dimanche 10 décembre 2023

17 juillet 1925. Quatre jours en tête à tête !





Buzenval le 17 juillet 1925

Ma bien chère Célestine

C'est ce matin seulement que je t'écris car ainsi que je te l'ai déjà dit les lettres du matin sont aussi vite rendues que celle du soir.

N'ayant plus de carte, je t'envoie une lettre, je ne vais peut-être pas la remplir, mais tu auras toujours eu de mes nouvelles.

J'espère que tu as fait un bon voyage ; tu étais sans doute un peu fatiguée. As tu été voir la tante Marie en débarquant à Saint-Lazare ? As-tu été bien reçue ? J'espère que pendant ton absence, tout s'est bien passé et que tu as retrouvé Raymonde bien portante. Maintenant je vais parler un peu de moi. Je ne suis pas encore tout à fait satisfait ; j'ai été à la pesée hier et j'ai encore perdu une livre. Naturellement le docteur en a profité pour dire que c'était naturel, après les quatre jours d'absence ; je lui aurais craché à la figure, à ce gros sot. Il est toujours prêt à nous faire des reproches, mais il n'est pas si pressé pour nous donner des soins. Pour la température, je serai un peu plus satisfait. Il ne fallait pas s'attendre le soir où tu es parti à ce que je n'en ai pas beaucoup ; j'avais 38°6 ce qui malgré tout n'était pas extrême après tout ce que j'avais fait... hier soir alors que par la forte chaleur qu'il y avait eu dans l'après-midi, presque tout le monde avait davantage de température, moi je n'en avais que 38°3. Ainsi donc, ma chère Cicine ne désespère  pas encore à mon sujet et ai confiance en Notre-Dame de la Salette! 

Aujourd'hui il fait un temps couvert, moins chaud et par là, nplus supportable, aussi j'espère ce soir n'avoir pas plus de 38°. Hier je suis allé à la ferme, et j'en ai rapporté quatre œufs, j'en ai pris un ce matin. J'ai eu mon premier litre de lait hier soir à 5h ; c'est un peu tard, mais je préfère car il est tout frais tiré, tandis que celui qu'ils apportent à 9 heures est tiré à 5h du matin. J'ai fini d'avaler le premier litre avec mon œuf ce matin. Je ne pense pas que cela influencera beaucoup sur mes repas, hier soir j'ai mangé comme à l'habitude.

Ce matin je suis allé à l'hôtel où nous étions, chercher mon imperméable et mon crachoir que j'avais oublié. J'en ai profité pour prendre un café au lait. En revenant j'ai rencontré le docteur qui partait en auto avec la directrice et aura encore pensé du mal de moi, pourtant c'est le meilleur moment de la journée pour marcher sans trop se fatiguer, surtout que je me suis reposé longuement à l'hôtel. Enfin c'est fini jusqu'à.....demain, car j'attends Joseph sans doute, mais n'ai pas peur, je ne me fatiguerai pas.

J'attends la visite du docteur ce matin, si toutefois il ne m'oublie encore pas. Je vais attendre pour cacheter ma lettre jusqu'à 11h45, pour tâcher de te donner le résultat.

Tu dois voir à ma lettre que je n'ai pas trop le cafard. En partant d'ailleurs tu as bien dû voir que j'ai montré un peu plus de courage. J'espère que toi aussi tu auras été courageuse, ma chère petite femme. Tu vois bien que si je t'avais envoyé une carte j'aurais été obligé d'y mettre des rallonges… Tu vas dire que c'est moi qui bavarde !

Bons baisers de ton petit mari qui regrette que le temps ait passé si vite durant les quatre jours. 

À toi quand même! 

Raymond

PS: 

Le docteur a été plus gentil que son père, et ne m'a pas lancé de bobards. Il m'a dit, ce qui m'a fait plaisir, que cela ne s'était pas aggravé depuis samedi. Le poids ne lui a pas fait plaisir, et je lui ai parlé de mon régime. Il ne faut pas de suralimentation. Le lait est très bien si je puis le supporter. Il faudra par contre faire attention aux œufs.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire