jeudi 28 décembre 2023

22 juillet 1925




 Buzenval 22 juillet 1925

Ma chère petite femme

J'ai reçu ta lettre hier tantôt, j'ai vu avec plaisir que tu avais été assez raisonnable de ne pas t'inquiéter au sujet de mon poids. Raymonde est à peu près rétablie, tant mieux, je crois qu'elle est toujours aussi gaie avec tout le monde, j'aime beaucoup mieux avoir des enfants comme ça que d'en avoir qui ne disent rien du tout et qui sont renfermés. J'espère que la petite Marie est aussi à peu près rétablie. Je crois en effet que pour toi le retour n'a pas ( illisible) et que les ennuis n'ont pas manqué à ton arrivée. 

Tu en as eu de la peine pour trouver du foin, encore pas bon marché. C'est égal, Barré n'a pas agi en homme franc, et je crois que si j'avais été là, je lui aurais sûrement flanqué au nez ; il avait peut-être peur que tu n'ai pas d'argent pour le payer.

C'est encore heureux que tonton Martin a bien voulu te céder le siens pour t'arranger ; il faut croire tout de même qu'il n'est pas trop fâché avec nous. Je connais le pré des lauriers, et je crois en effet que le foin doit être bon, et puis il a un sérieux avantage sur les autres prés, c'est qu'il n'est pas loin et n'a pas de mauvais chemin, par conséquent moins de chances de renverser. 

Maintenant je serais d'avis que vous ne vous pressiez pas trop à les  rentrer de manière que ce qu'il reste le moins possible de vieux foin, vous avez encore un mois d'été de ici la charge des prés.

Pour cette histoire de marché, je trouve cela un peu drôle, je me souviens très bien que lorsque Monsieur Dagobert est venu fin avril, il devait nous rester à prendre sur le marché d'hiver de 120 à 130 tonnes, mais je me souviens très bien aussi que j'ai dit à Monsieur Dagobert : « si vous voulez nous allons transformer ses 120 ou 130 tonnes en un nouveau marché 250 tonnes jusqu'à fin juillet. Mais jamais il n'avait été question de prendre d'abord l'ancien marché. J'aurais d'ailleurs été dans l'impossibilité de prendre 270 tonnes dans si peu de temps. Quand je traiterai de nouveau en octobre, je m'arrangerai pour que ça ne se renouvelle pas. Alors si je t'ai bien comprise, nous commençons seulement le marché de 150 tonnes. Dans ce cas ces 150 tonnes nous conduiront jusqu'à mon retour.

Maintenant puisqu'au Blangy, les boulets sont plus chers, tu pourrais peut-être traiter de la gayette ; si Monsieur David voulait, comme il y a de grandes chances pour que cela augmente, tu pourrais traiter jusqu'à fin décembre 40 tonnes.

Nous n'avons pas de chance pour commencer avec Sultane, enfin lorsqu'il n'y a pas de complications, cela ne dure pas longtemps. Cela va encore te faire des frais.

Tant qu'à moi ça ne va pas mal, nous n'avons que des orages depuis plusieurs jours, aussi il fait une chaleur étouffante. Hier je n'ai pas trop souffert car je n'avais que 38°2.

je prends toujours mon lait, je n'ai plus deux. Mais j'irai en chercher demain. J'ai peut-être été un peu gêné au début, mais maintenant je mange autant comme avant. Monsieur Blondeau est revenu des samedis parme nous , ça n'a pas été grand-chose. Rien de plus pour aujourd'hui ma chérie

Ton mari qui lui aussi te couvre de gros baisers. À toi toujours Raymond.

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