesty, chargement, les magasins sont ouverts, bar des " courants d'air".

-Le 2 : départ pour Port Haliguen, le bateau talonne sur le bout des roches de Bagen Hur en voulant couper....

À pieds de Port Halligan à Quiberon…achats… Il fait chaud.




Le 3 : départ pour Groix. Pas fait le tour de la Teignouse, mais passage entre les cailloux en suivant les voiliers qu'on perdait parfois dans la brume de chaleur. Oublie de faire essence. Relâche à Port-Maria à l'extérieur de la jetée. Cap vers Groix dans la brume.

arrivé dans l'après-midi à Port Tudy. Le vent est au nord, c'est bondé, mouillage sur coffre avec d'autres bateaux, système pratique. Visite du bourg.


Le 4: appareillage pour Douélan : agréable port, mais bien encombré de voiliers qui tournent sur leur corps mort ce qui prend trop de place! Je mouille deux ancres dans le chenal. Dans la nuit le panneau de descente tombe avec fracas et me réveille en sursaut, je saute sur le plancher en disant : « On nous a abordé »…"Mais….personne ne nous a touché ! dit tranquillement Luc"

Je regarde dehors, effectivement rien à signaler. Au matin l’ancre est accrochée dans la chaîne traversière du port, bien des difficultés avec l'aide de l'annexe pour la sortir de l'eau!






–Le 5: départ pour Concarneau, pêche de six petits bars mouchetés en passant entre les îles vertes et Raguedé. Calme plat, puis soudain un grain d'orage violent d'ouest aussitôt après la pointe de Trévignon. Pas le temps de prendre des ris car les "rochers des soldats" sont juste à tribord....en choquant pour éviter une gîte excessive, je remonte tout de même au plus près et m'éloigne  peu à peu dans la pluie drue, mais la mer se forme et commence à déferler. Je m'agrippe à la barre tandis que dans la cabine, Mimi et Luc mangent avec apparemment une certaine tranquillité, moi je crains toujours l'avarie qui nous drosserait sur les roches de la " Jument". enfin Luc découvre le "cochon" dans le grain et il suffira ensuite de se glisser à folle allure au grand largue entre les bouées latérales pour arriver sous la ville close de Concarneau. Le nouveau port est cher : 25 Fr. la nuit, alors que le bruit des travaux nous importune, secousses des bateaux de pêche qui rentrent et sortent trop vite, visite de la ville close, touristique, chaud! 


–Le 6 : repos à Concarneau, achats, visite à Ollicier d'Of.

–Le 7: départ pour Bénodet. On double la vache, le bœuf et le taro...des bouées, on mouille dans l’anse de Penfred au port de plaisance. On aperçoit René avec son " Cornu"  qui arrive et file vers l'amont. On se décroche du " corps mort" pour le rattraper, mais il va plus vite que nous avec son diesel. On ne le rejoint que dans l'anse de Combrit, merveilleuse comme un lac canadien entouré de sapin. Soirée chez René dans sa villa de Combrit.



-Le 8: on remonte l'Odet, merveilleux paysage, mouillage sur encre à Quimper, on part en ville avec l'annexe, promenade, crêperie. Pour la nuit, échouage sur une vase nauséabonde, on est vite parti le matin pour aller à la rencontre de René et de sa famille remontant l'Odet. Retour vers Combrit avec eux, le soir chez René.


-le 10 En route vers Loctudy. Échouage sur la butte de l'île Tudy, recherche en vain de palourdes, razzia de tout par les colos...

-Le 11 : départ pour les Glénans avec René, orage, changement de destination à proximité de l'île Saint-Nicolas, nouvelle destination port Manech, rivière de Pont Aven. Mouillage sur corps mort près d'un bateau de pêche.

-Le 12: nous remontons la rivière de pont Labbé. Fête des brodeuse.

 : Nous repartons seul vers Pont Aven, nous passons la nuit accostés au quai, goûté un Kouingn  amann excellent.


-Le 14: Nous faisons route vers la rivière de Belon, de la houle, une barre, mouillage à Belon, des huîtres à 16 Fr. le kilo au lieu de 10 ailleurs, en compensation : ramassage des huîtres sauvages.

Départ pour Douélan, mouillage plus en amont que la première fois, trop de bateaux entassés.


–Le 15 : trajet Douélan vers Groix, calme plat, moteur, échouage dans l'arrière port pour déboucher la merde ( à cause d'un gant de toilette), difficulté de tenir l'échouage à quai.

-Le 16: repas à Groix, marche à pied, pour la Saint henri, bon repas au restaurant , la nuit amarre trop tendue, un plaisancier nous avertis aimablement en nous réveillant.

