samedi 2 décembre 2023

2 juillet, Fleurette et Grolleau


*un tombereau bascule et peut faire " tomber " ce qu'il contient derrière lui ! 
 Couéron jeudi 2 juillet, 2h30.

Bien cher Raymond


J'ai été  très heureuse, mon petit chéri, de t'avoir fait tant de plaisir en t'envoyant cette photographie, je m'en doutais à l'avance et c'est pour cela que je te l'avais caché. Pour ta santé je crois que jusqu'ici cela n'a guère changé et pourtant ce que je voudrais que cette fameuse température baisse, cela me desserrerais le cœur fameusement. Je ne sais pourtant pas si en réfléchissant il faut bien s'en étonner, la fatigue du voyage, la chaleur et surtout le chagrin de la séparation, car je me suis aperçu par tes lettres que cela t'avait été dur, on dû contribuer beaucoup à l'empêcher de baisser, aussi maintenant que nous voilà à peu près fait à notre misère, Il faut prendre sur toi et patienter ; surtout ne pas attraper froid et être très prudent.

Je ne sais pas si je t'avais dit que Monsieur Desclaux, la dernière fois que j'ai été, m'avait demandé de tes nouvelles, je lui avais dit que la température ne baissait pas : « ah c'est ennuyeux m'a t'il dit, il y a combien de temps qu'il est parti, deux mois?... »

Je lui ai répondu qu'il n'y avait que trois semaines à peine. : « Vous êtes bien exigeante alors de vouloir qu'il n'en ai plus » a-t-il répondu.

Peut-être que jusqu'ici il n'y a pas trop à s'en inquiéter, mais si tout de même cela persistait il faudra en parler sérieusement au docteur du sana. Il doit y avoir si longtemps aussi que tu en fais de la température que cela doit être bien plus difficile à la faire baisser et cela encore de la faute au père Grolleau, oh, tu sais j'en ai gros envers lui, et puis encore ils font les fâchés bien ouvertement, qui c'est qui devrait être le plus fâché, eux ou non ? Encore si on ne l'avait pas changé, il aurait laissé la maladie faire son travail sans chercher les moyens de l'arrêter, aussi je lui en garde des remerciements ! ( sic)

Aujourd'hui j'ai la petite Marie, elle est mignonne, mais bien un lutin, toute l'allure d'un enfant gâtée, il y aura du fil à retordre avec elle, avec Raymonde aussi car on la gâte un peu malgré tout, quoi que nous corrigions, entre autres ce matin, car elle a prit l'habitude de frapper sur nous, surtout sur Madame Porchet qui est pourtant toujours à ses deux genoux! Voilà ce que j'ai décidé si elles sont si capricieuses, c'est que si l'année prochaine j'ai le bonheur de te revoir près de moi, je les mettrai demi-pensionnaires et nous aurons la paix dans la journée, je crois que ce sera pour nous un repos bien mérité. Enfin d'ici ce temps vivont sur l'espérance, que je voudrais mon dieu être une année plus vieille! 

Pour Fleurette nous allons donc nous décider à la revendre, je le regrette un peu pourtant, mais si elle a mauvais caractère nous aurons des histoires. C'est mercredi la foire, Babin prétend qu'elle vaux son argent, je n'ai cependant pas envie de téléphoner à Leroux avant la foire car si on n'en trouve pas assez cher, nous la ramènerons. Qu'en dis-tu ? Aujourd'hui Mercier et Bageot ont été chercher des fagots à deux liens au pèlerin. L'eau était basse, deux fois dans la calle elle s'est arrêté, Bageot la prise, et deux fois elle s'est jetée à plein collier dedans, il y a des jours où elle est bonne et d'autres où on ne peut rien en faire ; sur le sable elle ne veut pas tirer un tombereau, le sable est mal placé aussi paraît-il, aujourd'hui elle est à faire des parpaings pour André, je ne sais pas si elle va être décidée? 


Hier henri a été au Buron chercher du bois à Bordères, il devait y en avoir pour une demi-journée, pour en finir il est revenu à 3h30 et n'avait pas emporté d'avoine, mais il n'a jamais pu la faire tourner pour aller mettre la charrette dans la petite rue de la Coop, ils ont été obligé de mettre le cheval à Branger dans les brancards pour emmener la charrette et elle s'en est revenue, car même en mettant  le cheval à Branger avec des traits, elle ne voulait rien savoir. C'est ennuyeux quand même! 

Aubinais a trouvé que c'était cher pour ses wagons et pourtant pour le dernier qui était de 5,5 tonnes  nous avons fait cinq tours avec un homme de journée, 63 Fr. n'était pas de trop. Si nous lui prenions à l'heure ( je compte 8 francs de l'heure quand je fournis un homme de journée ) on s'en tirerait peut-être aussi bien.

Qu'est-ce qu'il faut lui répondre à ce marchandart là. Je trouve que c'est un drôle de commerçants, Auffray ne dis rien pour le prix! 


Hier j'ai fait mon inventaire, je vais te donner le compte rendu ainsi que tu vas le voir, je n'ai pas un seul sac de charbon de bois au magasin. J'ai écrit à Monsieur Rouaud qui m'a répondu que lui non plus n'en avait pas en ce moment, les charbonnier ne pouvant travailler par cette grande chaleur ; peut-être nous en enverra-il les premiers jours de la semaine prochaine!


Nous avions de rentré à la fin du mois, en fagots à deux liens, ceux de la Sarthe et 170 du pèlerin, je considère qu'il y en a là bien 170 de parti ; nous en avons rentré je crois 180 autres ce matin, nous prendrons de préférence cela, car pour 15 Fr. de plus la marchandise est plus belle. 

Pour le foin, j'ai compté cela à peu près car le nouveau est rentré et celui du "mulon" aussi, il fait beaucoup de perte ce vieux ( foin), les chevaux n'en veulent pas, surtout une charrette  qui est très mauvaise dit Bageot. Il vaut cette année 85 Fr. le mille paraît-il. Nous avons aussi rentré cette semaine un wagon de gayette, elle est très belle, j'ai vu Denaud hier, il dit que si tu veux on renchérira la gayette de 0,50, mais je trouve que la braisette mériterait bien d'être augmentée aussi, on ne gagne pas énormément. Bageot a été aussi chercher du coke mardi. 

C'est tout ce que je vois à te dire. Je n'ai pas encore été porter mon argent à Monsieur Imbert, j'irai ces jours-ci, car je ne suis pas très riche et je ne voudrais pas reprendre dans la réserve. Comme d'ici quelques jours cela va rentrer j'irai lui porter comme il avait dit qu'il fallait pas que je me dérange, je trouve que cela est bien égal.

C'est les intérêts à tonton qui vont peut-être me déranger ; je ne leur ai pas demandé, ils ont été bien peu de temps là, je ne suis pas hardi, il faudrait pourtant bien.

Allons, je te quitte mon petit lapin, avec l'espoir de recevoir de bonnes nouvelles de toi demain ou samedi ; une petite baisse de la température, veille bien à ton estomac et puis à ne pas être constipé. 

Bons baisers de ta femme qui pense jour et nuit à toi, je te serre sur mon cœur follement !

Célestine


Pardonne le style car je suis souvent dérangé, je ne sais trop comment je t'ai expliqué tout cela…



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