-le 17: départ pour Belle-Île, vent arrière, houle, bonne vitesse, en 3h30 nous sommes à Sauzon.


-le 18: Sauzon, location de vélo, promenade à "Le Palais" et à la grotte de l'apothicaire, pêche de palourdes, maman débarque seule dans l'annexe pour la première fois! 

-le 19: Sauzon, repos, pêche, pour la seconde année nous sommes volés dans un café de la place par la même serveuse.

–Le 20 : départ vers Hoedic, vent arrière, escale à Le Palais, essence, vent fort au passage des soeurs Gargues, à toute vitesse sur une mer agitée, clapot, essai d'échouage dans le port d' Hoedic, impossible avec la houle, mouillage en plein milieu, nuit blanche à cause du dérapage de l'encre, vu le coucher du soleil et sont lever …!


–Le 21 : repos à Hoedic, sieste.

–Le 22 : repos encore et visite de la pointe.

–Le 23 : route vers Beg Rohu, vu Chartois, Sinagots, puis vers Crouesty, restaurant à Port-Navalo, sous parasol, moules froides !

Nuit en seconde position, passage des occupants de trois bateaux sur le pont et le roof.

–Le 24 : vu le pêcheur Bonidec pour les corps-mort, visite du village, café courant d'air, vu un "mélody" de chez Jeannot.

–Le 25 : à midi nous entrons dans le golfe du Morbihan, courants violents, tourbillonnant, on est à Creyzic avant d'avoir eu le temps de se repérer, baie de Larmor plage, L'ile aux moines, Irun et son moulin, Aradon, les Logoden, île de Conleau, vu Vannes, tentative d'aller à Séné, échouage, vu des épaves de " sinagots" église massive , vu le village de Cadourne. Demi-tour vers Conleau, pittoresque prise de corps-mort près de la forêt, piscine d'eau de mer.


–Le 26 : descente vers l'île aux moines, bateau des mytiliculteurs avec leurs antennes pour traîner les dragues. Maison rose au bord, chaud à l'île aux moines, touristes, odeur diverses des plantations, la pointe du calvaire, un sentier, picnic dans un café, vieille maison. L'après-midi départ vers l'île d'Arz , mouillage à la pointe de Gravac, peu de touristes, vie rurale traditionnelle, église remarquable entourée de son cimetière, calme, le coiffeur sera là le 2 août, vitesse réglementée... vends fort du nord-est, pour éviter d'échouer retour vers Lille aux moines sur le même corps mort.






–Le 27 : Larmor Baden : attendons la "renverse" au mouillage sur un corps mort dans un courant violent. Nous entrons dans la rivière d'Auray sans trouver le passage vers le Port de Locmariaquer. Nous remontons à la voile vers le Bono. Grand chantier d' ostréiculture , redescente à toutes voiles vers Crouesty, empannage, perte de la casquette, on évite grâce a mimi de passer du mauvais côté d'une balise ! 


–Le 28 : vu le pêcheur Bonidec pour un corps mort à Port-Navalo, rallié difficilement ce port  dans un fort clapot, au moteur. 10 heures on est couchés , 11 heures la quille touche la vase, pas béquillés car Bonidec et un autre pêcheur qui donnait  des glaces à manger à son chien au café, affirmaient que la vase était molle et que la quille s'y enfoncerait.... À 11h15 la gîte est telle que nous décidons d'évacuer  le bateau avec l'annexe, Mimi manque de tomber à l'eau, nous allons dans la voiture attendre que l'eau remonte, je lis Bennet en observant à la jumelle le Daïmio complètement couché sur bâbord! 

Phare de Port-Navalo, étoile filante, maman ronfle un peu, couché sur le siège, et les jambes sur le pare-brise, Lulu dort derrière, à 2h du matin, des phares éclairent un instant le bateau, le courant monte, nous changeons de place l'auto et partons avec nos couvertures, vers l'annexe amarrée à quai, gonflage, embarquement, inquiétude pour la batterie qui pourrait avoir laissé de l'acide couler, et aussi pour les vannes des toilettes restées ouvertes....les WC ont débordés....même dans le sac de toilette...

Réveil à 7h30, demande d'un autre corps-mort au pêcheur, débarquement de matériel et chargement dans la voiture....prêt au départ le 28 juillet !



*Trois feuillets de papier, informes, des notes écrites " à la diable", découvertes dans les précieuses archives conservées à St Herblain, chez Michel, nous font revivre, 47 ans après, un épisode des aventures nautiques de nos parents


Henri DUMOULIN, passeur de mémoire.

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